Pierre-Yves Macé – Compositeur associé

Le théâtre Garonne invite Pierre-Yves Macé pour deux saisons, grâce au dispositif « compositeur associé » de la Sacem et du ministère de la Culture : le compositeur, qui a souvent arpenté les recoins du Garonne avec Sylvain Creuzevault, Joris Lacoste, Emmanuelle Huynh, L’Instant donné et d’autres artistes proches du théâtre, vient cette fois… pour rester.

© Camille Tauveron

Empêchée, retardée, comme l’ont été nombre d’activités humaines dans les mois qui viennent de s’écouler, l’invitation du compositeur Pierre-Yves Macé à « habiter » le théâtre Garonne dans le temps long (deux ans : un temps aussi long que peut l’être une crise sanitaire, mais qui donne étrangement plus envie), prend enfin la forme d’une aventure substantielle, et offre le petit frisson que procure — de façon pourtant si prévisible — le saut dans l’inconnu.



Cette invitation à Pierre-Yves Macé dans un théâtre dont on aime se dire qu’il est une « maison », résonne comme une volonté de faire de cette idée d’hospitalité une valeur cardinale, un nord magnétique de la relation qui lie le théâtre au public comme aux artistes. Un horizon.



C’est un vaste territoire artistique sur lequel porte cette invitation à Pierre-Yves Macé, doublé d’un autre territoire, géographique et toulousain celui-là, à innerver : création de musique de concert (une pièce pour l’ensemble Dedalus prévue la saison prochaine), pour la danse (The Game of Life de Liz Santoro) ou le théâtre (Suite no 4 de Joris Lacoste et L’Encyclopédie de la parole), l’opéra (Lady Fenice sur un livret de Pierre Senges mis en scène par Sandrine Anglade), des formes installatives (tournage de vidéos pour Five Dolly Shots, cinq petites pièces pour le quatuor Sonneurs d’Erwan Keravec ; Ear to Ear, pièce électroacoustique sur The Waste Land célèbre poème de T. S. Eliot), à des propositions de programmation musicale, pas seulement au Garonne, mais en complicité aussi avec des structures comme le GMEA (Centre national de création musicale d'Albi-Tarn) ou le théâtre Le Vent des Signes, mais aussi des structures pédagogiques et artistiques comme l’isdaT ou l’école Music’Halle qui se passionnent également pour l’exploration musicale.



Une invitation à rester, c’est aussi rompre avec la fameuse « solitude du compositeur », l’accompagner, discuter, se donner le temps de regarder les choses dans le détail. Celui de déplier les processus de création, comme une carte routière, pour en connaître ses topographies secrètes ; celui, comme les peintres, de procéder par études, par des esquisses qui préparent le regard sur l’oeuvre à naître, et viendront structurer ce temps long par la présentation de petites formes, à l’occasion notamment de sorties de résidence ouvertes au public.



Il s’agira aussi de sortir chacun (le compositeur, le public, le théâtre) de ses zones de confort, d’ouvrir portes et fenêtres et de faire sourdre la musique hors des murs, de la frotter un peu au réel, et de poser sans faux-semblants la question du rapport qu’entretient la création musicale contemporaine avec le public (et inversement), écheveau éculé d’une relation difficile, où il sera (forcément ?) question de verticalité et d’horizontalité, de haute culture et de bas instincts.