23 > 26 novembre 2022

En attendant Godot

Footsbarn
Travelling
Theatre

de Samuel Beckett​

En attendant Godot

Samuel Beckett
Footsbarn Travelling Theatre

Un arbre, deux hommes, chapeaux melon et vêtements usés, puis une corde. Ils attendent Godot. Péripéties réduites à leur minimum, une chaussure qui ne s’enlève pas. Le temps s’écoule, la lune se lève, puis le soleil, les feuilles poussent et tombent, des hommes passent, toujours les mêmes. Savoir si on est au bon endroit, s’il faut continuer à attendre, si Godot viendra. Les mots meublent, questions sans réponses et phrases inachevées. Humour dérisoire et conflits sans nerfs. Insignifiant ? Bien au contraire. Le langage, libéré du dire, devient son propre événement pour toucher, par sa nudité, à l’impénétrable — au « petit halètement d’un condamné à vivre », écrit Beckett dans L’Innommable. Paddy Hayter et Vincent Gracieux ont attendu longtemps avant d’aller vers cette pièce à laquelle le théâtre Garonne les avait invités tandis qu’ils montaient leurs tonitruants Shakespeare, baroques en diable. Ils délaissent ici leur chapiteau pour la rectitude du plateau de théâtre, no man’s land évoquant une fin possible. Mais le Footsbarn reste ce qu’il est, et face à l’abîme, il trouve dans les mots le rythme, la poésie et la force humaine : « C’est dans le néant de cette attente que surgissent l’invention, le jeu et les désirs. »

Théâtre
23 > 26 Novembre
mer 23 nov / 20:00jeu 24 nov / 20:00ven 25 nov / 20:30sam 26 nov / 20:30

durée 2 h environ
création Garonne / coproduction
Royaume-Uni
tarifs généraux de 12 à 20€ / tarifs adhérents de 5 à 15€
Un projet tant attendu

Le Footsbarn a longtemps attendu pour créer En attendant Godot…

Une invitation de la part du théâtre Garonne à produire cette pièce flottait dans l'air depuis bellelurette.
Par les saisons, le projet a mûri en nous, la pièce résonne de plus en plus avec le contexte actuel et le moment est venu de plonger dans l'univers de Godot.
Sous jacent à l'œuvre, l'atmosphère post-apocalyptique évoque une vision d’une possible fin du monde.
Nous attendons, tout le long de notre vie nous attendons - mais quoi ?
Une vie meilleure toujours à l'horizon, le grand amour, la fin d'une pandémie, un travail, la retraite, la mort.
Et c'est dans le néant de cette attente que surgit l'invention, le jeu et les désirs.
C'est cette capacité de ne jamais perdre l'espoir, de continuer de vivre à travers tous les obstacles et difficultés qui fait la grandeur de l'humain.
Ce qui nous élève par-dessus tout, c'est l'humour. Cette capacité de prendre du recul sur sa vie, sa situation, et d'en rire.
Et l'humour, certes noir, est omniprésent dans l'œuvre de Beckett.
Fort de leur expérience de la juxtaposition du comique et du tragique dans les créations successives de Shakespeare, le Footsbarn se sent prêt à donner vie aux personnages extraordinaires que sont Estragon et Vladimir, Pozzo et Lucky.

Fredericka Hayter, janvier 2022

En attendant GodotEntretien

EN ATTENDANT GODOT, NOUVELLE CRÉATION DU FOOTSBARN

Depuis 1991, le théâtre Garonne a accueilli six spectacles du Footsbarn Travelling Theatre. Avec la création d’En attendant Godot (première en France), Paddy Hayter et Vincent Gracieux explorent une esthétique nouvelle. Ils délaissent leur chapiteau pour le plateau, et se tiennent, avec Philippe Dormoy (Pozzo) et A. de Broca (Lucky), en poètes goguenards, debout face au néant d’où surgit l’obstination d’un avenir à réinventer.

