Das Weisse vom Ei

A rebours de Labiche qui disait de son théâtre  : "une pièce est une bête à mille pattes qui doit toujours être en route. Si elle ralentit, le public baille ; si elle s’arrête, il siffle", Christoph Marthaler règle son pas sur celui du metteur en scène  Klaus Michaël Grüber : "La règle pour de telles pièces : ralentir ou accélérer. Ne pas entrer dans la psychologie des profondeurs. Avec ce principe tout devient lumineux". Ce temps éternel dans La Poudre aux yeux, pièce en deux actes, c’est celui de la bourgeoisie, française du côté Malingear, allemande du côté Ratinois. Deux familles qui parlent des langues qui ne se comprennent pas mais s’entendent sur l’essentiel : le pognon. Car la fille des uns aime le fils des autres et réciproquement d’où dot, d’où enchères à la clé : faire monter leurs valeurs respectives pour gagner au change, jusqu’à l’effondrement. Quiproquos hilarants, conformisme effroyable, contresens, stupeur et musiques impayables… Cuisiné par Marthaler, le vaudeville dévoile le même principe de composition que l’île flottante : promesse et déception. Le nuage d’apparence savoureuse se révèle, dès la première bouchée, aussi inconsistant que de l’air sucré.  Ce dessert européen traditionnel, Labiche le connaissait : son père avait fait fortune dans la fabrication de sirop.