17 mai > 11 juin

IN EXTREMIS 2022

Hospitalités

Dossier du festival
ÉDITO

« C'est seulement parce que je peux parler avec les autres que je peux également parler avec moi-même, c'est-à-dire penser. » Hannah Arendt, Cahier XXV

L’art comme une forme d’hospitalité. Ou encore : les différentes formes d’hospitalité que l’art peut offrir, comme autant de chemins ouverts à l’inconnu, à la différence, à l’étrangeté, à l’Autre.
À ce qu’on n’attend pas.

L’hospitalité, au coeur de tout théâtre – accueillir artistes, techniciens, spectateurs, leur ouvrir nos portes, leur offrir une maison, fût-elle éphémère. Mais aussi : faire d’un espace public – bout de trottoir, librairie ou supermarché – un lieu qui « fait » théâtre, et mettre les gens dans des situations qui les engagent au-delà de leur assignation à rester simples « spectateurs ».
Sur ces prémices s’est construite la programmation d’un festival In Extremis initialement imaginée et conçue en complicité avec Itzik Giuli, directeur artistique associé, dont l’édition 2021 s’est effectivement déroulée au printemps passé, dans une version largement réinventée, adaptée aux restrictions que nous connaissions alors.
Pour l’édition 2022, nous avons envisagé une version plus conforme au projet originel, en réinvitant certains des artistes déprogrammés (Mohamed El Khatib, Sylvain Creuzevault, Lenio Kaklea, Simone Aughterlony, Yasmeen Godder, Ballets confidentiels) ou en invitant d’autres pour l’occasion (Adrien Degioanni, Kristoff K.Roll & l’ensemble Dedalus, Gabriela Carneiro da Cunha ou Grace Tjang / Ellen Barkey).
Pour autant, il va de soi que les circonstances actuelles jettent sur cette édition à venir une couleur inattendue (« qu’on n’attendait pas »). Ignorants de ce que l’avenir nous réserve, mais conscients de ce que le passé nous permet, nous ne pouvons que rappeler à quel point ce festival – bien involontairement, mais sûrement pas par hasard – a pour vocation à rester attentif à ce que la tradition de l’hospitalité et la puissance de l’art peuvent aujourd’hui.
L'hospitalité inconditionnelle est un code éthique qui nous interpelle, à la fois en tant que société et en tant qu'individus. Elle nous invite à garder à l'esprit ce qui fonde de tout temps notre humanité, même si son exercice entre ponctuellement en conflit avec la loi des États et leurs considérations partisanes.
À la lumière des changements radicaux auxquels nous sommes confrontés, In Extremis / Hospitalités voudrait remettre en lumière les portes familières dont nous avions perdu peut-être la mémoire, dont les artistes peuvent nous aider à retrouver la trace, et qu’il nous appartient d’ouvrir de nouveau.

«Your door is always open, and your path is free to walk. »
Nick Cave & Debbie Harry, Free to Walk

 

dim 15/05 à 14:30 rencontre dans le cadre du festival L'histoire à venir, animée par Emmanuel Laurentin : Des lieux d'hospitalité avec Hilary Sanders, Mathieu Grenet, Anna Lisa Lendaro, Annelise Rodrigo. Au théâtre Garonne.

dim 15/05 à 16:00 rencontre avec l'équipe artistique du festival In Extremis / Hospitalités. Au théâtre Garonne.

CALENDRIER

17 mai
Kristoff K.Roll / Ensemble Dedalus – Grande suite À l’Ombre des Ondes
Musique
France

19 mai > 11 juin
600 Highway Men – A Thousand Ways (Part Two): An Encounter
Installation participative
États-Unis

19 >21 mai
Mohamed El Khatib / Valérie Mréjen – Gardien Party
Théâtre
France

20 & 21 mai
Simone Aughterlony – Remaining Strangers
Théâtre / Danse
Nouvelle-Zélande / Suisse

24 > 28 mai
Itzik Giuli – Teach Me (To Be) French
Installation participative
Israël / France

26 & 27 mai
Lenio Kaklea – Ballad
Danse / Théâtre
France / Grèce

26 & 27 mai
Lenio Kaklea – Out of place
Installation participative
France / Grèce

27 > 29 mai
Silence encombrant – Kumulus
Théâtre gestuel & sonore
France

2 > 4 juin
Ballets confidentiels – The Art of Calling
Parcours / Performance
France / Belgique

31 mai > 11 juin
Adrien Degioanni – Hypnagonaute, Cabinet d’écoute
Installation sonore
France / Belgique

3 & 4 juin
Grace Tjang (Ellen Barkey) / Needcompany – Malam / Night
Installation performative
Belgique

3 & 4 juin
Gabriela Carneiro da Cunha – Altamira 2042
Théâtre / Performance
Brésil

7 > 9 juin
Sylvain Creuzevault – Banquet Capital
Théâtre
France

10 & 11 juin
Yasmeen Godder – Practicing Empathy #3
Danse / Théâtre
Israël

Grande suite à l’ombre des ondes

Kristoff K.Roll
Ensemble Dedalus

« Cette mer de sommeil qui se trouve au fond de toute nature humaine monte pendant la nuit : lorsqu'on s'assoupit, cela signifie seulement que la mer commence à recouvrir une plage d'où elle se retirera pendant la veille. »

Walter Benjamin, Rêves

Depuis 2007, le duo Kristoff K.Roll constitue une bibliothèque sonore de récits de rêves. Des improvisations électroacoustiques s’enroulent autour de ces récits, sous forme d’écoute au casque audio dans l’espace public.
Un temps fort a été réalisé dans la jungle de Calais en 2016, qui a donné lieu à des représentations lors du Festival d’Automne à Paris en 2017. Puis France Musique a proposé au duo de composer des miniatures instrumentales pour Création mondiale à partir de certains récits de rêve. De cette dernière aventure est née l’idée de proposer à l’ensemble Dedalus de mettre en vibration "La bibliothèque de récits de rêves du monde" pour créer ensemble une forme concertante : partitions, textes et modèles électroacoustiques à imiter par l’ensemble. C’est cette création mixte qui constitue Grande suite À l'Ombre des Ondes.

 

mar 17/05 à 19:00 rencontre avec Didier Aschour & le duo Kristoff K.Roll, animée par Sarah Authesserre (Radio Radio 106.8), autour de Grande suite À l'Ombre des ondes. Hall du théâtre.

Musique
17 Mai
mar 17 mai / 20:00
présenté avec le Gmea <br> Centre national de Création Musicale d'Albi –Tarn

durée 1h
Création / Coproduction
16 / 12 € (adhérent.es / réduit)
Grande suite à l’ombre des ondesHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

"Tendre son micro, c’est accueillir avec la plus grande bienveillance et délicatesse la parole de l’autre, et au-delà : l’autre lui-même."

 

KRISTOFF K.ROLL

Dès les premières compositions et performances du duo Kristoff K.Roll, nous avons intégré des sons de l’environnement, et des voix enregistrées de gens rencontrés proches de chez nous ou plus loin.
La parole enregistrée est un des axes, une des couleurs de notre écriture sonore.

La partition instrumentale de la Grande suite À l’Ombre des ondes s’est écrite avec et autour de récits de rêves racontés par les rêveurs et rêveuses eux-mêmes.
Tendre son micro, c’est accueillir avec la plus grande bienveillance et délicatesse la parole de l’autre, et au-delà : l’autre lui-même.

Dans un autre projet récent, World is a blues, les morceaux se sont écrits suite à des rencontres avec des refugié·es, dans la jungle de Calais ou ailleurs. Ces blues sont les traces de ces moments - courts ou prolongés sur plusieurs années d’ouverture, d’accueil, de mains tendues et de micros ouverts fraternels vers ces refugié·es, là où ils vivent à présent.
Par leurs voix projetées à travers des haut-parleurs, tous ces gens sont accueillis et présents avec nous sur le plateau.
Avec notre bibliothèque de récits de rêves du monde nous convoquons la communauté invisible des rêveurs et rêveuses du monde.
Cette communauté est sans frontières. Nous rêvons tous·tes.

Nous sommes allés dans la jungle de Calais, au Caire, à Zagreb, à Turin, à Frutillar, à Oslo, à Athènes, à Amsterdam, … nous partons bientôt en Irak, pour y enregistrer des rêves.
Lors des performances d’À l’Ombre des Ondes, nous convoquons cette communauté, elle rayonne dans notre écriture sonore et le public l’accueille avec enchantement.
Dans la Grande Suite À l’Ombre des Ondes, nous sommes les passeurs et passeuses de cette communauté voguant entre la Palestine, l’Albanie, l’Italie, la Grèce, la France, la Hollande.

Bienvenue aux langues et aux imaginaires des rêveurs et rêveuses du monde !

 

DIDIER ACHOUR / DEDALUS / GMEA

Rares sont les lieux pluridisciplinaires qui accordent une place aux musiques expérimentales. De tête, je les compte sur les doigts d’une main. La scène nationale d’Orléans, celle de Vandoeuvre-Lès-Nancy et le théâtre Garonne. Le Garonne a une longue histoire et une grande fidélité avec ces musiques et je suis particulièrement heureux de pouvoir contribuer à en écrire une nouvelle page avec le GMEA - Centre National de Création Musicale d’Albi et l’Ensemble Dedalus qui ont trouvé dans ce théâtre une écoute hospitalière.
Tout d’abord, il faudrait définir ce qu’on entend par musiques expérimentales. Si l’expérimentation n’est pas l’apanage des musiques qui se nomment ainsi, reste que ces musiques revendiquent le processus expérimental comme un but et non comme un moyen. Les artistes se donnent pour objectif d’inventer pour inventer, de chercher pour chercher, et tentent de toujours suivre cette utopie, non pas tant de se renouveler, mais d’engager des actions, de mettre en place des dispositifs qui doivent permettre de découvrir des formes musicales inconnues. De questionner ce qu’est la musique et par cela d’en étendre la définition ou d’en repousser les limites. À l’inverse de ce que l’on pourrait penser de prime abord, cette recherche permanente ne se fait pas en circuit fermé pour et par une élite de spécialistes ou un cercle fermé de pratiquants. C’est une invitation à partager la découverte avec un public qui se trouve embarqué dans l’aventure. Pas comme un produit fini élaboré dans un laboratoire, et ensuite délivré au moment du concert, mais comme dans tout art vivant, un objet qui se concrétise, se matérialise dans l’ici et maintenant de la représentation. Cette place de l’art expérimental n’existe on le sait que dans l’écoute (ou le regard) de ceux et celles qui la reçoivent, qui en font l’expérience.

Grande suite à l’ombre des ondesBIOGRAPHIES

 

Kristoff K.Roll est un duo d’art sonore né en 1990 à Paris au sein des «arènes du vinyle», septet de platines tourne-disques. Ensemble et séparément, le duo glisse de l’acousmatique à l’improvisation et au théâtre sonore en passant par l’art radiophonique, l’installation, la performance. Sur de longues durées ils tissent un temps mêlant l’écrit et l’improvisé.
Carole Rieussec et Jean-Kristoff Camps sont parmi les pionniers de l’explosion du studio de composition électroacoustique sur scène. Le studio et ses logiques sont devenus instruments de jeu improvisé live, alors qu’ils étaient jusque-là cachés du public. Ce « déplacement » a donné naissance à une grande effervescence sonore en France mais aussi en Europe. Les tables de jeu rassemblent machines électroniques, microphones, instruments « classiques » et divers objets de la vie quotidienne. Ces objets font référence aux cabines de prises de sons où les sonorités se créent à partir de matériaux les plus divers.
Attiré par toutes ces « choses » productrices de son, de sens et de magie potentielle, le duo a pour catalyseur d’expérimentation poétique la voix enregistrée. Ces voix placent la société au cœur de la dramaturgie. L’esthétique de Kristoff K.Roll est celle de l’opaque et de la créolité. “ C’est entre les langues que nous rêvons et créons d’un même élan”. Kristoff K.Roll explore inlassablement le sonore sous toutes ses latitudes.
Par ailleurs, Carole Rieussec et Jean- Kristoff Camps développent des esthétiques individuelles qui croisent et font résonance à celle du duo. Le duo est également membre du comité de rédaction de « revue & corrigée » ; animateur.e radio sur Radio libertaire à Paris et sur Radio Pays d’Hérault ; co-fondateur du festival international sonorités, réalisateur de la net rubrique audio wi watt’heure, dédiée au genre, et à l’expérimentation artistique.

 

 

Fondé en 1996 par Didier Aschour, DEDALUS est un ensemble de musique contemporaine basé à Montpellier et associé au GMEA, Centre National de Création Musicale d’Albi-Tarn. Son répertoire est consacré aux partitions à instrumentation libre issues de la musique contemporaine expérimentale nordaméricaine et européenne des années 60 à nos jours. Dedalus s’organise en collectif dans lequel les arrangements, orchestrations et interprétations sont élaborés en commun.
Longtemps, l’ensemble a été l’unique et ardent diffuseur en France du minimalisme américain des années 60/70 en proposant des interprétations d’œuvres de compositeurs comme Christian Wolff, Phill Niblock, Frederic Rzewski, Tom Johnson... Depuis 2011, Dedalus a engagé une série de commandes à une nouvelle génération de compositeurs qui reprend à son compte l’héritage d’une musique écrite expérimentale, et à des artistes issus de l’improvisation ou de la musique électro-acoustique (Catherine Lamb, Jean-Luc Guionnet...).
L’ensemble se produit en Europe et aux États-Unis, notamment aux Instants Chavirés, à Roulette (NYC), au Café Oto (Londres) et dans des festivals comme Sonorités (Montpellier), Musique Action (Vandoeuvre-lès-Nancy), Angelica (Bologne), Elektricity (Reims), Sacrum Profanum (Cracovie). Les enregistrements de Dedalus sont édités sur les labels New World Record (US), Potlatch (FR) et Brocoli (FR).
Dedalus est soutenu par la DRAC Occitanie, le Conseil Régional Occitanie, la SACEM et la SPEDIDAM. L’ensemble a également reçu les soutiens de l’Institut Français, des Fonds Diaphonique, FACE, Impuls Neue Musik et Occitanie en Scène.

