4

Rodrigo García

Théâtre
un spectacle présenté avec l'Usine, Centre national des arts de la rue (Tournefeuille / Toulouse Métropole)
8jan>16jan
billet
vendredi 8 janvier 2016 / 20:30 / 1h30
samedi 9 janvier 2016 / 20:30 / 1h30
mercredi 13 janvier 2016 / 20:00 / 1h30
jeudi 14 janvier 2016 / 20:00 / 1h30
vendredi 15 janvier 2016 / 20:30 / 1h30
samedi 16 janvier 2016 / 20:30 / 1h30

"Le 4 ne signifie rien de plus que le nombre d’acteurs sur la scène dans cette pièce.
1 Nuria. 2 Juan. 3 Gonzalo. 4 Juan.
Avec eux, il est possible que nous fassions un voyage d’aventures, des aventures incroyables pour le cerveau, la vue, l’odorat, le goût, l’utérus et les testicules." 
Rodrigo García 

C’est ainsi que Rodrigo García, mi-taquin, mi-sérieux, décrit sa prochaine pièce, qui sera créée en novembre prochain à HumainTropHumain, le théâtre qu’il dirige à Montpellier. Ou plutôt c’est ainsi qu’il ne la décrit pas, puisque les spectacles de García se forgent sur le plateau, dans l’énergie de l’instant présent, et avec l’élan de ses ébouriffants interprètes. Pour autant, ces "aventures incroyables" sont un emprunt à l’architecte, urbaniste et philosophe Rem Koolhas, qui définit ainsi le plaisir que procurent nos villes modernes saturées de junkspaces ("lieux poubelles") – espaces éventrés par des escalators, no-man's land urbains, terrains littéralement "vagues" en tous genres – que 4 envisage d’investiguer : quoi de plus naturel après tout pour ce chantre du désarroi contemporain, qui sait faire de tous nos travers quotidiens les enluminures d’une œuvre qu’on croirait placée sous les auspices d’un Genet qui disait : "fouillez l’ordure, vous trouverez mon secret". 

"Il semblerait que pour chaque artiste le processus de création ait ses règles propres ; certains en héritent, d’autres les inventent. En ce qui me concerne, les règles sont si claires que les décrire me semble anecdotique et n’aurait de toute façon peu ou pas d’intérêt pour le lecteur.  Comment décrire quelque chose d’aussi naturel que respirer ?
Reconnaissons que ce qui est substantiel habite ce qui est sous-jacent, et que dans une oeuvre ce qui est précieux se trouve à demi enfoui. 
Pour ceux qui cherchent un thème, nos pièces sont idéales : comme nous ne nous y arrêtons jamais, la recherche du thème appartient au spectateur, ce sera son passe-temps, devoir déchiffrer ce qui dans la pièce lui semble familier ou évocateur. 
L’histoire c’est autre chose : nous mettons toute notre énergie dans l’histoire. Wim Wenders a dit que la simple mise en relation de deux images suffisait à faire surgir une histoire sous nos yeux. 
Dans 4, l’histoire parle d’une accumulation de grelots, de têtes de coyote, de mouvements dans des habits pleins de savon, de tourne-disques qui jouent la 4ème symphonie de Beethoven, de coqs qui prennent leurs aises, de petites filles de neuf ans, d’un peu de littérature, de vers attrapés par des plantes carnivores, d’un samouraï, de tennis contre un tableau de Courbet, de dessins animés, de réflexions sur le doggy style, de lumières de stades de foot et de drones qui apportent à la ville des rêveries sous forme de musique de cloches." Rodrigo García, septembre 2015