Jacky Ohayon, directeur du théâtre Garonne. 
« Il n’est pas compliqué de travailler avec le Footsbarn et son théâtre qui roule, au propre comme au figuré ! Nous avons déjà eu l’occasion de présenter ses spectacles ou d’accompagner ses créations, sous chapiteau ou en salle. À Garonne, nous n’envisageons pas la relation avec les artistes selon une logique programmatique, mais en faisant en sorte que le théâtre corresponde à un parcours et à des relations très fortes. Évidente, facile, la relation avec le Footsbarn est nourrie de moments partagés, d’une part d’histoire commune. Paddy et Vincent sont à la fois des tragédiens et des comiques. Beckett a traversé en pensée beaucoup de leurs œuvres, et ils l’abordent avec un relâchement désormais plus en prise, plus direct dans la direction d’acteurs. Cette nouvelle rencontre donne vie à une idée ancienne, longtemps attendue, au moment où cette tribu devient moins tribale et organise le passage de relais. »

Paddy Hayter, directeur artistique du Footsbarn Travelling Theatre, interprète de Vladimir.
« À 15 ans, j’étais régisseur stagiaire dans un théâtre et le premier spectacle sur lequel j’ai travaillé, c’était En attendant Godot. J’ai goûté cette pièce tôt dans ma vie et elle m’a fasciné. C’était avant que j’aie envie de devenir acteur, et je me souviens depuis toujours d’Estragon assis, enlevant ses bottes et disant « rien à faire », quand arrive Vladimir, qui rétorque : « J’ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable, tu n’as pas encore tout essayé ». Je crois qu’il faut attendre pour monter ce grand poème sur l’humanité et la difficulté de vivre. Il y trois ans, j’ai eu une crise cardiaque : j’ai mis du temps avant de pouvoir jouer à nouveau. Mais voilà ce moment qui arrive. Alors que je me retire du Footsbarn, je veux redire que l’homme ne doit pas baisser les bras, même si vivre est difficile. Il va falloir que ça rigole, que ça pleure, et la mise en scène vient pendant les répétitions, pour débusquer ce qui est caché dans la pièce et que n’indiquent pas les didascalies. Il y aura de la musique, grâce à Katarzyna Klebba, violoniste virtuose qui travaille avec nous depuis vingt ans. En élève de Lecoq, je pense que l’acteur doit être disponible au jeu et entrer en scène comme si c’était la première fois : on arrive sur le plateau attiré par l’événement. Et si l’on est bien engagé dans le jeu, l’histoire sera bien racontée. »

Vincent Gracieux, interprète d’Estragon.
« Roger Blin, l’Odéon, Godot : c’est mon premier choc théâtral ! Jamais je n’avais vu de théâtre comme ça avant ! Pour moi, cette pièce est une des moins pessimistes de Beckett. C’est une ode à la vie qui, malgré tout, s’obstine. La pièce s’inspire beaucoup de la grande époque du muet et nous voulons retrouver cette ambiance. Il ne s’agit pas de la jouer désespéré : on survit, on survit ! Exactement comme le Footsbarn, qui continue avec une nouvelle direction artistique. Il faut que les jeunes arrivent pour que le groupe se renouvelle. Nous sommes dans une période de transition. Nous continuons à organiser des stages, mais nous n’avons plus la même force qu’il y a dix ans. Ce Godot marque une étape. »

Catherine Robert, La Terrasse, 23 octobre 2022, n°304

Note d'intention

Vladimir :
Pourquoi sommes-nous ici, telle est la question?
Et nous avons la chance de connaître la réponse.
Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire.
Nous attendons la venue de Godot

On plonge dans l’océan de Beckett et on attend ...
C’est fascinant, il faut laisser les mots nous amener, sentir le rythme qui est toujours là, toujours changeant ; le silences des respirations, les indications d’espace, d’action nous guident dans l’imaginaire ;
C’est infini...
Pour nous c’est essentiel et déjà notre destin, celui de créer un spectacle avec ce poème sur la force humaine ; de ne jamais arrêter, ni baisser les bras, ni prendre la corde et la mettre autour du cou. On attend... et hop ça reprend !
Increvable...

Paddy Hayter, janvier 2022

Letter from Samuel Beckett to Michel Polac, January 1952

Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je pourrais les connaître un peu mais c'est très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent peut-être une explication. Ça, ils se débrouilleront sans moi. Eux et moi, c'est fini.

I do not have ideas on the theatre. I do not know anything about it. That is admissible. What is undoubtedly less so is first, in these conditions, to write a play, and then, having done so, not to have any ideas on it either. This is unfortunately my case. It is not possible for everyone to be able to move from the world that opens under the page to the one of profits and losses, and back, imperturbable, as between the Turbine and the Café du Commerce.

I do not know more about this piece than anybody who reads it carefully. I do not know in what state of mind I wrote it. I do not know more about the characters than what they say, what they do and what happens to them. From their appearance I had to indicate the little that I could glimpse – the bowler hats for example. I do not know who Godot is. I do not even know, especially if he exists. And I do not know if they believe in him or not, the two who are waiting for him.