 

 

Le GMEA - Centre National de Création Musicale d’Albi-Tarn a été fondé en 1981. Il fait partie avec les huit autres centres du réseau des CNCM labellisés par le Ministère de la Culture. Acteur majeur de la création musicale en Occitanie, le GMEA développe son activité par le biais de commandes, de l’accueil en résidence de musiciens·nes, de production d’oeuvres nouvelles et de recherche. Il s’emploie à partager ces oeuvres auprès de tous les publics par des actions de diffusion, de médiation et de transmission. Ouvert à toutes les pratiques expérimentales sonores de notre temps, le GMEA suscite et accompagne l’émergence de nouvelles formes musicales.

A Thousand Ways (part two) an encounter

600 Highwaymen [États-Unis]

Après A Thousand Ways : Part One, performance téléphonique proposée l’an passé, où deux personnes se découvraient à distance, cette deuxième partie propose cette fois une expérience « en présentiel », dans une loge du théâtre et sans public.

Vous êtes assis face à une autre personne, à la même table, séparé par une vitre, un jeu de cartes à portée de main. Entre vous deux, un nouveau type de théâtre s’invente.
À une époque où nos coexistences et interactions, déjà sous contraintes, sont d’autant plus fracturées et mises à mal par la communication virtuelle, A Thousand Ways : Part Two vous offre une chance d’envisager sous un nouveau jour ce que vous croyez savoir de quelqu'un – y compris vous-même. Cette expérience exploratoire est le deuxième volet d’un triptyque qui interroge les limites entre étrangeté et familiarité, distance et proximité.
Tout ce qu’il nous faut est déjà là, entre toi et moi, pile au milieu.

installation participative, première en France
19 Mai > 11 Juin
jeu 19 mai / 18:30ven 20 mai / 18:30sam 21 mai / 16:00sam 21 mai / 18:30jeu 26 mai / 18:30ven 27 mai / 18:30sam 28 mai / 16:00sam 28 mai / 18:30jeu 2 juin / 18:30ven 3 juin / 18:30sam 4 juin / 16:00sam 4 juin / 18:30jeu 9 juin / 18:30ven 10 juin / 18:30sam 11 juin / 16:00sam 11 juin / 18:30

durée 1 h environ
tarif unique 6 € / sur réservation (jauge limitée)
A Thousand Ways (part two) an encounterHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

"Sans ce Vous, le public présent, cette pièce n'existe pas."

 

Pour nous, l'idée d'hospitalité consiste à laisser entrer quelqu'un. Avec A Thousand Ways (Part Two), nous espérons avoir créé un spectacle qui n'existe pas sans cette hospitalité, sans demander à quelqu'un de venir et l'inviter à entrer. Sans ce Vous, le public présent, cette pièce n'existe pas. Avec A Thousand Ways (Part Two), vous et un autre membre du public serez invités à revenir dans le théâtre. Vous vous assiérez à une table en face l'un de l'autre et, guidés par une pile de fiches, vous créerez ensemble cette expérience. Votre volonté d'accepter cette invitation et votre dépendance à l'égard de votre partenaire pour faire de même seront au cœur de la performance. Nous espérons que vous viendrez.

 

Quelques témoignages de spectateur·trices sur A Thousand Ways (Part one) (États-Unis)

 

"A Thousand Ways était comme une combinaison entre une séance de spiritisme et un rendez-vous aveugle et un souvenir et une rencontre avec votre meilleur ami avant même de le connaître. Quel cadeau que de se voir offrir ce temps loin du chaos du monde, de construire un nouveau petit monde dans l'espace entre votre téléphone et un étranger, en marchant sur l'équilibre délicat entre l'espace et l'intime, entre l'universel et l'ultra-spécifique. Je suis si reconnaissante de l'avoir vécu dans une semaine où tout semblait perdu, c'était un rappel que nous prenons toujours soin les uns des autres, finalement, de tant de façons. "

"Jamais auparavant je ne me suis sentie aussi intimement liée à une personne, juste par le son de sa voix."

"C'était intelligent et innovant tout en étant profondément réfléchi et personnel. À une époque où nous sommes déconnectés et isolés, le sentiment de connexion était profond."

"J'ai été vraiment impacté par le voyage émotionnel que j'ai effectué. C'est également l'une des expériences de théâtre "virtuel" les plus agréables que j'aie vécues, qui n'imite pas le théâtre, mais constitue une forme entièrement nouvelle en soi. C'est un spectacle auquel j'assisterais plusieurs fois."

"Ce spectacle a été un exercice d'espoir à une époque où je n'en ai pas beaucoup. Il a adouci mon amour pour l'humanité que je pensais avoir aigri."

"C'était une expérience introspective, intime, unique et qui a eu un impact émotionnel pour moi. Pendant cette heure, je me suis sentie un peu moins seule."

"Mon cœur est plein. C'est l'art dont nous avons besoin en ce moment."

"C'était de la poésie pure, de la synchronicité et de la magie. Cela a rétabli ma foi dans le pouvoir et la beauté du monde des images. Cela m'est resté en mémoire pendant des jours et reste l'événement théâtral le plus puissant que j'ai vécu depuis le refuge."

 

A Thousand Ways (part two) an encounterBIOGRAPHIE

 

Depuis 2009, 600 HIGHWAYMEN (Abigail Browde et Michael Silverstone) créent des œuvres d'art en live qui, par le biais d'une variété d'approches radicales, mettent en lumière le caractère poignant inhérent au rassemblement des gens. Leur travail se situe à l'intersection du théâtre, de la danse, de la performance contemporaine et de la rencontre civique.

600 HIGHWAYMEN a été qualifié de "porte-étendard du théâtre contemporain" par Le Monde et de "l'une des meilleures compagnies de théâtre non traditionnel de New York" par The New Yorker. Ils ont reçu un Obie Award, le prix ZKB de Suisse, deux nominations aux Bessie Awards et, en 2016, ont été nommés artistes boursiers par la New York Foundation for the Arts.

A Thousand Ways (part two) an encounterPresse

 

Article d'Annabelle Martella dans Libération, 18 mai 2021 sur A Thousand Ways (Part I )

Festival In Extremis : allô maman robot

Le théâtre Garonne propose une rencontre téléphonique avec un inconnu. Une expérience, émouvante, rythmée par les questions d’une voix artificielle.

Il y a un inconnu au bout du fil à qui vous racontez vos secrets. Vous ne savez pas comment cela a bien pu arriver. Vous ne connaissez ni son prénom ni sa profession. Lui non plus. Ce genre de choses pouvait se produire il y a un an et demi. Quand les bars étaient ouverts, quand vous sortiez la nuit, quand vous dansiez, quand vous buviez. Ce soir comme tous les soirs depuis six mois, tout est fermé. Vous participez à une performance participative de 600 Highwaymen, une compagnie new-yorkaise, organisée dans le cadre d’In Extremis /Hospitalités, un festival du théâtre Garonne qui propose cette année, ne sachant pas il y a plusieurs semaines si le gouvernement autoriserait les théâtres à rouvrir en mai, des formes théâtrales à vivre en distanciel, allant de la pièce radiophonique à un étonnant audioguide à écouter au supermarché.

Ce jeudi, donc, il est 21 heures, le soleil se couche, vous êtes au téléphone, isolée dans votre chambre. Ce soir, vous allez réellement rencontrer quelqu’un sans jamais le voir. Son visage se dessinera dans la texture de sa voix, au gré de ses hésitations, de ses intonations, dans sa manière de reprendre sa respiration. Vous n’êtes pas seule avec lui. Entre vous, il y a cette voix robotique qui dirige votre conversation. Elle vous appelle «A» et lui «B». Elle demande : «Pourquoi n’avez-vous pas de tatouage ? Êtes-vous déjà allée en Floride ? Comment êtes-vous assise ? Avez-vous déjà touché un revolver ? Savez-vous dresser un chien ? Priez-vous ?» Elle vous mitraille de questions, passant sans transition d’une interrogation anodine à une autre qui, mine de rien, se révèle intime.

Ensemble dans un monde parallèle

Les barrières tombent entre vous et l’étranger, en douceur, sans fracas, sans forcer. Ce n’est pas le grand déballage des drames familiaux, des traumatismes personnels, des blessures purulentes et autres événements morbides. Ce n’est pas non plus une mise en scène superficielle de l’autre comme sur les réseaux sociaux, où on se met à fantasmer sur quelqu’un qu’on ne connaît pas en lisant ses remarques éclairées sur Twitter ou en assistant au récit imagé de sa vie sur Instagram. C’est un rare spectacle de pudeur. D’empathie aussi. Une vraie rencontre avec l’altérité.

Guidée par les ordres de la voix robotique, vous vous racontez différemment, avec humilité et étonnement, en explorant avec précision un détail de votre quotidien qui apparaît soudain comme le moins banal du monde. Quand c’est au tour de «B» d’évoquer ses habitudes, ses ancêtres ou de décrire sa maison, vous vous délectez de le trouver si différent de vous. Vous l’écoutez parler de son enfance, amener à se souvenir, lui, de la plus vieille photo le représentant, celle où il avait 4 ans, de longs cheveux bouclés et un casque audio trop grand pour lui vissé sur la tête. Dans sa différence, il vous apparaît étrangement familier. Vos corps proches. Vous vous imaginez ensemble dans un monde parallèle, sensible et mystérieux. Le robot entre les questions tisse une histoire. Il vous la fait jouer. Votre voiture est tombée en panne, il fait nuit, vous êtes tous les deux dans un désert. La scénographie qu’il crée fait que vous finissez par réellement vivre une aventure avec l’homme inconnu. La preuve, après l’appel vous en gardez un souvenir palpable, une image de vous deux parlant autour d’un feu.

 

Quelques critiques parues dans la presse américaine

 

"C'est du théâtre pour les temps difficiles... une performance expérimentale conçue pour préserver et nourrir une graine humaine de cohésion communautaire pour le moment, dans un avenir pas si lointain, où elle sera le plus nécessaire" - MCA Magazine

"An Encounter m'a laissé dans un état altéré, vivement conscient de ces nombreuses personnes autour de moi que je ne connaissais pas, et qui semblaient si vivantes avec des possibilités, une complexité, une profondeur. [...] Cette pièce utilise les outils du théâtre - le texte, la narration, l'accord de se réunir à un moment donné pour vivre une expérience collective - pour atteindre les objectifs du théâtre, avant tout l'incitation à l'empathie et à la compassion. Ce n'est qu'après coup que j'ai compris à quel point An Encounter était extraordinairement efficace." - New York Times (NYT Critic's Pick)

A Thousand Ways" étanche une soif spécifique à une pandémie : une nouvelle intimité avec des visages et des voix inconnus. Il démontre que, si nous parvenons à aiguiser notre attention, il n'y a rien de tel qu'une petite conversation." - Seattle Times

"Représente une pensée vraiment aventureuse, qui casse les hypothèses sur ce qu'est le théâtre et ce qu'il peut être." - SF Chronicle

"Atteint plus d'objectifs du théâtre - raconter des histoires, déclencher l'imagination, nourrir l'empathie, favoriser la connexion - que presque tous les autres spectacles que j'ai vus depuis l'époque pré-pandémique." - The New York Times

"Cet échange n'a pas semblé intrusif. Oui, nous répondions à des messages anonymes, mais nous regardions, respectueusement et avec hésitation, un autre être humain... Et n'est-ce pas là, me suis-je dit en rentrant chez moi, le but ultime du théâtre ?". - LA Times

"Pendant une heure, j'ai oublié le monde qui m'entourait tandis que je reconstituais l'image floue d'une inconnue à partir des indices de sa voix et des miettes de pain de sa backstory. Assis dans le noir, je me suis rapproché d'une expérience théâtrale comme je n'en avais pas eu depuis longtemps." - Crosscut

"C'est un entraînement nécessaire à l'intimité, dans un monde où l'intimité elle-même semble de plus en plus difficile à trouver." - Indyweek

"Les gens ne nous demandent pas grand-chose. Matisse, Chagall et les toilettes." Erwan B., agent au Mnam

Un mur blanc de onze mètres de long, devant lequel se tiennent six chaises. Sur chacune d’elles, un·e gardien·ne de musée. Et derrière, des reproductions de tableaux. De ce cadre intimiste naît le récit d’une histoire, celle de personnes qui, à tour de rôle, parlent de leur rapport aux œuvres picturales et de leur sensibilité à l’art. Comment exerce-t-on ce métier ? Dans leur langue d’origine ils et elles nous racontent leur quotidien, entre vigilance et ennui, partagent leurs anecdotes et dévoilent leurs rêves. Leur personnalité se dessine avec délicatesse, ouvrant notre regard sur un paysage muséal insoupçonné.

 

jeu 19/05 à 18:00 rencontre avec Valérie Mréjen / Jeudi des Abattoirs, musée des Abattoirs – Frac Occitanie Toulouse, autour de Gardien Party.

HOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

L’autre nom des gardiens (mais cela sonnait moins bien pour le titre du spectacle), est « agents d’accueil ». Ils disent que leur métier consiste à rester aimables même avec des visiteurs désagréables. Pour le spectacle, qui se joue dans les musées, le public vient sur leur lieu de travail, dans leur environnement habituel. Et chacun s’exprime dans sa langue, ce qui est une façon de vous inviter dans les musées représentés.

Au cours du spectacle, Robert, du MoMA, prodigue quelques conseils utiles à tous et Margarita déploie autour d’elle, au fur et à mesure, de quoi se sentir à la maison, pour son bien-être et (un peu aussi) celui de ses collègues. On y tricote des écharpes et des histoires personnelles. On peut suivre une visite guidée de l’espace muséal avec ceux qui le fréquentent au quotidien. À force d’y passer du temps, après ces longues journées, ils se sentent forcément un peu chez eux.

BIOGRAPHIES

 

Mohamed El Khatib
Auteur, metteur en scène et réalisateur, il développe des projets de fiction documentaire singuliers dans le champ de la performance, de la littérature ou du cinéma. À travers des épopées intimes, il invite tour à tour un agriculteur, une femme de ménage, des marins, à co-signer avec lui une écriture du temps présent. Après Moi, Corinne Dadat qui proposait à une femme de ménage et à une danseuse classique de faire un point sur leurs compétences, il a poursuivi son exploration de la classe ouvrière avec la pièce monumentale, STADIUM, qui convoque sur scène 58 supporters du Racing Club de Lens.
Mohamed El Khatib a obtenu le Grand Prix de Littérature dramatique 2016 avec la pièce Finir en beauté où il évoque la fin de vie sa mère. Son texte C’est la vie, primé par l’Académie française, vient clore ce cycle sur la question du deuil, qui démontre qu’une comédie n’est qu’une tragédie avec un peu de recul… Enfin, après avoir monté une Dispute singulière, c’est au cinéma qu’il aborde la question de l’héritage dans son dernier film Renault 12, road movie entre Orléans et Tanger.

 

Valérie Mréjen
Valérie Mréjen est artiste et écrivain. Elle a réalisé plusieurs documentaires, dont Pork and Milk, 2004, Valvert, 2008, et Quatrième, 2018. Une exposition a eu lieu en 2008 au Jeu de Paume, une à l’IMEC en 2019. Elle travaille avec la Galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris. Elle a publié Mon grand-père, 1999, L’Agrume, 2001, Eau sauvage, 2004, éditions Allia, Forêt noire, 2012, Troisième personne, 2017 éditions P.O.L. Palais des Glaces, Manuella Editions, 2021.
Elle crée Trois hommes verts au Théâtre de Gennevilliers en 2014, repris en 2021 au TNB, Le Carnaval des animaux, d’après Saint-Saëns mis en scène avec Albin de la Simone, TNB, 2019 et Mano Rana avec Dominique Gilliot - Étrange cargo, La Ménagerie de verre, 2019. Elle a adapté L’Empire des lumières de Kim Young-Ha et de La Dame aux camélias de Dumas fils pour Arthur Nauzyciel. Elle vient de tourner un documentaire au Liban, sur les adolescents.

Presse

 

"Sur le plateau, les rôles s’inversent magnifiquement. Interchangeables et négligés dans leur métier, les gardiens jouissent ici d’une pleine visibilité. Ils attirent et retiennent l’attention, affichent leur diversité, prennent la parole, sont écoutés et regardés, au point de susciter une sympathie, une empathie que le geste théâtral de Valérie Mréjen et de Mohamed El Khatib sait si bien produire et favoriser. En se dispensant de grands moyens ou effets et en se focalisant sur l’ouverture à l’autre, il se présente comme une véritable rencontre humaine." Christophe Candoni, Sceneweb.fr

 

"Valérie Mréjen et Mohamed El Khatib ont donc réalisé un tour du monde pour nous ramener six gardiens qui avaient envie de parler. La plasticienne s’est installée au café avec eux, le dramaturge et metteur en scène a interagi sur leurs  lieux de travail, et ils ont écrit leurs mots sans les leur voler. (...) Ici, c’est la vie – des gens que nous n’avons pas su voir –  qui s’adresse à nous, et Gardien Party prend le parti du documentaire intégral. Le spectacle n’en est que plus passionnant, avec des phrases choc, une tension dramatique très forte et accessible à toutes et tous, et surtout beaucoup, beaucoup d’émotion. Un petit bijou, à voir absolument." Yaël Hirsch, Toute la culture

 

"Au chapitre des grands oubliés, les gardiens de musée sont en bonne place. Assis sur leur chaise, ils se fondent dans le décor, et personne ne se soucie d’eux. Mohamed El Khatib et Valérie Mréjen en ont rencontré beaucoup, de Stockholm à New York, de Saint-Pétersbourg à Paris. Des histoires qu’ils leur ont racontées, ils en ont extrait le miel." Brigitte Salino, Le Monde

 

"Cette performance offre la parole à un corps de métier qui n’en a guère si ce n’est pour indiquer le chemin des toilettes… Valérie Mréjen et Mohammed El Khatib ont conçu ce spectacle en récoltant les témoignages de ces professionnel.le.s dans divers musées internationaux. De cette riche matière, ils ont façonné un texte percutant, alliant l’humour et la bienveillance, pour décrire avec humanité cette activité cosmopolite. (...) Jouée par de véritables gardien.ne.s de musée, cette pièce habilement menée offre un regard réjouissant sur ce métier négligé, souvent discrédité et pourtant indispensable. A coup sûr, on ne les regardera plus de la même façon après l’avoir vue." Martine Fehlbaum, INFERNO

 

"Ces cinq archétypes, venant de toute la planète, s’amusent aussi bien de leurs propres stratégies pour faire passer le temps − observation des touristes, pauses pipi, étirements discrets ou non, conversations plus ou moins intéressantes avec certains visiteurs… qui se moquent des habitudes des visiteurs – de celui qui s’improvise expert en histoire de l’art à celui qui s’obtsine à toucher l’œuvre en passant par ceux qui viennent ne voir qu’une seule et unique œuvre. Et on en apprend finalement autant sur nos comportements dans les expositions que sur les coutumes des gardiens." Joël Le Corre, Un Fauteuil pour l'orchestre

Remaining Strangers

Simone Aughterlony [Nouvelle-Zélande]

Xenia, concept d’hospitalité de la Grèce antique, et son corollaire espéré Xenophilia, (amour de l’inconnu), guident les protagonistes de Remaining Strangers.

Comment préserver cette antique notion d’accueil dans les multiples crises que notre monde traverse ? Au moyen très simple de chaises de réception et de micros, les artistes Jen Rosenblit et Nic Lloyd, accompagnés du musicien Hahn Rowe, vous invitent à une soirée mouvante où le déroulé du spectacle impose au public de constamment déplacer ses assises. Quitte parfois à isoler quelques spectateurs... Une exploration en actes de la dynamique hôte / convive qui soulève la question de ce désir qui nous pousse à vouloir accueillir l’Autre –, mais nous en décourage aussi, dès que l’intérêt du groupe disparaît, faisant de cet Autre un étranger...

Théâtre
20 > 21 Mai
ven 20 mai / 21:00sam 21 mai / 19:00

durée 1h45
Première en France
Tarif unique : 12 €
Remaining StrangersHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Dans un monde de plus en plus inhospitalier, je trouve du plaisir à cultiver une relation invité/hôte. Ces considérations étaient déjà des présentes dans mes précédents travaux. En 2017, Everything Fits In The Room, proposait un invité en plus de la distribution : un habitant de l'endroit où nous jouions. Son rôle était crucial car il maintenait sur le plateau différents niveaux de compréhension : il ne connaissait pas l'intimité de la dramaturgie ou du déroulé, mais il était tout de même invité. Nous considérons ce rôle comme celui de l'invité d'un dîner qui se tient dans l'entrée ou aide à couper les légumes. L'idée est que la participation n'est pas assignée à une forme de propriété, et que la notion d'étranger n'est qu'un instrument de mesure.

Remaining Strangers construit des stratégies imaginatives et viables pour des relations affectives avec les autres qui maintiennent l'éloignement, l'étrangeté et l'intimité au-delà de l'assimilation ou de la consommation de l'autre. En réarrangeant constamment les chaises pour les invités/le public, deux personnages "jouent" et s'écartent du rôle de l'hôte, où la chaise elle-même prend la place des spectateurs. Une chaise abandonnée peut devenir un matériau réutilisé pour toutes sortes d'usages, de constructions ou devenir un déchet et un surplus. À travers la chaise en tant que structure permettant à une personne d'acquérir un sentiment d'appartenance, se comprend rapidement la temporalité et la précarité de cet emplacement – perdre sa place est une menace constante.

Nous invitons la figure du caméléon et critiquons la quête incessante de l'individualisation dans une biosphère qui se détériore, en essayant de reconnaître les choses que nous perdons dans cette quête.
L'engagement à rester étranger favorise des relations durables dans la mesure où l'autre ne peut jamais être entièrement connu ; notre connaissance de l'autre n'est jamais terminée. Cette œuvre s'attarde dans une relation sympathique continue avec et pour les spectateurs, comprenant que rien ne peut être fait ou détruit par lui-même.

L'œuvre applique les idées de la pensée philosophique sur la relation invité/hôte pour trouver des stratégies dans notre environnement immersif afin d’accueillir et être accueilli parmi cette communauté particulière d'étrangers. En tant que proposition immersive pour les spectateurs, cette œuvre demande comment nous pouvons ressentir et encourager l'expérience fondamentale de ne pas être chez soi dans le monde, tout en continuant à le rencontrer.

Remaining StrangersBIOGRAPHIE

Simone Aughterlony, née en 1977 est une artiste indépendante basée à Zurich et Berlin, travaillant principalement dans le domaine de la danse et de la performance. Elle a collaboré avec de nombreux artistes dont Meg Stuart/Damaged Goods, Forced Entertainment et Jorge León. En 2001, elle danse notamment dans Alibi, présenté à Garonne et depuis 2004, elle monte ses propres projets. À partir de 2013, elle participe à une trilogie de duos : Show and Tell, After Life et Supernatural (présenté à Garonne en 2016) qui explorent les états existentiels du corps. Sa pratique artistique se focalise sur le potentiel de transformation des corps, et sur tout ce qui peut être pensé en termes chorégraphiques. Elle nourrit un intérêt personnel pour ce qui relève de l’humour et du mystère du désir, dans leur propension à alimenter la dimension politique de la performance. En 2015, elle a co-signé avec Jorge Léon, Uni*Form. Elle a reçu le Prix suisse de la danseuse exceptionnelle de l’année 2015. En 2017, elle crée Biofiction, qui interroge notamment le regard pornographique.  En 2019, elle crée Maintaining Stranger, qui explore les notions de rencontres et d'intimité dans un espace désertique.

Teach me (to be) French

Itzik Giuli [Israël]

Toulouse, sur les cosmopolites allées Jean-Jaurès : une personne littéralement étrangère (issue d’un pays étranger) vous aborde ; elle a besoin de votre aide pour élucider un point de vocabulaire ou de syntaxe française, vous invite à la rejoindre dans un salon chaleureusement aménagé, puis, afin de l’aider, vous propose d’avoir recours à des photographies, vidéos, chansons – autant de reflets de ce qu’elle imagine être la France, ou de ce qu’elle sait être son pays d’origine. Vous l’accompagnez donc dans sa connaissance de votre langue maternelle, et ce faisant découvrez un peu de sa culture…
Jouant de ce double mouvement, Teach Me (To Be) French (Apprenez-moi à parler / à être / français·e) est une école éphémère en plein air, où la pratique linguistique se fait exercice démocratique, où la simple conversation devient l’occasion de repenser ensemble ce que l’on croit savoir de l’Autre, et d’interroger avec délicatesse cette fameuse « identité nationale » que certain·es revendiquent si bruyamment. En France, comme dans tant d’autres pays.

création / production / installation participative
24 > 28 Mai
mar 24 mai / 15:00mar 24 mai / 16:00mar 24 mai / 17:00mar 24 mai / 18:00mar 24 mai / 19:00mar 24 mai / 20:00mer 25 mai / 15:00mer 25 mai / 16:00mer 25 mai / 17:00mer 25 mai / 18:00mer 25 mai / 19:00mer 25 mai / 20:00jeu 26 mai / 15:00jeu 26 mai / 16:00jeu 26 mai / 17:00jeu 26 mai / 18:00jeu 26 mai / 19:00jeu 26 mai / 20:00ven 27 mai / 15:00ven 27 mai / 16:00ven 27 mai / 17:00ven 27 mai / 18:00ven 27 mai / 19:00ven 27 mai / 20:00sam 28 mai / 15:00sam 28 mai / 16:00sam 28 mai / 17:00sam 28 mai / 18:00sam 28 mai / 19:00sam 28 mai / 20:00
Lieu : bistro-breizh-latino / 66, allées Jean-Jaurès

durée 1h
en partenariat avec L'Usine, Centre national des arts de la rue et de l'espace public Tournefeuille / Toulouse métropole
gratuit
Teach me (to be) FrenchHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

L'économie du cœur.
Un terme ouvert qui rassemble certaines composantes cruciales de cette exploration tout en créant un contexte plus large pour la recherche. Par opposition à l'économie du pouvoir : religion, capital, État, patriarcat, l'économie du cœur met l'accent sur l'empathie, l'hospitalité, le partage des ressources, l'écologie et la remise en question des récits. La découverte de projets artistiques et de développement institutionnel basés sur ces éléments est une force vitale de cette proposition.
- Hospitalité
- Empathie
- Ressources partagées/échanges
- L'écologie
- Repenser les récits

On peut même remonter jusqu'à Abraham, le père mythologique, et faire écho à sa coutume d'attendre devant sa tente et d'accueillir les étrangers. La pratique est bien connue ici (au Moyen-Orient) et est toujours pratiquée par les Bédouins locaux. Ils commandent ce qu’il faut pour trois jours d'hospitalité sans poser de questions à l'invité. Alors, qu'arrive-t-il à notre société à partir de cet extrême ? Il est clair que nous devons repenser nos perspectives.