This is how Rodrigo Garcia, half-teasing, half-serious, describes his next play, which will be created next Novembre at HumainTropHumain, the theatre he runs in Montpellier. Or rather, this is how he doesn’t describe his play, since Garcia’s shows truly take form on stage, in the energy of the present, and with the impetuses of his astounding performers. Additionally, these « incredible adventures » are borrowed from architect, town-planner and philosopher Rem Koolhas, who defines in this way the pleasure produced by our modern cities saturated with junkspaces - spaces distorted by escalators, urban no-man’s lands, all kinds of land literally wasted - that 4 proposes to investigate: after all, what is more natural for this contemporary apologist, who knows how to turn our daily flaws into illuminations that seem placed under the auspices of Genet who said « rummage through the rubbish, you will find my secret. »

spectacle en espagnol surtitré en français 
texte, espace scénique, mise en scène Rodrigo García
avec Gonzalo Cunill, Núria Lloansi, Juan Loriente, Juan Navarro 
vidéo Ramon Diago, Daniel Romero
son Daniel Romero, Serge Monségu
scénographie lumières Sylvie Mélis
assistant à la mise en scène John Romão 
costume Marie Delphin 
production déléguée Humain trop humain - CDN Montpellier 
coproduction Théâtre Nanterre-Amandiers CDN, Festival d’automne à Paris, La Maison de la Culture d’Amiens - Centre européen de création et de production, Théâtre de Liège, Bonlieu scène nationale d'Annecy
Remerciement à la savonnerie Fer à cheval - Marseille

  • tarifs de 12 à 27€ (supplément 3€)

Rodrigo García est né en 1964 à Buenos Aires. De 1986 à 2013, il vit et travaille à Madrid. II est auteur, scénographe et metteur en scène ; en 1989, il crée la compagnie La Carniceria Teatro qui a réalisé de nombreuses mises en scène expérimentales, en recherchant un langage personnel, éloigné du théâtre traditionnel. Ses références sont inclassables, elles traversent les siècles sans se soucier de la chronologie : on pense pêle-mêle à Quevedo - poète du Siècle d’or espagnol - à Beckett, Céline, Thomas Bernhard mais aussi à Buñuel ou encore à Goya de la période noire. D’ailleurs, il refuse de s’enfermer dans un théâtre « écrit uniquement pour des spécialistes, et qui fonctionne par codes et par dogmes ». Son écriture s'inspire du quotidien, de la rue où il a grandi, « dans cette banlieue populaire de Buenos Aires au milieu de copains destinés à devenir ouvriers ou maçons ». Il rêve d’un théâtre où « n'importe qui puisse pousser la porte » sans hésiter sur le seuil. Son écriture est un prolongement du réel dont il s'inspire fortement ; sa force réside dans la dimension poétique qu’il lui confère. Ses personnages peuvent débiter des horreurs, parler en argot - la langue de Cervantès est en ce sens peut-être plus inventive et plus crue que le français - García évite la caricature facile et se garde de tout naturalisme. Ses personnages se complaisent dans une déliquescence de la pensée, s’arrangent comme ils le peuvent pour exister et font semblant de croire que leur banale existence est des plus originales. Depuis janvier 2014, Rodrigo García est directeur du Centre Dramatique National Languedoc-Roussillon Montpellier. Il est l’auteur de nombreuses pièces dont il assure le plus souvent la mise en scène. 

Quelques repères :
After Sun (2000, présenté au TNT en 2002), Fallait rester chez vous, têtes de nœud (2002), J’ai acheté une pelle chez Ikea pour creuser ma tombe, L’Histoire de Ronald, le clown de chez McDonald’s (2002), Jardineria humana (2003, présenté au TNT en 2004), Accidens. Tuer pour manger (2005), Et balancez mes cendres sur Mickey (2006 au TNB) Cruda. Vuelta. Al punto. Chamuscada. (Bleue, saignante, à point, carbonisée) et Approche de l’idée de méfiance (festival d’Avignon 2007), Versus (2008, présenté à Garonne en 2009), Mort et réincarnation en cow-boy (2009, présenté à Garonne en 2011), C’est comme ça et me faites pas chier (2010, présenté à Garonne en 2011), Golgota picnic (2011, présenté à Garonne en 2011), Daisy (2013)