The other two who pass near the end of each of the two acts, that must be to break the monotony. I have shown all that I could know. That’s not much but it’s sufficient for me generally. I would even say that I’d be content with less.

As for wanting to find in all this a wider and higher meaning, to take away after the show, with the program and the choc-ices, I am unable to see the interest. But it must be possible.

Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, their time and their space, I could know them a little but that’s very far from the need to understand. They owe you an explanation maybe. That, they’ll manage without me. They and I, we’re finished.

Histoire du Footsbarn Travelling Theatre

Le Footsbarn est un festival de théâtre en soi, un mélange merveilleux et éclectique de styles et d'influences, de nationalités et de cultures, le tout emporté par l'énergie torrentielle du Théâtre, du théâtre pur." Fintan O'Toole, Irish Times

Le Footsbarn Travelling Theatre voit le jour en Cornouailles en 1971, lorsqu'un groupe de jeunes artistes commence à répéter dans la grange (the barn en anglais) de Trewen, une ferme située près du village de Trewidland. L'un des membres fondateurs s’appelle Oliver Foot, et la grange appartient à sa famille. Le nom de "Foots barn" est ainsi choisi par la compagnie, devenant ensuite son nom officiel Footsbarn, nom qui lui est resté depuis.
Au cours de ses premières années d'existence, le Footsbarn se rend dans des régions reculées de Cornouailles et du Royaume-Uni en voyageant à l'arrière de camions. La compagnie se produit sur les places des villages devant tous ceux qui veulent bien les regarder, et fait ensuite circuler un chapeau. Les premières représentations ont lieu dans des salles locales, des prisons, sur des parkings et sur la plage. Les artistes mettent en scène des légendes des Cornouailles et des marionnettes géantes portant des noms de cette région. Oliver portant un chapeau haut de forme et, à l'aide d'un mégaphone, lance une invitation à toute la ville pour venir voir la seule girafe qui nage. D'autres artistes rejoignent la troupe et la réputation du Footsbarn grandit en portant un projet de théâtre novateur, innovant et très original. En 1984, la compagnie quitte la Grande-Bretagne pour faire découvrir son style au public international. En s’équipant d’une tente, elle devient une véritable compagnie de théâtre itinérante, constamment en mouvement, avec une réputation de théâtre riche, immersif et éclectique. Sa notoriété ne cesse de croître. Elle voyage aussi loin que l'Inde, la Nouvelle-Zélande et l'Amérique du Sud jusqu’en 1991. Date à laquelle, la troupe s’installe dans le Centre de la France et achète un corps de ferme à l'abandon, La Chaussée. Restaurée et entièrement équipée, elle est depuis 30 ans, la base du Footsbarn, fournissant à la compagnie un lieu où remiser ses chapiteaux, véhicules et caravanes, ainsi qu'un centre de production entièrement équipé avec des ateliers, un espace de répétition, un bureau et des studios.
À la Chaussée, Le Footsbarn organise régulièrement des ateliers animés par des acteurs de la compagnie et d'autres professionnels du théâtre. Ils proposent également des résidences, des spectacles, des concerts et des événements communautaires. La compagnie y répète et y produit ses propres spectacles. Chaque été, un festival Footsbarn en Fête! se déroule à La Chaussée, pendant lequel d'autres compagnies, musiciens et artistes sont invités à présenter leur travail.

Paddy HayterPortrait

Paddy Hayter, comédien, metteur en scène, musicien, chanteur
Paddy Hayter débute sa carrière en 1968. Sa rencontre avec Jean-Paul Cook, fondateur du Footsbarn est déterminante. Sur ses conseils, il se forme à Paris en suivant les cours de l’ÉcoleJacques Lecoq. Il joue dans des spectacles de rue, rencontre de nombreux artistes comme Christophe Marthaler et Peter Shuman du Bread & Puppet Theatre à Berlin. Il rejoint le Foostbarn en 1973 et suit toutes les tournées internationales de la compagnie dans les plus grands festivals et les plus petits villages.
En 1992, il accepte d’en devenir le directeur artistique. Il a organisé et programmé toutes les célébrations d'anniversaire de la compagnie.
Dans les années 2000, il collabore avec le théâtre du Globe. Il met en scène Hamlet pour laCompagnie du Théâtre de la Jeune Lune présenté à Minneapolis aux États-Unis et Hommage Vagabond écrit par Pol Huello et produit par la Passerelle, Scène Nationale de Saint Brieux.