L'hospitalité inconditionnelle est un code éthique qui nous interpelle à la fois en tant que société et en tant qu'individus. Elle nous invite à garder à l'esprit les mesures extrêmes qui sont à la base de notre humanité. Son exercice entre en conflit avec les lois de l'État et son organisation des conditions d'hospitalité. L'exploration de cette tension par le biais de l'art et de la communauté sera un élément central de ce projet. 

Un aspect de l'hospitalité est lié à nos institutions artistiques - nous accueillons en général des artistes et des publics. C'est le cœur de notre activité. La question se pose donc de savoir comment nous pouvons étendre ce principe de base et créer des investissements artistiques qui élargissent nos connexions possibles avec le public et mettent en place des situations qui incitent les gens à s'engager. À la lumière des dernières années et des changements radicaux auxquels nous sommes confrontés, il semble important de tenter de rouvrir la position de l'art dans la société. Pour l'aider à développer une autre branche qui atteigne le tissu profond de la société.

Nous nous interrogeons sur l'importance de la solidarité pour mieux faire face à nos défis.
Est-ce tangible ? Ou est-ce une question de fixation ?

Dans Teach me [to be] French, nous travaillons avec de "nouveaux arrivants" qui demandent à s'installer en France / à Toulouse. Nous posons des questions sur la langue et sa place dans le processus, mais nous tentons aussi de comprendre certaines choses sur l'identité. L'action se déroule dans les rues de la ville et donne l'occasion au public d'interagir et d'aider les nouveaux arrivants. C'est l'interaction en face à face qui offre un potentiel de rencontre qui, autrement, ne serait pas possible. S'agissant d'un projet urbain, il vise à faire émerger les idées, les sentiments et les souhaits complexes qui entourent la notion d'hospitalité dans une ville donnée.

Teach me (to be) FrenchBIOGRAPHIE

 

Itzik Giuli, dramaturge et co-directeur artistique. En 2014, il a été choisi pour être le directeur artistique du Festival d'Israël - le festival des arts de la scène le plus prestigieux et le plus important d'Israël, qui en est actuellement à sa 55e année. En outre, Giuli est le directeur artistique du Curtain Up Festival - le principal festival israélien pour les créateurs de danse indépendants. Il est diplômé de la Telma Yelin High School for the Arts. Il a poursuivi ses études à New York au Circle in the Square et au Neighborhood Playhouse. Depuis son retour en Israël, en 1997, il a travaillé comme acteur dans divers théâtres, ainsi que dans différentes productions télévisées et cinématographiques. Sa première pièce, Sometimes Elephants Pass Here, a remporté le prix de la meilleure pièce au festival de théâtre Acco Fringe 2000. En 2004, il a mis en scène sa deuxième pièce, Birth Marks, au théâtre Tmuna de Tel Aviv. En 2005, il a fondé le Search Engine Theater Group et le Contemporary Center for the Performing Arts à Jaffa, produisant des pièces de théâtre de premier plan : Hoki-Poki d'Eyal Weizer, Sample People de Nava Frenkel et No Matter d'Adina Bar-On.
Itzik Giuli est le collaborateur de Yasmeen Godder depuis qu'elle a commencé à faire des œuvres en 1997 et a eu un rôle majeur dans la définition de son travail et de sa pratique.

Ballad

Lenio Kaklea [France]

Lenio Kaklea collecte depuis quatre ans un catalogue de gestuelles, issu d’une série de résidences réalisées dans six villes européennes et regroupées dans son ouvrage Encyclopédie pratique. À la rencontre d’habitant·es venu·es d’horizons différents, d’Athènes à Aubervilliers, la chorégraphe grecque ausculte les pratiques rituelles. Celles qui façonnent notre quotidien et notre rapport aux autres, imprégnées de notre histoire et de notre cadre social. Par une appropriation consentie du geste d’autrui, elle navigue à travers ses propres souvenirs et déroule un récit autobiographique, mêlant danse, gestes et paroles.

Elle explore ainsi, dans ce solo, comment nos gestes constituent un paysage mouvant et peuvent servir de vecteurs pour des stratégies d’émancipation. Les moments dansés sont ponctués par sa parole, son témoignage sur sa formation en Grèce et sa condition de danseuse, mais aussi sa désillusion face à la crise et aux conditions dégradées de création, le contexte politique, le corps féminin.

Ballad a reçu le prix de la danse de la fondation Hermès Italia et de la Triennale de Milan en octobre 2019.

 

mer 25/05 à 17:00 rencontre avec Lenio Kaklea, animée par Sarah Authesserre, autour de Ballad. Hall du théâtre.

sam 28/05 à 14:30 rencontre avec Lenio Kaklea, animée par Nicolas Adell (anthropologue UT2J LISST-Cas). Ombres blanches, rue Mirepoix.

Théâtre
26 > 27 Mai
jeu 26 mai / 20:00ven 27 mai / 20:00
présenté avec la Place de la danse – CDCN

durée 50 min
Tarif unique : 12 €

Out of Place

Lenio Kaklea [France]

« Celles qui sont heureuses de se lever le matin pour aller travailler, faites une révérence. »

À la suite de Ballad, après un temps de pause, Lenio Kaklea appelle le public à se retrouver sur le plateau.
L’artiste grecque invite à vivre une expérience participative à la découverte de l'Autre : chacun·e répondant à des questions par le biais d'un sourire, d'un haussement d’épaules, d'un pas de côté teinté de fierté ou d’hésitation. Un moyen ludique de se mettre en mouvement par des gestes simples, à la rencontre des pratiques d'autrui.

 

mer 25/05 à 17:00 rencontre avec Lenio Kaklea, animée par Sarah Authesserre, autour de Ballad. Hall du théâtre.

sam 28/05 à 14:30 rencontre avec Lenio Kaklea, animée par Nicolas Adell (anthropologue UT2J LISST-Cas). Ombres blanches, rue Mirepoix.

Installation participative
26 > 27 Mai
jeu 26 mai / 21:30ven 27 mai / 21:30

durée 40 min
Création / Coproduction
Tarif unique 3 €
Out of PlaceHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

L’Hospitalité me renvoie d’abord à mon expérience personnelle : je suis arrivée en France, il y a 15 ans, littéralement avec une bourse d’un an et une valise. Sans savoir parler le français. J’ai pu faire le chemin que j’ai parcouru – artistiquement, intimement, politiquement – grâce à l’hospitalité de ceux et celles que j’ai rencontré sur le chemin et qui n’ont pas eu peur d’accueillir la parole et le point de vue d’une étrangère.

Dans le monde d’aujourd’hui, en perpétuelle transformation, comment arrivera-t-on à une symbiose – si ce n’est à une société – sans apprendre à accueillir le regard de l’autre ? Quels sont les chemins idéologiques et économiques qui nous obligent à oublier que nous sommes tous·tes étranger·es ? Comment continue-t-on à négocier ce qui nous tient à cœur dans un monde où nous ne sommes pas d’accord ? Comment arrive-t-on à rester étranger·es ?

Parfois je pense mes spectacles comme un lieu d’accueil. Je suis l’hôte. Les spectateurs·trices sont mes invité·es. Je dois les accueillir en dansant. Je dois les guider à traverser une expérience. Dans cette expérience, il y a plusieurs étapes, plusieurs « plats » et chaque détail est important. Le plaisir de cette traversée ne se trouve pas forcément là où l’on s’y attendrait. Certain·es sont venus voir autre chose. Certain·es vont partir fâchés. Certain·es vont revenir plusieurs fois.

Et puis parfois, il arrive que je me sente moi-même accueillie par le public lors d’une représentation. Les personnes présentes adhèrent à la forme que je propose et deviennent hôtes. Elles prennent en charge cette expérience intime qu’est une représentation. Et le contrat qui nous lie semble inversé sans pour autant qu’il soit cassé. Car cette ambiguïté de rôles – qui reçoit ? et qui a besoin d’être accueilli ? – nous permet d’entretenir le désir et de vouloir revivre cette expérience du théâtre qui, malgré les innombrables renouvellements formels, restent plus au moins la même depuis 2 500 ans.

BalladBIOGRAPHIE

 

Lenio Kaklea est danseuse, chorégraphe et écrivaine née à Athènes. Elle vit et travaille aujourd'hui a Paris. Jeune danseuse, elle étudie au Conservatoire National de Danse Contemporaine d'Athènes (SSCD), où elle se forme au ballet classique et aux techniques et répertoires modernes américains tels que Martha Graham, Merce Cunningham et Jose Limon. En 2005, elle reçoit le Prix de la Fondation Pratsika et s'installe en France, où elle étudie au CNDC d'Angers (FAC) et commence à collaborer avec des artistes de la scène européenne de la danse conceptuelle tels que Boris Charmatz, Alexandra Bachzetsis, Claudia Triozzi et Emmanuelle Huynh. En 2011, désireuse d'étendre sa pratique artistique, elle complète le programme SPEAP, un master sur l'expérimentation dans les arts et la politique dirigé par Bruno Latour à Sciences Po Paris. Depuis 2009, Lenio Kaklea utilise différents médiums : la chorégraphie, la performance, le texte et la vidéo. Sa pratique artistique s'inspire du féminisme, de la psychanalyse et de la critique institutionnelle et explore les intersections entre la danse et la théorie critique.

Un volet important de son travail est le projet Encyclopédie pratique. Depuis 2016, parcourant les rues et les sentiers de différents territoires périphériques européens, elle rassemble près de 600 histoires uniques qui témoignent de la familiarité et de la diversité des habitudes, des rituels et des métiers qui composent et distinguent ces terrains. Différentes formes artistiques se manifestent dans ce projet (un solo de danse, un quatuor de danse, deux publications et une installation vidéo).

Son travail a été présenté par différentes institutions et festivals à travers l'Europe tels que le Centre Pompidou, ImPulsTanz Festival, Fondation Onassis, CND Pantin, Lafayette Anticipations, Triennale de Milan, Laboratoires d'Aubervilliers, documenta 14-Programmes publics, NEXT Festival, Passerelle Art center, PACT Zollverein, Les presses du réel.

Parallèlement à son travail chorégraphique personnel, elle s'engage dans des collaborations avec d'autres artistes. En 2013, elle poursuit une collaboration en solo avec la chorégraphe américaine Lucinda Childs sur la musique de Ryoji Ikeda. En 2016, elle est commissaire invitée à la Scène Nationale de Brest et présente Iris, Alexandra, Mariela, Katerina et moi, un focus sur la production chorégraphique féminine athénienne contemporaine. En 2017, elle accompagne la chorégraphie de la Suite No 3, un concert scénique de Joris Lacoste et Pierre-Yves Macé. En 2019, elle collabore avec le pianiste Orlando Bass sur l'oeuvre emblématique pour piano de John Cage, Sonatas & Interludes. En 2019, elle reçoit le Prix de la Danse de la Fondation Hermès Italia et crée un nouveau solo pour la Triennale de Milan: Ballad.

SILENCE ENCOMBRANT

compagnie Kumulus

« Qui veut se souvenir doit se confier à l’oubli, à ce risque qu’est l’oubli absolu et à ce beau hasard que devient alors le souvenir.» Maurice Blanchot

Un globe terrestre, un capot de voiture, une poupée, une machine à laver, tous ces objets cassés sont sortis d’une benne à ordures et transportés à la force des bras d’individus fragiles, à la volonté inébranlable. À pas lents et hésitants, le visage couvert de poussière, le clown, le gendarme, la prostituée, le poète et les autres (se) traînent sur le bitume, transformant bientôt l’espace en décharge à ciel ouvert, sous les yeux des spectateurs. Dans le silence hurlant de sons, de débris raclant le sol, de chocs et de rencontres muettes.

 

jeu 26/05 à 19:00 rencontre avec la compagnie Kumulus, animée par Sarah Authesserre, autour de Silence encombrant. Hall du théâtre.

Théâtre gestuel et sonore
27 > 29 Mai
ven 27 mai / 19:30sam 28 mai / 19:30dim 29 mai / 18:00
Lieu : Port Viguerie

durée 1h30
présenté avec L'Usine, Centre national des arts de la rue et de l'espace public Tournefeuille / Toulouse métropole
10 € tarif plein / 5 € adhérents Garonne et L’Usine, demandeurs d’emploi, RSA, moins de 30 ans, minimum vieillesse, carte invalidité / 3 € moins de 18 ans
SILENCE ENCOMBRANTHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Silence Encombrant est un spectacle sans paroles et lent.

Ralentir le monde qui va de plus en plus vite, freiner cette consommation délirante qui fabrique des montagnes de déchets de matériels et d’humains qui nous submergent.
Faire taire les bruits du monde.

Accepter de vider le cerveau, prendre le temps d’écouter, regarder et accueillir les sons et les images que nous proposons sans chercher à comprendre. Laisser errer votre esprit et votre imagination et laisser remonter vos souvenirs.

Tout simplement !

