© Samuel Rubio

Nous sommes repus mais pas repentis

Déjeuner chez Wittgenstein Thomas Bernhard / Séverine Chavrier

Théâtre
9jan>12jan
[présenté avec le Théâtre Sorano]
billet
mercredi 9 janvier 2019 / 19:30 / 2h55 (avec entracte)
jeudi 10 janvier 2019 / 19:30 / 2h55 (avec entracte)
vendredi 11 janvier 2019 / 19:30 / 2h55 (avec entracte)
samedi 12 janvier 2019 / 19:30 / 2h55 (avec entracte)

"Il ne s'agit pas de recoller les morceaux mais bien de les briser encore avec application, de remettre ses pas dans les anciens, dans un éternel retour du même car aucune catharsis n’est possible dans le cercle clos de la famille, dans cet entresoi fatal." Séverine Chavrier

On oublie parfois que Thomas Bernhard est un auteur aussi comique que méchant. La mise en scène de Séverine Chavrier, également interprète, fait souffler sur le plateau un air vivifiant qui le fait valser avec fracas, sans demi-mesure. Elle est d’autant plus fidèle à Bernhard qu’elle le met en mouvement, sans le réécrire ou l’adapter. Trahir, c’est aimer. Au début, deux silhouettes allongées dans une chambre d’enfant, chuchotent dans la pénombre, entourées d’une forêt immense, comme dans un conte. Elles sont soeurs et viennent de libérer leur frère de l’asile. Mauvais plan. L’intellectuel gâté, materné et maltraité, se venge dans des crises spectaculaires, casse et embrasse à la fois ses victimes et bourreaux. Dans un fouillis indescriptible de porcelaine et de vinyls piétinés, le trio infernal se livre à une guerre fratricide, saccage et moque la vieille Europe, ses valeurs, sa culture, son théâtre, ses vestiges pathétiques. Schubert ou Mozart font face aux dissonances du piano préparé. Savez-vous qu’il y a plus de nazis en Autriche aujourd’hui qu’en 1933 ? Le passé est un fantôme qui revient sans cesse, empoisonne, et la colère est intacte. Parfois, ils s’échappent au-dehors, dans des paysages filmés avec douceur. Alors, la noirceur des névroses familiales s’apaise dans une fraternelle mélancolie. L’essentiel pour Thomas Bernhard, c’était les acteurs et eux sont magnifiques.

De Thomas Bernhard

mise en scène Séverine Chavrier
interprètes Marie Bos, Séverine Chavrier, Laurent Papot, et la participation d’élèves du Conservatoire
scénographie Benjamin Hautin
dramaturgie Benjamin Chavrier
lumière Patrick Riou
son Frédéric Morier
vidéo Jérôme Vernez
assistanat mise en scène Maëlle Dequiedt
assistanat scénographie Louise Sari
regard extérieur Marie Fortuit
construction du décor Atelier du Théâtre de Vidy
Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard (traduction de Michel Nebenzahl) est publié chez L’Arche Editeur, agent théâtral du texte représenté.
reprise de production CDN Orléans - Centre-Val de Loire
production Théâtre de Vidy-Lausanne La Sérénade Interrompue
coproduction Odéon Théâtre de l’Europe, CDN Besançon Franche-Comté
avec le soutien de la SPEDIDAM Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture Haute Ecole de Musique et Conservatoire de Lausanne 

 

  • de 10 à 25 €

  • 1er acte 1H35
    Entracte 20 minutes
    2e acte 1H05

Directrice du CDN Orléans/Centre-Val de Loire depuis 2017, Séverine Chavrier est musicienne et metteuse en scène. Sortie du Conservatoire de Musique de Genève, elle conçoit ses spectacles à partir de toutes sortes de matières : le corps de ses interprètes, le son du piano préparé, les vidéos et la parole inspirée par les auteurs qu’elle affectionne, notamment William Faulkner dont elle a adapté Les Palmiers sauvages.

Rencontre avec Laurent Papot, comédien, jeudi 10 janvier à 16h au lycée Fermat, réservée aux étudiants (Khâgne & Hypokhâgne théâtre).