Vincent GracieuxPortrait

Vincent Gracieux, comédien, metteur en scène
Élève de Jacques Lecoq et cofondateur du Théâtre de la Jeune Lune, Vincent Gracieux a expérimenté, en trente ans de carrière, tous les métiers du spectacle vivant. : de comédien à éclairagiste, d'écrivain à monteur de chapiteau, de décorateur à régisseur son. Le théâtre est pour lui un art total et physique. En 1978, il fonde le Théâtre de la Jeune Lune, avec Dominique Serrand et Barbara Berlovitz,deux autres élèves de l'école Jacques Lecoq. Ils créent ensemble A Midsummer Night's Dream qui obtient immédiatement un vif succès. Ils sont rejoints par Robert Rosen et Steven Epp décident de donner à la Jeune Lune la forme que cette compagnie gardera jusqu'à la fin : celle d'une direction artistique partagée entre ses cinq membres. Au début des années 90, ils s'installent aux Éats-Unis où leurs créations -Yang Zen Froggs in Moon Over a Hong Kong Sweatshop et Romeo and Juliet rencontrent beaucoup de succès. S'ensuivrant une trentaines de créationsprésentées dans le lieux qu'ils ont investi à Mineapolis. En 2001, c'est la rencontre avec leFootsbarn. Il est immédiatement séduit par leur mode de vie et la particularité de leur travail.Depuis lors il collabore artistiquement avec Fredericka et Paddy Hayter. Une collaboration richequi permet de donner naissance aux spectacles : L'homme qui rit d'après Victor Hugo, A Midsummer Night's Dream d 'après William Shakespeare et A Shakespeare Party, cabaret Shakespearien.

Sadie JemmettPortrait

Sadie Jemmett, musicienne, compositrice, metteuse en scène, directrice artistique du FoostbarnTravelling Theatre
Sadie Jemmett est une interprète internationale acclamée par la critique et vivant en France. Elle a plus de 25 ans d'expérience dans le domaine du théâtre, à la fois en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Elle collabore avec Irina Brook depuis 15 ans en tant que compositrice et directrice musicale sur de nombreux projets présentés dans des théâtres du monde entier, notamment le Théâtre national de Chaillot, La Mama Experimental Theatre à New York et le Barbican à Londres. Sadie a travaillé avec The Rose Theatre Co (Royaume-Uni) pour lequel elle a écrit et dirigé de nombreux projets, tout en composant et en jouant pour ses propres créations. Elle a collaboré avec Dan Jemmett comme compositrice et directrice musicale sur deux de ses projets : clytemnestr@pocalypse créé au Théâtre National de Nice et The Collected Works of Billy the Kid créé au Théâtre des Bouffes de Nord. Sadie a également sorti trois albums salués par la critique : The Blacksmith's Girl, London Love Songs et Phoenix.

Fredericka HayterPortrait

Fredericka Hayter, scénographe, création de marionnettes
Après une formation de sculpture sur bois, et forte de son expérience de création de décors dans l'événementiel au Royaume-Uni, l'artiste Fredericka Hayter rejoint la compagnie en 1982. Au cours de nombreux voyages, elle enrichit sa technique de fabrication de masques notamment en Italie et à Bali. Douée pour tout ce qu'elle crée, elle réalise également des marionnettes et accessoires pour le Footsbarn jusqu'à ce jour. Très sensible aux riches possibilités dynamiques de mouvement scénique sous le chapiteau, elle conçoit la scénographie des spectacles. Talentueuse et très à l'écoute, elle a collaboré avec de nombreux artistes : Olivier Perrier, Philippe Avron, Les Colporteurs, la Compagnie du Théâtre de la Jeune Lune et La Volière - ThéâtreDromesko. Elle travaille dans une relation de confiance et de proximité avec les metteurs en scène, les comédiens et les costumières.

En attendant GodotGénérique

avec
Estragon Vincent Gracieux
Vladimir Paddy Hayter
Pozzo Philippe Dormoy
Lucky A.de Broca
musique Katarzyna Klebba
mise en scène collective pilotée par Paddy Hayter, Vincent Gracieux
décors et accessoire, masques Fredericka Hayter
costumes Hanna Sjödin
création lumière Jean Grison
régie lumière Jules Harrap

coproduction théâtre Garonne – scène européenne, Toulouse, Footsbarn Theatre, théâtre du Bois de l‘Aune, Aix en Provence, Le Pot au Noir, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le département de l'Allier

création le 23 novembre au théâtre Garonne – scène européenne, Toulouse