SILENCE ENCOMBRANTBIOGRAPHIE

 

Barthélemy Bompard
Né en 1958 à Dakar au Sénégal, il quitte ce pays à l’âge de 7 ans.  Plus tard à Paris, il suit des études d’ébénisterie à l’école Boulle puis de dessin publicitaire à l’Académie Charpentier. En 1976, il découvre le théâtre et monte sa première compagnie les Maxibules (théâtre pour enfants). Il participe ensuite à la création d’autres compagnies  telles que Zéro de conduite, Speedy Banana  et Les Piétons. Parallèlement, il réalise plusieurs courts métrages (prix du Public à Clermont-Ferrand, prix spécial du Jury à Cannes, 1er prix du Festival de Nevers, 1er prix du Festival de Prades, prix Escurial 91). Il joue dans ses films mais également pour d’autres réalisateurs dont Karim Dridi, Yann Piquer, Serge Le Perron, Jean Marie Maddeddu, Anita Assal, John Hudson etc. En 1986 il créée une compagnie de théâtre de rue qu’il appelle Kumulus, car il est question de défendre coûte que coûte le théâtre quelque soit le lieu pourvu qu’il soit entendu. En 2006, il reçoit le prix SACD des arts de la rue pour l’ensemble de son œuvre.

SILENCE ENCOMBRANTPresse

 

« Silence encombrant, la nouvelle production de Kumulus réussit cette chose incroyable : nous tenir en haleine pendant une heure et demie en proposant le spectacle a priori peu captivant de neuf zombies qui ne font que vider une benne à ordures sans dire un seul mot. La bande-son, c’est le bruit des déchets traînés sur le sol. C’est une symphonie de l’ordure, une chorégraphie du désespoir. », Edouard Launet, Libération

 

« Une grande benne à ordures est posée sur une place publique. Elle se met à dégorger des objets et des hommes. Au milieu de rouleaux de métal, panneaux cassés, fils électriques embrouillés, pneus usagés, reliquats en tous genres, des hommes et des femmes se détachent de la poussière, sales, gris, squameux, hébétés. Quels sont les rebuts de nos civilisations ? Les choses ou les hommes ? Kumulus opère ce face à face des victimes de la société de consommation avec le public. Le spectacle est très fort. Kumulus, de toute façon, saisit les spectateurs avec une rare intensité. », Gilles Costaz, WebThéâtre

 

« De son entrée en matière, fracassante, jusqu’à son bouquet final, ce spectacle marque profondément les esprits. Radical, dérangeant, Kumulus illustre son propos dans une veine expressionniste tout à fait appropriée. Cette déflagration poétique résonne fort.  Délibérément ! » Léna Martinelli, Les Trois Coups

 

« La compagnie Kumulus, vieille routière du théâtre de rue (25 ans), a opté pour un spectacle sans parole. Muet mais pas silencieux : la société du tout-à-l’égout, qui conduit au rebut hommes et produits industriels, s’accompagne du raclement assourdissant des débris qu’ils traînent. Dans l’infinie étrangeté de ces « sous-hommes » indifférents les uns aux autres, il y a du Beckett, du butô, tout un théâtre bien connu de la catastrophe… » Mathieu Braunstein, Télérama

 

« Là où certains artistes de cette édition 2013 ne trouvent pas d’espoir en l’Homme, Barthélemy Bompard nous propose une issue collective possible. Débarrassé de ses déchets et de ses oripeaux, l’Homme se retrouve, en collectif, à pouvoir espérer un autre avenir. Un spectacle et un travail très intéressants, doublés d’un indéniable esthétisme. » Pierre Salles, Le Bruit du Off

 

« Kumulus a retrouvé sa verve d’antan avec Silence encombrant, salutaire uppercut muet. » Julie Bordenave et P.Vallée, Mouvement

 

 

« Pas loin de l’expressionnisme d’Egon Schiele, la troupe de Barthélemy Bompard crée une réplique à un des meilleurs spectacles jamais vus, le fameux May B, l’hommage à Beckett de Maguy Marin. Les acteurs de Kumulus n’ont rien à envier à ceux de May B, au contraire. Dans le silence de leur échec permanent, ils deviennent universels. Ceux-là n’ont (plus) rien, mais ils s’accrochent. Ce qu’ils vivent, n’est-ce pas le lot de la plupart ? Le consommateur lutte tel un Sisyphe pour donner beauté et sens à une vie qui finira dans la poussière. » Thomas Hahn, La Stradda (Italie)

 

« Comme une nature morte géante, s’étale sous nos yeux tous les déchets et la camelote déplacée de la mort et de la misère. Ce qu’on a vu c’était de la mortalité en action. C’est la raison pour laquelle Silence Encombrant nous a bousculé avec autant d’intensité. Mais on ne le sent vraiment qu’après, une fois le spectacle fini. » Politiken (Danemark)

 

« Le XIIIe Festival International de Théâtre de rue s’est clôturé hier avec la remise des prix. Le palmarès a révélé le triomphe de la compagnie française Kumulus. Son spectacle Silence encombrant, traitant des déchets humains générés par le système capitaliste, a été reconnu comme le meilleur du festival. » El Mundo (Espagne)

 

 

Hypnagonaute,
cabinet d'écoute

Adrien Degioanni [France]

Hypnagogie : état de conscience particulier, intermédiaire entre la veille et le sommeil.
Naute : celui qui navigue.

Un lieu, même dépeuplé, n'est jamais réellement vide, il est toujours et immuablement habité par les sons qu'il renferme. Les galeries du théâtre, ancienne station de pompage, chariaient il n'y a pas si longtemps les eaux de la Garonne. Adrien Degioanni a imaginé pour ce lieu un dispositif sonore élargissant le spectre de notre perception, par l'amplification et la distorsion de sons enregistrés in situ, mêlée à une écriture fictive et musicale. Dans ce cabinet d'écoute, le public est invité à déambuler librement et à percevoir des vibrations différentes. Ici, le silence s'entend. Comme une rumeur qui se propage dans les souterrains, les nappes planantes nous entourent, échos des vies passées de ce lieu.

Installation sonore pour les galeries du théâtre
31 Mai > 11 Juin
en partenariat avec le centre d'art nomade et le Printemps de Septembre à Toulouse

durée 20 min
Création / Coproduction
entrée libre
Hypnagonaute,
cabinet d'écoute
HOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Depuis plusieurs années, mon travail s’engage dans et avec le sonore. J’affectionne le son pour ce qu’il a de similaire au vivant. Il apparaît, se propage et disparaît. Un autre suivra, jamais exactement le même, ni dans sa forme, ni dans son comportement. Similaire au vivant et, plus précisément, à l’humain ; car tout comme lui, il investit et définit des espaces, pour un temps. À son échelle, le son est habité d’une grande résilience dans sa vaine existence. Et pourtant son absence absolue n’existe pas à nos oreilles, nous le générons, nous le recevons. Le son peut être docile, fragile, hostile… Il est prétexte à parler de nous. 

Ce que je cherche dans un lieu, c’est son vide de toute présence. Un lieu, même dépeuplé, n’est jamais réellement désinvesti, il est toujours et immuablement habité par les sons qu’il renferme. Inhérents à tous bâtiments ou espaces – par leur chair atmosphérique, leur squelette architectural – les sons viennent de toutes parts ; et il est bon de se rappeler que, lorsque nous rentrons dans tout bâtiment, tout espace, nous n’en sommes que visiteurs profitant d’une forme d’accueil acoustique, une invitation à entendre. C’est donc très souvent en captant les silences des lieux qui m’accueillent, que je cherche à créer un temps duquel la distorsion du réel (sonore) devient apparition de matérialité poétique.

L'ouïe étant insomniaque, elle façonne en permanence, consciemment et inconsciemment, notre expérience au monde. Hypnagonaute est un terme composé de deux mots, « hypnagogie » et « naute ». L’état hypnagogique est un état de conscience particulier, intermédiaire entre la veille et le sommeil qui a lieu durant la phase de l’endormissement. Le naute, quant à lui, se définit par « celui qui navigue », celui qui explore. Il traverse les frontières, et parfois, en définit de nouvelles. Attitude foncièrement humaine sur laquelle reposent décisions, doutes, perditions et découvertes. Il y a là un glissement de territoire vers l’étrangeté, nous rendant ainsi proprement étrangers pour nous-mêmes.

Mon projet pour cette résidence dans les galeries souterraines du Théâtre Garonne, s’inspire précisément de l’expérience d’état hypnagogique. Métaphoriquement, je me figure ce sous-sol comme subconscient architectural, zone insulaire et isolée où naissent les idées et meurent les secrets. En travaillant avec le naturel fragile des bruits, que l’on nomme donc silences, et des sons de synthèses qui n’ont pas d’équivalent naturel, je souhaite mettre en place un système in situ à partir duquel émergent un ou des environnements sonores nouveaux et transitoires. Laissant les résultats de cette visite pour chacun comme de simples suggestions ou de réelles intimités audibles uniques et ineffables. C’est avant tout la création d’un temps et d’un monde sonore issus du lieu, pour le lieu, aussi fictif que tangible, qui proposera des relations libres entre la perception, la mémoire et l’imagination.

Hypnagonaute,
cabinet d'écoute
BIOGRAPHIE

 

Adrien Degioanni est diplômé de l’Institut Supérieur des Arts et du Design de Toulouse depuis 2016. Il expose régulièrement en France et en Belgique comme au Centre Wallonie-Bruxelles (Paris), Connexion#1 (Bruxelles), FRAC Grand-Large (Dunkerque) à l’Annexe (Paris), au Brussels Gallery Weekend (Bruxelles), à la Villa Robinson (Biarritz), à Lieu-Commun (Toulouse), à LaVallée (Bruxelles), au CAPV (Lille),... Il a également cofondé en 2018 le collectif d’expositions Grande Surface. En parallèle de ses recherches plastiques, Adrien Degioanni développe des créations sonores et musicales sous le pseudo Tecte, et collabore autour de projets d’artistes vidéastes et scéniques tel que pour le festival Nuit Blanche (CNES, Paris 2017) ou encore l’exposition Tendencies (BOZAR, Bruxelles 2017).

The Art of Calling

Ballets confidentiels [France]

The Art of Calling ou comment appeler à s’aimer, à la guerre, au recueillement, à la liberté, à la transe, à la fête...

D'abord pensé pour l’espace domestique, The Art of Calling est une traversée de l'intime. Les trois artistes des Ballets confidentiels : Richard Dubelski (percussionniste), Éléonore Lemaire (soprano) et Johanne Saunier (danseuse) s’interpellent, se répondent, et nous invitent ensemble à traverser différemment un espace familier, hors des murs du théâtre. Le trio en investit chaque recoin d'un tableau musical et chorégraphique et nous plonge dans l'intimité d'un lieu et d'une petite communauté de spectateurs.

Pièces interprétées :

Ma belle si tu voulais, composition de P. Leroux sur une chanson anonyme du XVIIIe s.
The Art of Calling, composition originale de R. Dubelski et É. Lemaire.
When I am Laid, extrait de Didon et Énée de Purcell.
2 Women & a Drummer, transcription à la caisse claire de R. Dubelski sur une pièce de B.C. Manjunath.
JUMP !, transcription de Fast Track de Miles Davis par R. Dubelski et É. Lemaire.

Parcours, Performance
2 > 3 Juin
jeu 2 juin / 20:00ven 3 juin / 20:00
à Ombres blanches et chez l'habitant.e

durée 1h30
12 € tarif unique
The Art of CallingHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Ballets Confidentiels est un terrain d’expérimentation hors plateau, qui sort du cadre figé de la scène à distance du public rangé et ordonné. Après avoir exploré l’aspect tout terrain de notre trio, c’est l’espace d’une maison privée qui a été une révélation ; c’est là où la connexion entre le mouvement, le public et un lieu déjà chargé d’une autre histoire que la nôtre, se passe.

Notre moteur est de confronter notre matière, faite de mouvements du corps, vibrations puissantes de la voix lyrique et de percussions, à des espaces non organisés parfois exigus et changeant à tous moments pour une expérience immersive inédite. C’est paradoxalement ce chaos qui nous centre et rend sensible le lien fusionnel entre joie et violence qu’un corps en mouvement ou une voix lyrique chantée très proche peut faire ressentir. La simplicité de la proposition se complexifie au contact des autres dans une quête de sens avec l’environnement. C’est une aventure esthétique qui démarre très concrètement et qui doit à chaque fois, se dépasser, une manière de chercher le sacré au contact des gens, chose aujourd’hui dangereuse, interdite, effrayante.

 

The Art of Calling a été originellement pensé pour l’espace d’une maison. Nous avons cherché à impacter chaque pièce de notre présence sonore et physique, à travers des tableaux qui questionnent la notion de l’intime, le voyeurisme, les non-dits. Que dévoile-t-on quand on accueille des gens chez soi ? Il suffit de quelques détails, quelques scories que l'œil accroche, que l’oreille entend, pour que notre ressenti change sur un lieu. Une maison est le lieu d’empathie par excellence, puisque le public est tout de suite plongé dans une intimité qui résonne avec la sienne. The Art of Calling est tellement lié à l’espace d’une maison, que lorsque nous jouons cette pièce dans d’autres espaces nous apportons quelques marqueurs familiers, afin que le public puisse mentalement faire le lien avec son espace intime.

Il nous a ainsi semblé évident de participer au festival In Extremis, qui brasse différentes idées de l’hospitalité, et qui propose au public une rencontre plus intime avec les artistes.

