Time's Journey Through a Room

Toshiki Okada

Japon
Théâtre
coproduction
13oct>15oct
billet
jeudi 13 octobre 2016 / 20:00 / 1h15
vendredi 14 octobre 2016 / 20:30 / 1h15
samedi 15 octobre 2016 / 20:30 / 1h15

"C’est rare d’éprouver au théâtre une telle présence du temps et de la mort, et de ce qu’ils entraînent : douceur et douleur, entre hier et aujourd’hui. Demain sera un autre jour." 
LE MONDE, Brigitte Salino

Quand le spectacle commence, elle nous demande de fermer les yeux, quelques instants. Une façon de faire le noir, un rite de passage vers l’autre monde. Et une façon de mieux les rouvrir, comme sous hypnose. « Elle », c’est l’une des trois interprètes de ce trio amoureux brinquebalant, réuni dans un décor domestique faussement rassurant. Une scénographie à l’unisson de la situation imaginée par Okada : entre passé effacé et futur hors d’atteinte, un homme est visité – on dira est hanté – par deux femmes. L’une est le spectre de son grand amour, perdu peu après la catastrophe ; l’autre pourrait être un amour à venir, si seulement... Mais dans Time’s Journey les êtres sont rétifs aux sentiments, les corps hésitent à se mouvoir. Alors, chaque parole prononcée a le tranchant d’une lame, chaque geste esquissé dans une chorégraphie minimaliste semble pouvoir provoquer un cataclysme. Et tandis que la tension monte, on traverse ce spectacle comme une tempête en puissance. 

Voici trois ans que Toshiki Okada a présenté à Garonne Ground and Floor, exploration saisissante de la société japonaise de l’après-Fukushima : la série de catastrophes avait alors terrassé les consciences, mais laissait sourdre l’espoir d’un changement dans la très hiératique société japonaise. Time’s Journey fait le constat qu’il n’en est rien. Et que là-bas, comme dans le salon d’Okada, les fantômes n’ont pas fini de tancer les vivants.

"Les corps, les mots, la langue, le son, tout participe à faire naître un climat dense et fragile où le souvenir intensément prégnant doit finir par laisser place à l’avenir – tout comme l’obscurité laisse pénétrer de petites et radieuses étincelles de lumière au rythme lent d’un pouls variable. 
Inextricablement liés, le temps d’avant et le temps d’après réunis dans un même espace temporel fonctionne comme un appel à la douceur, à la beauté, à la consolation, à la rédemption."
Christophe Candoni. sceneweb.fr

"L'environnement sonore de Tsuyoshi Hisakado est aussi essentiel que sa scénographie, il est composé en partie de sons aléatoires, émanant des objets ou non. Un oeil européen qualifierait le décor de "minimaliste" alors qu'il est le résultat d'une minutieuse recherche d'équilibre et non d'une simplification : au fond, la grande fenêtre est garnie de voiles frémissant à certains moments ; d'autres objets s'allumeront ou émettront des sons, des grésillements sporadiques; deux fleurs dans un vase ne sont pas là par hasard à côté du verre d'eau intact sur cette table banale..." RUEduTHÉÂTRE.eu

At the beginning of the show, she asks us to close our eyes a moment. A way to fade to black, a rite of passage into the other world. And a way to better open them, as if hypnotised. “She” is one of the three performers in this teetering love triangle, brought together in a falsely reassuring domestic setting. The scenery is a harmonious echo to the situation imagined by Okada: caught between an erased past and an unreachable future, one man receives the visit of – one could say he is being haunted by – two women. One is the ghost of his great love, lost shortly after the disaster; the other could be a future love, if only… But in Time’s Journey, the characters are reluctant to embrace feelings, the bodies hesitate to move. So each word spoken is as keen as a blade, each slightest gesture in a minimalist choreography appears to be able to cause a cataclysm. And while the tension rises, the audience goes through the show as through a growing storm. Three years ago, Toshiki Okada presented Ground and Floor at the Theatre Garonne, a striking exploration of the post-Fukushima Japanese society: the series of disasters had then overwhelmed the minds, but left room for the hope that change might come to the very hieratic Japanese society. Time’s Journey notes that nothing came of it. And that over there, just like in Okada’s living room, ghosts have not yet finished reprimanding the living.

en japonais, surtitré en français

dramaturgie, mise en scène Toshiki Okada, chelfitsch
musique et scénographie Tsuyoshi Hisakado
avec Izumi Aoyagi, Mari Ando, Yo Yoshida
directeur son Norimasa Ushikawa
directeur technique Koro Suzuki
création lumières Tomomi Ohira
production chelfitsch
production Akane Nakamura, Tamiko Ouki (precog)
coordination de production Chizuru Matsumoto
coproduction Kyoto Experiment / ROHM Theatre Kyoto, Kunstenfestivaldesarts, Festival d’Automne à Paris, Künstlerhaus Mousonturm Frankfurt, FFT Düsseldorf, La Bâtie – Festival de Genève, HAU Hebbel am Ufer, SPRING Performing Arts Festival Utrecht, théâtre Garonne – scène européenne,Toulouse

avec le soutien de the Agency for Cultural Affairs Government of Japan in the fiscal 2016
en collaboration avec Nishi-Sugamo Arts Factory, Suitengu Pit, Kyoto Art Center Artist in Studio Program
sous-titrage soutenu par l’ONDA
créé en mars 2016, au KYOTO EXPERIMENT

avec le soutien du Conseil Départemental

un projet House on Fire avec le soutien du programme Culture de l’Union Européenne

  • de 9 à 24€

  • ven 14.10 > rencontre à l'issue de la représentation avec Toshiki Okada.

Toshiki Okada, né en 1973 à Yokohama, est auteur dramatique et metteur en scène. En 1997, il fonde la compagnie de théâtre chelfitsch, dont il a écrit et mis en scène toutes les productions, en appliquant une méthodologie distincte que l’on reconnaît à son langage très familier et ses chorégraphies très particulières. En 2005, le spectacle Five Days in March remporte le prestigieux 49e prix Kishida Kunio. En février 2007, il fait ses débuts littéraires avec le recueil de nouvelles The End of the Special Time We Were Allowed pour lequel il s’est vu attribuer le prix KenzaburōÖe. La compagnie a fait ses débuts internationaux au printemps 2007, invitée pour la première fois au Kunstenfestival à Bruxelles. En 2011, Hot Pepper, Air Conditioner, and the Farewell Speech a obtenu le prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre pour l’ensemble de sa saison 2010-2011. On lui a récemment demandé de mettre en scène ses oeuvres dans un théâtre de répertoire au Munich Kammerspiele, l’un des théâtres les plus en vue en Allemagne, pour trois saisons à partir de 2016.

Il a présenté au théâtre Garonne : Hot Pepper en 2011 et Ground and floor  en 2013