The Art of CallingBIOGRAPHIE

 

Les Ballets Confidentiels
Les Ballets Confidentiels ont été imaginés par la chorégraphe et danseuse Johanne Saunier pour « décadrer » sa danse et se donner la liberté de créer et danser partout, sans contrainte de temps ni d’espace. Elle les crée avec Ine Claes et propose des impromptus chorégraphiques joués tous azimuts dans des lieux insolites (salons, jardins, espaces publics…). Elles se produisent pendant cinq ans à travers l’Europe : Belgique, France, Autriche, Suisse, Italie.
À la suite de ses rencontres successives avec Richard Dubelski, percussionniste et comédien vocaliste, et Eléonore Lemaire, chanteuse lyrique et performeuse, Johanne Saunier, qui développe en parallèle ses qualités de vocaliste avec Georges Aperghis et l’ensemble Ictus, décide de transformer les Ballets Confidentiels en trio musical et chorégraphique. Ils développent ensemble un travail intime où ils investissent des lieux variés, de l’espace domestique à l’espace public, qui redécouvre un environnement usuel à travers le prisme d’un geste artistique fort qui allie le son au mouvement. La transformation du quotidien des pièces qu’ils investissent, fait vivre au public une expérience unique qui bouleverse son rapport à l’intimité.
Depuis 2018, les Ballets Confidentiels ont créé divers projets. Ils ont retravaillé le programme Framed, qui interroge le rapport entre l’espace public et l’espace privé, mêlant des pièces de Georges Aperghis, d’Oliver Knussen, et de l’écrivain Martin Crimp ; joué dans des maisons, à la Tannerie d’Avallon et sous forme décomposée au festival L’Envers du décor 2019 au musée de l’immigration (Paris). Début 2019, ils créent la performance Ephemera pour la galerie Mfc-Michel Didier (Paris puis Bruxelles), puis Ballgame, jeu de ballon interactif et musical, pour la journée sans voiture 2019 à Bruxelles, avec le centre culturel Jacques Franck. Dsè 2018, ils travaillent sur le spectacle Dans un train/ Вагон-зак, une coproduction du théâtre Grand Angle, Théâtre Garonne et Scène Nationale d’Orléans, créé et diffusé à partir de la saison 2020-2021. Ils travaillent également sur une création inspirée du Château de Barbe-Bleue de Bela Bartok, en partenariat avec le théâtre Garonne.

 

Johanne Saunier, chorégraphe, danseuse, vocaliste.
De 1986 à 1998, Johanne Saunier danse dans la Cie Rosas d'Anne Teresa De Keersmaeker avec qui elle continue toujours de collaborer comme assistante, répétitrice. Elle crée JOJI INC avec Jim Clayburgh qui reçoit en 2000 le prix Seine Saint- Denis/ Bagnolet à Paris. Elle participe à des tournées internationales pour Erase-E(X) créé avec divers artistes, Wooster Group (NY), Anne Teresa de Keersmaeker, Georges Aperghis, compositeur, le vidéaste Kurt d’Haeseleer. Elle est l’interprète unique d’opéras contemporains mis en scène par Luc Bondy, Guy Cassiers,Georges Aperghis (depuis 2002), Jim Clayburgh, François Sarhan/Quatuor Diotima, Sybille Wilson et Modern Dance avec Mathurin Bolze. Elle enseigne à PARTS et dans d’autres écoles européennes. Ses Ballets Confidentiels sont des concerts chorégraphiques joués tous azimuts dans des lieux insolites, salons, jardins etc. avec ou sans musique live. Elle assiste Jean-Francois Sivadier sur ses opéras depuis 2010. Elle crée en mars 2018 sa première mise en scène d'opéra à Lille: La légende du Roi Dragon d’Arthur Lavandier. En 2021, elle remporte le prix Chorégraphie décerné par le comité belge de la SACD.

 

Eléonore Lemaire dramaturge, compositrice, soprano
Eléonore Lemaire équilibre son activité entre la scène lyrique internationale et un engagement de la première heure aux côtés d'éminents compositeurs, tels qu'Arnaud Petit, Aurélien Dumont, Francesco Filidei, Jean-Pierre Calvin, Unsuk Chin, Pascale Criton, Mariana Ungureanu. Elle crée pour eux les rôles les plus exigeants aux côtés de l'Ensemble Intercontemporain, le AskolSchönberg Ensemble, l'Orchestre Lamoureux, Les Siècles, au Théâtre de L'Athénée, à la Comédie Française, au Muziektheater, au Concertgebouw et à l’opéra d'Amsterdam, au Teatro Valli, au Piccolo Teatro Strehler. Elle a récemment créé I.D. d’Arnaud Petit au Grand Théâtre du Nord avec Les Siècles, ainsi que le spectacle Homo Instrumentalis (créé à la Ruhrtriennale 2017), repris notamment en septembre 2018 au Festival Musicà de Strasbourg et en 2019 à l’opéra Forward Festival avec l’opéra d’Amsterdam. Depuis sa rencontre avec Johanne Saunier, elle se lance dans la création en signant pour les Ballets Confidentiels sa première performance /Ephemera, sa première mise en scène Dans un train/ Вагон-зак et la performance The Art of Calling qu’elle cosigne avec Johanne Saunier et Richard Dubelski. Elle crée ensuite une pièce de Michel Fano pour le festival Messiaen 2020.

 

Richard Dubelski compositeur, percussionniste, comédien
Richard Dubelski est le fils de Marcel Dubel, pianiste et chef d'orchestre de l'Alcazar de Marseille et Claude Trebor, chanteuse et comédienne à l'Alcazar, petit-fils d'E. Robert Trebor, directeur de l'Alcazar. Comédien, musicien, metteur en scène et compositeur. Son travail avec Georges Aperghis est régulier depuis 1987 et il participe à la réalisation de La Baraque foraine (Musica, 1990) et au tournage de La Fable des continents, film d'Hugo Santiago et Georges Aperghis. Proche collaborateur au sein de T&M (ex. Atem), il est assistant à la mise en scène sur Don Giovanni de Mozart à l'Opéra de Marseille (1997).Il travaille comme comédien et musicien avec différents metteurs en scène et chorégraphes, tel Thierry Bédard, Lucas Thiéry, Édith Scob, Georges Appaix, André Wilms. Il joue le rôle de Glenn Gould dans un film d'Anna Kendall Glenn Gould 1992, pour Arte. Il compose des musiques pour des dramatiques radiophoniques à France Culture, et pour des spectacles musicaux, et tous les spectacles du projet Les Dix Paroles. Il anime des stages de théâtre musical à l'Atem, au CNDC d'Angers, au Théâtre national de Strasbourg, à la Comédie de Caen, au Théâtre du Campagnol - CDN de Corbeil-Essonnes, l'École régionale d'acteurs de Cannes... Il fonde la compagnie Corps à Sons, pour laquelle il écrit et met en scène des spectacles-musicaux en prise avec la violence sociale de notre temps.

 

Jim Clayburgh , création lumières

Jim Clayburgh est l’un des membres fondateurs du Wooster Group et leur scénographe de 1976 à 1998. Il a réalisé les décors pour des productions au Salzburg Festival,The New York Shakespeare Festival, The Ontological-Hysteric Theater, Mabou Mines, ainsi que pour la Cie Isabella Soupart. Il a également été concepteur lumière dans le domaine de la danse, notamment pour la compagnie Rosas, Douglas Becker, Compagnie Michèle Anne de Mey, Compagnie Pierre Droulers, Walpugis, En Knap, Ultima Vez. Il collabore avec Johanne Saunier sur l’opéra La légende du roi Dragon pour l’opéra de Lille et Bordeaux, et participe à la création d’opéras contemporains aux États-Unis et en Europe.

The Art of CallingPresse

 

À propos des Ballets Confidentiels lors de Paris Quartier d'Été

 

"Porte-drapeau éclatant de ces circulations tous azimuts, la danseuse et chorégraphe Johanne Saunier, en duo avec Ine Claes, a investi depuis le 15 juillet plus d’une dizaine de lieux, entre le Musée Picasso et Villetaneuse Plage. Certains jours, elles enchaînent différentes performances au gré d’un parcours fléché pour le public. « Et c’est incroyable comment les spectateurs nous suivent d’un endroit à l’autre, s’enthousiasme cette figure de la danse contemporaine, interprète historique d’Anne Teresa De Keersmaeker. C’est un marathon mais j’adore. Je découvre des endroits que je n’aurais jamais imaginés. » Avec ces Ballets confidentiels, tendance pop-up allant de 5 minutes à 45 minutes, sur des musiques de Miles Davis ou de Georges Aperghis, Johanne Saunier renoue avec le plaisir direct et le sens plein de son métier au contact « sans filtre » avec le public. Et la météo n’a qu’à bien se tenir." Rosita Boisseau, Le Monde

 

"On retrouve la rigueur des gestes de Johanne Saunier, acquise auprès d’ Anna Teresa de Keersmaeker et un sens de la mise en scène hérité de sa collaboration avec des artistes comme Guy Cassiers, George Aperghis, Ictus Ensemble, Luc Bondy. Ine Claes, elle, intéressée par les rapports entre mouvement, voix et arts visuels, apporte son talent de chanteuse aux textes qui, dans la pièce, reproduisent les méandres des discours intérieurs des personnages. Les chorégraphes ont réuni des extraits de La République du Bonheur de Martin Crimp, morcelés par des phrasés suivant les mouvements et répétés en vo et vf ; à l’instar du parlé-chanté haché des compositions textuelles de Georges Aperghis qu’elles ont choisies.
Malgré la gravité du propos, on reste dans la légèreté. Pas de discours paranoïaque : l’humour est au rendez-vous dans cette performance élégante et drôle, où mots et gestes se marient agréablement, réglés au millimètre. Une composition savante d’une grande finesse. " Mireille Davidovici, Théâtre du Blog

 

 

Malam / Night

Grace Tjang (Ellen Barkey)
Needcompany [Belgique]

"Je crée la nuit de mon observation et de mon imagination, mais aussi la nuit de mes souvenirs et de mon héritage parental."

MALAM / NIGHT : un titre double pour une double expérience. Installation plastique qu’il est possible de visiter librement et spectacle immersif lorsque la chorégraphe s'immisce dans la nuit pour y livrer un solo, vibrant à l’unisson des présences qui l’entourent.

Obsédée par la nuit, tourmentée par l'insomnie et inspirée à la fois par ses ancêtres et par le wayang, le théâtre d'ombres javanais, Grace Tjang (Grace Ellen Barkey, née à Surabaya) entre en dialogue avec l'obscurité et invite le public à partager une expérience méditative. MALAM / NIGHT, c’est d’abord une installation plastique, un monde nocturne qu’il est possible de visiter librement, où les images de plantes, d’ombres et de dessins lumineux prennent vie chacune à leur façon, créant un espace ouvert à l’inconnu. C’est aussi un spectacle immersif  lorsque la chorégraphe s’invite dans l’installation pour y livrer un solo, vibrant à l’unisson des présences qui l’entourent.

installation performative
3 > 4 Juin
ven 3 juin / 19:00sam 4 juin / 17:30sam 4 juin / 20:00

durée 1h
Coproduction / Première en France
tarif unique 12 € / 1 soirée 2 spectacles 18 € /
Malam / NightHOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Pour Grace Tjang

Il est bien connu que Grace a une grande admiration pour Louise Bourgeois. Elle n'a été vraiment reconnue que comme une grande artiste lorsqu'elle avait déjà dépassé les soixante-dix ans. Son combat avec le passé, son statut de femme, son attitude totalement non-conformiste envers le féminisme, avec la puissance solitaire de l'insomnie comme moteur. L'une des séries de dessins les plus sublimes qui soient est celle des Insomnia Drawings. Ce que certains membres du patriarcat considèrent comme une besogne domestique est en fait un cri primal fondamental ; sur son lit de mort, elle se sentait comme un animal blessé et traqué. L'insomnie comme arme puissante ne peut exister qu'à travers une vision sublime de la vie. C'est ce qui caractérise Grace : l'éternelle lutte pour ne pas ressentir la fatigue l'a conduite à une autre sublime série de dessins : la série Malam. Ici, pas de travail sur papier, mais des dessins, des esquisses, des gravures sur bois, des photographies et des vidéos qui brisent la nuit solitaire. La nuit est le moment le plus intime. Ce moment privé est effrayant. La nuit qui est évitée par l’ivresse. La nuit a été marquée par l'insomnie. La nuit où personne n'est le bienvenu. Avec MALAM / NIGHT, Grace brise le tabou du privé. La nuit devient hospitalière. Si l'art est un autoportrait du spectateur, quelque chose d'étrange se produit à Malam : la nuit devient un environnement accueillant où le spectateur devient un observateur. Grace accueille ce spectateur mais ne cherche pas à être claire. Elle ouvre les portes et ne les ferme jamais : son combat avec l'insomnie, l'identité et le fait d'être une femme dans un monde artistique masculin très étroit, est "exposé" ici sans être exhibitionniste. Le spectateur décide lui-même s'il veut être un participant ou un simple témoin. Lorsque le spectateur détourne le regard, il se rend compte que Grace Tjang va continuer la nuit sans lui. Parce que ses nuits sont éternelles.

Jan Lauwers

Malam / NightBIOGRAPHIE

 

Grace Ellen Barkey

Artiste, chorégraphe, danseuse et actrice, Grace Ellen Barkey est née à Surabaya (Indonésie). Elle habite et travaille aujourd'hui à Bruxelles. Elle est aussi la cofondatrice de la résidence d'artistes Needcompany (1986). Depuis 1992, elle crée ses propres spectacles, qui se situent à l’intersection entre le théâtre, la danse, la performance et l’art plastique. La dramaturgie de la musique, qui inclut des oeuvres de Gustav Mahler aussi bien que de Sonic Youth, joue un rôle principal dans ses spectacles. En 2013, le collectif d’avant-garde, icône américaine de la performance, The Residents, a écrit la musique pour son spectacle MUSH-ROOM. Avec FOREVER (2016), Grace Ellen Barkey pose les mêmes questions que Mahler: "Continuer à chanter la vie, encore et toujours, personne n’y arrive. La mort, ou plutôt la finitude des humains mérite elle aussi une chanson, une petite danse." PIE - Probabilities of Independent Events (2019), part quant à lui de chansons pop et folk de Zappa, de Queen et d'autres icônes de la pop. Elle remet en question la (im)probabilité des choses. Tout est possible. Elle ne peut pas échouer.

Grace Ellen Barkey construit ainsi progressivement une oeuvre visuelle qui lui est propre. À travers ses installations les plus récentes, elle cherche à transposer un espace en une dimension étroite et invite le spectateur à faire partie intégrante de son art sensoriel. Elle collectionne, filme et photographie les fleurs et les feuilles de son jardin urbain au coeur de Bruxelles ou des environs immédiats. “Un regard claustrophobe sur l'idée que l'homme est mortel et la nature éternelle. La beauté n'est belle que si elle est éphémère. Alors seulement elle possède une histoire.”

Son travail visuel a récemment été exposé au Witte de With Center for Contemporary Art (Rotterdam), au Poortersloge (Bruges), au CC Strombeek, au UZ Jette and au Coup de Ville (Sint-Niklaas). Grace Ellen Barkey formait avec Lot Lemm, le duo d'artistes Lemm&Barkey. Leurs créations ont notamment été exposées au BOZAR (Bruxelles), au musée Benaki (Athènes), au Musée des Arts décoratifs (Paris), au Centre Culturel de Strombeek, au musée Dr. Guislain (Gand), durant la Triennale de Hasselt / Superbodies.

 

Needcompany

Needcompany est une maison d’artistes fondée en 1986 par Jan Lauwers et Grace Ellen Barkey. Depuis 2001, Maarten Seghers est lié à Needcompany. Lauwers, Barkey et Seghers sont les piliers de cette maison où ils produisent l’intégralité de leurs œuvres artistiques : théâtre, danse, performances, art plastique, textes… Leurs créations montent sur les scènes les plus prestigieuses du monde entier.

Dès ses débuts, Needcompany se profile comme une compagnie internationale, innovante, qui manie plusieurs langues et disciplines. Needcompany met en exergue le rôle de l’artiste individuel. Tout part du projet artistique, de la véracité, de la nécessité, de la signification. La remise en question du médium est constante, de même que la quête de la qualité du message en relation avec son exécution concrète. Needcompany, c’est la qualité, la polyphonie et l’innovation. Needcompany, c’est une voix importante dans le débat social sur l’urgence et la beauté de l’art, et ce tant au niveau national qu’international.

Altamira 2042

Gabriela Carneiro da Cunha [Brésil]

Donnant la parole aux écologistes, artistes, personnes déplacées et bien sûr à la nature, Altamira 2042 n’est pas que du théâtre documentaire : c’est un puissant rituel d’exorcisme qui  offre à son principal protagoniste, le fleuve Xingu, l'exutoire d’une vengeance inattendue...

Au milieu de l’Amazonie, la construction du barrage hydroélectrique Bel Monte crée depuis 2012 une catastrophe écologique massive ravageant faune et flore locale, et déplaçant des milliers de personnes loin des abords du fleuve Xingu. Metteuse en scène, performeuse et chercheuse, révélée en France notamment grâce à la chorégraphe Lia Rodrigues, Gabriela Carneiro da Cunha a passé plusieurs années sur place, à l’écoute de l’environnement autant que de ses populations. Elle vous convie à partager son expérience : dans son installation performative immersive, l’interprète-chamane vous installe (littéralement) au cœur de la forêt, de sa force, de ses blessures, de ses mystères, de ses colères.

 

ven 03/06 à 19:00 rencontre avec Gabriela Carneiro da Cunha, animée par Sarah Authesserre, autour de Altamira 2042. Hall du théâtre.

sam 04/06 de 10:00 à 12:00 La Résistance des lucioles. Théâtres de l'Anthropocène. Rencontre avec Gabriela Carneiro da Cunha autour d'Altamira 2042 à la Maison de la recherche (D29) à l’invitation du programme Europhilosophie et du Centre Chorégraphique James Carlès.

Théâtre
3 > 4 Juin
ven 3 juin / 21:00sam 4 juin / 17:30sam 4 juin / 20:30
en partenariat avec l’Université Toulouse Jean-Jaurès / EUROPHILOSOPHIE et le Centre chorégraphique James Carlès

durée 1h
tarif unique 12 € 1 soirée 2 spectacles 18 €
Altamira 2042HOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Arriver chez quelqu'un, recevoir quelqu'un chez soi. Apporter un cadeau, offrir de la nourriture. Préparer le lit. Se sentir libre. Partager la table. Enlever ses chaussures.

Être face à une rivière, sentir la température. Regarder le courant. Parler à ceux qui connaissent les eaux. Demander la permission. Baigner son corps. Traîner ses pieds. Savoir qui y vit. La rivière est la maison de beaucoup de gens.

Entrer dans le théâtre. Préparer le théâtre. La lumière. La température. Les odeurs. Choisir la chaise. Éteindre son téléphone portable. Entrer dans le monde de quelqu'un d'autre.

Entrer dans le monde de l'autre et permettre à l'autre d'entrer dans votre monde nécessite une cérémonie, un rituel. Chacun invente le sien. L'hospitalité me semble être une diplomatie relationnelle quotidienne, pratiquée sinon dans toutes, du moins dans presque toutes les instances et moments de la vie. L'hospitalité peut être un art de partager l'espace et le temps. De permettre les rencontres.

Mon travail artistique est dédié à l'écoute des rivières qui vivent des catastrophes. Le déplacement et le temps sont pour moi des cocréateurs. J'entre dans de nombreuses maisons qui ne sont pas les miennes. Pour cela, je dois créer et, la plupart du temps, apprendre des formes codifiées d’hospitalité. Car chaque maison, chaque rivière, chaque théâtre a les siennes. Il faut voir et entendre avec les yeux et les oreilles grands ouverts.

Nous avons appris à écouter le Xingu grâce aux conseils de nombreuses personnes, parmi lesquelles Raimunda Gomes da Silva, une maîtresse de l'hospitalité cosmique car elle sait qu'elle partage le temps et l'espace avec une immensité d'êtres, humains et non humains. Une sagesse à réactiver par ceux que Davi Kopenawa appelle les "Commodity People".

Pour Altamira 2042, l'espace a été préparé avec des rituels qui permettent au théâtre de devenir fleuve et à ce fleuve, de rompre les barrages. À Toulouse, nous demanderons à la Garonne de bien vouloir nous être hospitalière.

Altamira 2042BIOGRAPHIE

 

Gabriela Carneiro da Cunha est une actrice, réalisatrice et chercheuse brésilienne. Au cours de ces cinq dernières années, elle a développé le Projet Riverbank : sur les rivières, les buiúnas et les lucioles, une recherche artistique consacrée à l'écoute et à l'amplification du témoignage des rivières brésiliennes qui vivent l'expérience d'une catastrophe. Ce projet a été conçu comme une réponse à l'Anthropocène, défini ici comme "le moment où les hommes cessent de craindre la catastrophe pour devenir eux-mêmes la catastrophe".

La première étape a été créée à partir du témoignage de la rivière Araguaia et s'est tenue en 2015 avec la pièce Guerrillas ou Pour la Terre il n'y a pas de personnes disparues, sur les femmes qui ont combattu dans l'Araguaia Guerilla Group. Après avoir été programmée à Rio de Janeiro, São Paulo, Curitiba, Porto Alegre et Brasília, en 2019, la pièce a été présentée dans neuf villes de la région où elle a été présentée où les conflits avaient réellement eu lieu. Pendant un mois et demi, la compagnie a organisé des présentations, des ateliers et des débats.

En 2019, elle crée au Festival international de théâtre - MITsp la performance installation Altamira 2042, deuxième étape de ce projet de recherche, cette fois-ci créée à partir des témoignages du fleuve Xingu sur la catastrophe provoquée par le barrage hydroélectrique de Belo Monte.
Cela lui vaut de recvoir la bourse Faperj d'encouragement à la création artistique, l'expérimentation et la recherche artistiques, ainsi que la bourse de formation artistique Funarte, la résidence Oi Futuro Artsônica, la Fondation Prince Claus et l'Institut Goethe. Des réponses culturelles et artistiques aux changements environnementaux.

Au cours de sa carrière théâtrale et cinématographique, elle a travaillé avec des metteurs en scène tels qu'Ariane Mnouchkine, Georgette Fadel, Cibele Forjaz, Grace Passô, Eryk Rocha, Heitor Dhalia et Lia Rodrigues.

 

Altamira 2042Presse

 

Le Brésil, sujet unique et multiple de Passages transfestival à Metz

Blog de Médiapart, Jean-Pierre Thibaudat (10.09.21)

 

18h30, le public est regroupé devant l’entrée de la basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains au centre de Metz non loin du vieil Arsenal transformé depuis longtemps en lieu culturel et, cette année, quartier général du festival Passages. Une voix demande des « femmes féministes » un peu comme on demande un médecin lorsqu’un spectateur a un malaise. La majorité des femmes présentes se précipitent. Et entrent les premières. On en retrouvera plus tard un échantillon dans la pénombre tapant avec un marteau sur un clou ou je ne sais quoi tandis que d’autres spectateurs des deux sexes taperont sur des percussions ou agiteront des hochets de fortune. Cette séquence « participative » sera là le seul moment un peu faible d’Altamira 2042, un spectacle envoûtant conçu, interprété et orchestré par Gabriela Carneiro da Cunha qui en signe également la mise en scène avec Xingu River.

Chacun est assis par terre ou sur une chaise dans la moite et quasi noire pénombre de la basilique et suit la silhouette de Gabriela passant entre les corps. Elle revêt bientôt sa tenue de guerrière : corps nu, mince ceinture de tissu autour du ventre et tête casquée d’une boîte lumineuse semblable à celles qu’elle va disposer sur le sol parmi les spectateurs. Chaque boîte émet une brassée de sons. Pépiement d’oiseaux, feulement animalier, herbes vibrantes, arbres bruissants, caquètements d’insectes, brises de vents et d’eaux en veux-tu en voilà encore. Chaque boîte lumineuse mise en route grossit le concert entamé par les précédentes boîtes. Dans le noir, le son est roi, la forêt amazonienne nous arrive ainsi par l’oreille et les eaux de la rivière Xingu. À la fin, des sons de scies électriques et autres engins de chantier viennent inquiéter l’ambiance par le jeu répétitif de leurs impériales stridences. Sur l’un des murs de la basilique, des phrases projetées évoquent plus ou moins nettement la construction du barrage de Belo Monte dans l’état brésilien du Pará.

« L’entaille béante de Belo Monte sépare deux mondes. D’un côté, le dynamisme de la septième économie mondiale, ses besoins énergétiques gigantesques, sa volonté de désenclaver ses régions les plus pauvres et d’offrir des emplois à des milliers de Brésiliens. De l’autre, la protection des Indiens menacés d’être chassés de ces terres où ils vivent depuis des temps immémoriaux et la préservation du bassin amazonien, poumon vital pour l’Amérique du Sud et la planète entière. » écrivait le Monde au moment de la construction du barrage.

Lula, dans l’opposition, était contre le barrage, arrivé au pouvoir il modifia sa position. Projetées par un casque de chevalier qui enserre le crâne de l’artiste, les images tremblent et tournoient sur les murs de la basilique, à plusieurs reprises apparaît l’explosion d’un barrage. Mirage, non beau miroir, semble dire la princesse nue aux yeux d’acier, maîtresse de ce spectacle irracontable.

Sans que cela soit dit ni même voulu, Altamira 2042 peut apparaître comme un hommage au geste de la jeune Tuira. C’était en 1989 dans une grande salle d’Altamira, on présentait le projet du barrage. Les neuf chefs indiens de Xingu, le chanteur Sting, la presse, tout le monde est là pour écouter l’envoyé du gouvernement défendre le projet. Il commence à parler. Alors une jeune Indienne se lève, nue, fait tournoyer sa machette et la colle contre la joue du représentant du gouvernement. La photo fera le tour du monde. Le projet verra en partie racornie ses visées pharaoniques. La plaie demeurera.

C’est cette entaille, cette plaie, ce lamento que Gabriela Carneiro de Cunha met en scène et met en corps. À la fois soliste et chef d’orchestre de ces instruments lumineux et sonores qui clignotent dans la nuit comme autant d’alertes.

Banquet Capital

Sylvain Creuzevault

"L’histoire ne fait rien, c’est l’homme, réel et vivant, qui fait tout." Karl Marx

13 mars 1848, de retour d’insurrection dans les rues de Paris, le cercle des républicains réuni autour de Raspail a bien besoin de boire et manger. Corps et esprits sont échauffés par l’âpreté de la lutte. Après 18 ans de Restauration, la IIe République enfin proclamée moins d'un mois auparavant est déjà confisquée au peuple par la bourgeoisie libérale. Le travail et sa valeur se présentent alors comme l’enjeu majeur de ce qui se trame, en lien avec l’idéologie capitaliste qui assied son emprise. C’est dans le chaudron originel de notre histoire contemporaine que plongent Sylvain Creuzevault et son collectif, y précipitant ensemble les forces à l’œuvre pour sentir comment cela bouillonne et se noue. Corps des acteurs, corps historiques et corps social mêlent leur chair pétrie d’espoirs, de passions et de contradictions pour donner naissance au monstre que l’on appellera Histoire. Se mettant en bouche et en tripes ce qu’auraient pu dire Blanqui, Louis Blanc, Engels, Jeanne Duval et les autres, les comédien.nes portent une parole épique à l’opposé d’un discours politique : mue par cet imprévisible et cette opacité des idées en train de se tramer, malaxée par les cahots du présent. Une épaisseur de vie permise par un intense travail de création au plateau, qui ne cesse de muter. Depuis sa première version présentée à Garonne en 2014, la pièce a vécu et évolué. Le public est désormais invité à venir partager le banquet à la fin – comme celui qui mit le feu aux poudres en son temps –, pour continuer à tisser de façon conviviale l’alchimie de cette parole vivante.

Théâtre
19 > 21 Mai
mer 19 mai / 20:00jeu 20 mai / 20:00ven 21 mai / 20:00
présenté avec le Théâtre Sorano

durée 1h40
Réservé aux adhérents tarif 12€ / Autres tarifs : billetterie du Sorano
sorano
Banquet CapitalBIOGRAPHIE

 

Sylvain Creuzevault

Cofondateur du groupe D’ores et déjà, il signe sa première mise en scène en 2003 (Les Mains bleues de Larry Tremblay), puis monte en 2005 Visage de feu de Marius von Mayenburg. À l’Odéon, il participe à la création de Fœtus, dans le cadre du festival Berthier’06, puis met en scène Baal de Brecht (2006, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris). Le père tralalère, créé au Théâtre-Studio d’Alfortville en 2007, est repris à la Colline, où il met en scène Notre terreur (2009). Il travaille au Deutsches Schauspielhaus (Hambourg 2009) où il crée La Mission de Müller. Viennent ensuite à la Colline, toujours dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Le Capital et son Singe (2014 et 2016), Angelus Novus AntiFaust (créé au Théâtre national de Strasbourg). En 2018, après avoir adapté Les Démons de Dostoïevski, il a monté Les Tourmentes, d’après Mallarmé et Jack London (MC93 Bobigny), ainsi qu’une nouvelle version du travail sur Marx, Banquet Capital. Il retrouve Dostoïevski avec L’Adolescent (Odéon, 2019, festival des écoles du théâtre public). Le romancier russe lui inspire également Le Grand Inquisiteur (2020). En 2021, il fonde les Conseils Arlequins, École du Parti. Cette école oriente son travail pédagogique sur la formation de l’acteur autour de l’œuvre L’Esthétique de la résistance de Peter Weiss. Les premiers travaux seront présentés au cours de la saison 22/23, entre autres le spectacle de sortie du groupe 47 de l’école du Théâtre national de Strasbourg.

Banquet CapitalPresse

 

« Si depuis les mots ont été galvaudés, les pensées perverties, le jeune metteur en scène et ses comédiens, tous excellents, mêlent avec virtuosité passé et présent, réveillent les consciences et donnent aux révoltes d’aujourd’hui la hauteur qui leur manque. Éclairé par les facéties hilarantes de Léo-Antonin Lutinier, la gouaille  de Noémie Zurletti et la faconde féroce d’Arthur Igual, pour ne citer qu’eux, Banquet Capital est un morceau de bravoure, une performance uppercut qui force à réfléchir, à repenser ses propres valeurs. Bravo ! » Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, L’œil d’Olivier

 

« Au centre de l’espace bi-frontal, les comédiens jouent souvent à la table. C’est en fait une véritable prouesse de nous tenir en haleine dans un spectacle avec autant de références historiques dont la plupart nous sont sorties de la tête. On parvient toujours à se raccrocher à une citation, à une réflexion, et on effectue le parallèle avec la propre actualité qui nous environne. Et puis il y a une telle vivacité et une telle espièglerie dans le jeu qu’il est difficile de décrocher. La pièce s’achève par un face à face autour de la marchandisation de l’économie et l’ensemble des comédiens entonnent le chant révolutionnaire La Semaine sanglante de Jean-Baptiste Clément écrite en 1871 à Paris. C’est un spectacle fougueux et énergique dont on sort un peu plus érudit qu’en entrant. C’est la magie du théâtre ! » Stéphane Capron – Sceneweb.fr

 

« Banquet Capital est un collage burlesque d’auteurs, d’époques, de registres qui ne s’est pas donné de limites. Les prouesses et les improvisations s’enchaînent. Grand moment : la vertigineuse bagarre théorique sur la valeur d’une marchandise. Ou le procès ubuesque fait à ce club d’insurgés qui ont donné leur nom à tant de boulevards : François- Vincent Raspail, Armand Barbès, Louis Blanc, Auguste Blanqui… Des Gilets jaunes du 19è siècle au verbe haut, shootés à la lecture de Lacan et de Charles Fourier. » Valérie Hernandez, Lokko

 

« Aucune reconstitution historique, cela va sans dire de la part de cette équipe, mais plutôt une reconstruction libre. C’est la méthode Creuzevault : on lit Le Capital de Marx (l’illustre arrive dans le spectacle en retard avec son visage très reconnaissable et le teint rouge comme s’il sortait d’un banquet bien arrosé ou d’une manif qui a mal tourné), on lit et relit les mémoires et les écrits des héros de cette Révolution politique et sociale, on lit tout aussi bien des tas d’écrits d’aujourd’hui, de Foucault au Comité invisible. Et, lesté de tout cela, on part dans de longues séances d’improvisation organisées par Sylvain Creuzevault. C’est comme cela que sont nés ces moments festifs d’économie politique du spectacle où le théâtre et ses facéties deviennent le bras séculier de l’analyse. On fixe sans tout fixer. On pose des balises, des repères, des rendez-vous. On préserve l’aléatoire, le surgissement du présent. C’était cela il y a quatre ans, cela l’est plus encore aujourd’hui, d’autant qu’il y a plusieurs reprises de rôles. La troupe est effective mais elle n’est pas un corset. » Jean-Pierre Thibaudat, Le blog de Mediapart

 

« Répliques débitées comme des tirs de mitraillettes, monologues nerveux et engagés, le tout assaisonné d’un humour enflammé, bienvenue dans une AG de l’ancien monde aux élans très nouveau monde… Car si on a en sous-texte Le Capital de Karl Marx ou les faits historiques, les situations sont délicieusement anachroniques et pour sûr, très actuelles : valeur du travail, instrumentalisation d’une manif, surveillance de l’État… Le capitaliste « Dieu mangeur ou l’art de vivre goulûment de sa propre mort » en prend pour son grade au gré de logorrhées absurdes et terriblement drôles. Gardons le dessert comme surprise sur le gâteau : un « procès » jubilatoire, entre autre, d’un « laxatif de l’Assemblée Constituante »… Mettez-vous à table, ce banquet est un régal! » Romain Rouge, Putsch

Practicing Empathy #3

Yasmeen Godder [Israël]

« Pourrions-nous être hospitaliers envers nous-mêmes ? » Yasmeen Godder

Journal intime de l'année écoulée – alternant les moments d'isolement, de contraintes ou de découverte de soi, Practicing Empathy #3 peut aussi se voir comme un manuel de survie en temps de crise. Explorant les effets de la pandémie sur notre capacité d’empathie, ce solo de Yasmeen Godder (le premier de la chorégraphe en 25 ans de carrière !) pose par son propre corps autant que par ses mots des questions qui traversent chacun·e d’entre nous – et n’ont rien perdu de leur actualité : qu'est-ce qui nous permet de nous connecter aux autres, ainsi qu'à nous-mêmes ? Quelles nouvelles pratiques et rituels inventer pour accueillir sans peur ni méfiance les fils complexes qui tissent nos vies ? Finalement : comment habiter le monde, et faire qu’il ne nous reste pas étranger ?

danse théâtre
10 > 11 Juin
ven 10 juin / 20:00sam 11 juin / 20:00

durée 1h10
Première en France
Tarif unique 12 €
Practicing Empathy #3HOSPITALITÉS

En quoi la thématique des Hospitalités résonne-t-elle pour vous avec la présence de votre spectacle dans cette édition d’In Extremis ?

 

Je considère l'hospitalité comme la capacité de laisser entrer quelqu'un d'autre, peut-être même un parfait étranger, dans sa propre "maison" – un lieu sûr de vulnérabilité et d'intimité, qui est généralement fermé au monde extérieur.

Ceci est très lié à ma recherche sur l'empathie au cours des trois dernières années, qui se concentre sur le développement de la curiosité, de la porosité et de la flexibilité dans l'approche et l'interaction avec les autres, et sur la découverte de la façon dont cela pourrait également résonner au-delà de la performance, dans les pratiques de vie. Practicing Empathy # 3 est la troisième œuvre de la série, un solo, sur lequel j'ai travaillé pendant près d'un an au Studio, et qui est un résultat direct des fermetures en Israël en raison de l'épidémie de coronavirus et de mon incapacité à travailler avec mon entreprise. Dans cette pièce, la question de l'empathie a été redirigée vers moi-même, ce qui a suscité des réflexions sur ce qui était alors nouveau pour moi : "l'auto-empathie".

Pour en revenir à l'hospitalité, voici quelques questions qui ont émergé de ce solo : Pourrions-nous être hospitaliers envers nous-mêmes ?  Est-il possible pour moi d'habiter mon propre univers fragile ? Et puis-je être hospitalier envers moi-même tout en accueillant les autres ?

Practicing Empathy #3BIOGRAPHIE

 

Yasmeen Godder est née à Jérusalem en 1973. Elle s’est formée à la Tisch School of the Arts de New York. Depuis la création de sa compagnie en 1999 en Israël, elle développe un travail personnel très engagé. Par leur intensité et leur impact, ses oeuvres, non dénuées d’humour, obtiennent une large reconnaissance internationale. Elle a fondé le Yasmeen Godder Studio en 2007, qui est le siège de tous ses projets : créations, répétitions, cours ponctuels ouverts au public et ateliers avec Search Engine - centre contemporain des arts du spectacle, dirigé par son collègue Itzik Giuli.
Au théâtre Garonne, elle a présenté le duo Two Playful Pink (2004), Climax (2015), et Demonstrate Restraint (2018) avec Tomer Damsky (créé à Garonne).

Practicing Empathy #3Presse

 

Yasmeen Godder : un one-woman show dans une foire au Pays des Merveilles.

 

Ora Brafman, The Jerusalem Post, 26.09.21 (Traduction)

La chorégraphe et danseuse Yasmeen Godder est un nom éminent de la scène de la danse contemporaine depuis plus de deux décennies. Sa dernière création Practicing Empathy #3 qui fait partie d'un ensemble sous le titre plus large de Practicing Empathy - commencée en 2019 - est composée de trois pièces distinctes. Les deux premières créations de cette série impliquent des spectateurs et des danseurs dans des espaces de performance informels, pratiquant des actions qui renforcent leurs liens par une implication émotionnelle, ouvrant la voie à un degré croissant d'empathie impliquant la confiance, qui en est l'objectif désigné.

Des techniques similaires ont été utilisées dans certaines des créations antérieures de Godder. Elle souhaitait trouver des façons d'étudier la question par divers moyens verbaux et corporels qui pourraient finalement être exprimés par la danse.

Le processus qui a permis l'interaction entre le public et les professionnels de la danse, a conduit à gommer les frontières scène salle en se produisant dans un espace non hiérarchisé, et en créant des rencontres étroites qui ont conduit à ces contacts humains empathiques, une idée plutôt fraîche et stimulante.

Godder avait initialement prévu de faire l'E.P. n°3 comme un travail de groupe. Sous les contraintes du COVID-19, elle a décidé de se produire en solo pour la première fois, après des années de travail avec son groupe. La performance a eu lieu sur la scène du Centre Suzanne Dellal, qui était entourée pour l’occasion de chaises pour plus de 50 spectateurs.

Godder a commencé par une longue série de sauts énergiques accompagnés de gestes déterminés des mains et des pieds, tout en veillant à garder un contact visuel avec chaque spectateur. Elle a notamment gagné en endurance et semblait plus fluide qu'auparavant en sillonnant l'espace central. Il était surprenant de l'entendre dire que la danse en solo ne lui semblait pas naturelle. Je ne l'aurais pas deviné, car cette section a démontré un sens du spectacle serré et concis, qui s'est traduit par des sous-entendus faciaux inhabituellement expressifs, comme si l'on pouvait voir ses pensées et émotions intérieures fugaces ou imprévues.

Entre les scènes, Godder a présenté plusieurs magnifiques objets sculptés en fibre de verre, doux et colorés, fabriqués par le talentueux Gili Avishar, et a cherché des moyens de les utiliser, ce que l’on ne peut manquer de désirer faire avec de tels accessoires.

La scène suivante, inattendue, s'est avérée être une véritable session d'atelier. Godder a demandé aux spectateurs de fermer les yeux et de se laisser guider par une sorte de conseil spirituel et d'imagerie guidée. Les lumières de la scène sont éteintes et Godder s’est assise sous le seul projecteur, éclairé comme il sied à un maître. Le sujet de cette scène s'inscrivait dans le contexte, mais était un peu décalé par rapport au déroulement attendu de la soirée.

La dernière partie a permis à Godder d’aller encore plus loin, tout en restant dans sa zone de confort. Elle était la one-woman show d'une foire imaginaire, offrant un spectacle délicieux et divertissant à l'éclat d'un Pays des Merveilles. Elle a attaché à son corps un engin sur lequel étaient fixées deux grandes poupées, ce qui a permis au "trio" de danser et d'être joyeux tandis que les poupées souples se balançaient en se synchronisation avec ses mouvements, révélant une facette ludique : Godder est une femme à part entière.