ITALIA !
MDLSX / Cie Motus
10 Miniballetti / Colletivo Cinetico
Amore / Cia Scimone Sframeli
Hey / Cie MK & Duo Sigourney Weaver
Supernova / Livia Ferracchiati
La vita ferma / Lucia Calamaro
MDLSX / Cie Motus
10 Miniballetti / Colletivo Cinetico
Amore / Cia Scimone Sframeli
Hey / Cie MK & Duo Sigourney Weaver
Supernova / Livia Ferracchiati
La vita ferma / Lucia Calamaro
27 SEPTEMBRE > 7 OCTOBRE
Une escapade italienne qui vous convie à découvrir la richesse de la scène transalpine. Elle a été imaginée avec la complicité de Francesca Corona (festival Short Theatre à Rome) et accompagnée par Rosalba Ruggieri (de la compagnie Scimone-Sframeli).
Loin des clichés et des sentiers battus, deux semaines qui se jouent des générations, des disciplines et des esthétiques en invitant figures renommées (Scimone-Sframeli, Motus, Lucia Calamaro) et nouveaux venus en France (MK, Collettivo Cinetico, Livia Ferracchiati). Une occasion immanquable de se plonger dans la vitalité artistique d'un pays en pleine effervescence : Italia !
Durant cette période, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini seront en résidence pour préparer leur prochaine création Deserto rosso d'après Antonioni.
Tarif spécial ITALIA ! 6€ le second spectacle (pour une soirée).
Contact Presse
Bénédicte Namont
b.namont@theatregaronne.com
+33 (0)5 62 48 56 52
Assistée d'Ida Jakobs
i.jakobs@theatregaronne.com
Cette compagnie iconoclaste a développé une réputation internationale pour sa capacité à brouiller les frontières théâtrales en matière de formes et de contenus.
New York Times
Dans MDLSX (pour Middlesex, roman de Jeffrey Eugenides au héros hermaphrodite) l’actrice Silvia Calderoni ne fait pas du théâtre : elle le dynamite. Seule au milieu du public, traversée par les musiques des Smiths, buddy Holly ou Stromae, et mêlant sa propre image filmée à des images documentaires, la performeuse bombarde un monologue cinglant qui joue des frontières sexuelles, autant que des normes sociales et des canons artistiques. Récits autobiographiques et citations littéraires s’entrechoquent, la jeune femme mise à nue se fait de plus en plus androgyne, et au terme d’une heure vingt de cet électrisant manifeste queer, c’est un public sonné qui se retrouve dévêtu de ses plus élémentaires assurances : non, en matière de genre, le choix ne se limite pas au masculin OU au féminin...
"LE CHANGEMENT NÉCESSAIRE EST TELLEMENT PROFOND QU’ON SE DIT QU’IL EST IMPOSSIBLE, TELLEMENT PROFOND QU’ON SE DIT QU’IL EST INIMAGINABLE. MAIS L’IMPOSSIBLE EST À VENIR ET L’INIMAGINABLE EST DÛ".
PAUL B. PRECIADO, LE FÉMINISME N’EST PAS UN HUMANISME.
DJ SET 30 septembre 22h30 : "Octopussy party", dj set de Silvia Calderoni
en italien surtitré
avec Silvia Calderoni
mise en scène Enrico Casagrande, Daniela Nicolò
dramaturgie Daniela Nicolò, Silvia Calderoni
son Enrico Casagrande en collaboration avec Paolo Panella, Damiano Bagli
lumières et vidéo Alessio Spirli
production Motus 2015
en collaboration avec La Villette - Résidence d’artistes 2015 Paris, Create To Connect (EU Project) Bunker/ Mladi Levi Festival Lubiana, Santarcangelo 2015 Festival Internazionale Del Teatro In Piazza, L’arboreto - Teatro Dimora Di Mondaino, Marche Teatro
avec le soutien de Mibact, Regione Emilia Romagna
créé en juillet 2015 au Santarcangelo festival (Italie)
Pour la compagnie Motus – fondée en 1991 par Enrico Casagrande et Daniela Nicolò – il n’y a pas de limites, pas de frontières entre pays, moments historiques ou disciplines, pas de séparation entre l’art et l’engagement civil.
Libres penseurs, ils amènent leurs spectacles à travers le monde, de Under the Radar (NYC) au Festival TransAmériques (Montréal), de Santiago a Mil (Chili) au Fiba Festival (Buenos Aires), ainsi qu’à travers toute l’Europe, en travaillant à des mélanges de formats expressifs, animés par la nécessité de se confronter à des thèmes, conflits, blessures de l’actualité.
Ils ont reçu de nombreuses reconnaissances, dont trois prix UBU et différents prix spéciaux pour leur travail sur Beckett, Pasolini, Genet, Fassbinder et des textes classiques tels qu’Antigone ou La Tempête de Shakespeare.
Silvia Calderoni, comédienne de Motus à partir de 2005, a gagné de nombreux prix, dont les prix UBU comme meilleure actrice italienne (2009), MarteAwards (2013), Elisabetta Turroni (2014) et Virginia Reiter (2015).
AnimalePolitico Project a ouvert un front d’observation sur le Futur Proche avec The plot is the Revolution, une rencontre scénique entre les deux Antigones, Silvia Calderoni et l’indomptée Judith Malina du Living Theatre. À travers des ateliers, des performances et des actes publics, le parcours a conduit Motus aux créations Nella Tempesta et Caliban Cannibal (2013). En 2014, l’expérience créative du King Arthur, œuvre baroque sur une musique de H. Purcell et un livret de J. Dryden, a été pour Motus une première confrontation électrisante avec le théâtre musical. Le long voyage d’AnimalePolitico n’étant pas encore arrivé à sa fin, avec MDLSX (première à Santarcangelo Festival 2015) et Panorama (2018) la compagnie entreprend un nouveau projet sur le thème de la limite / du conflit.
1991
Enrico Casagrande et Daniela Nicolo fondent la compagnie Motus à Rimini, Italie
2009
Silvia Calderoni reçoit le prix UBU de la meilleure actrice italienne
2013
création de Nella Tempesta et Caliban Cannibal
2014
création de King Arthur
2015
MDLSX
2018
Panorama
Brouillant volontiers les frontières entre les formats artistiques, ils s'intéressent aux questions de genres, à l'éternel conflit entre le masculin et le féminin.
Motus et Silvia Calderoni nous rappellent avec une force sidérante que placé dans son personnage, l’acteur n’est plus ni masculin, ni féminin.
Cette compagnie iconoclaste a développé une réputation internationale pour sa capacité à brouiller les frontières théâtrales en matière de formes et contenus.
La volonté de dépasser les limites imposées par les définitions se retrouve dans ce spectacle qui est à la fois du théâtre, de la performance et un DJ-set. Silvia Calderoni règne sur la scène comme si c’était - et peut-être est-ce le cas – son territoire naturel.
MDLSX, histoire universelle, est racontée en monologue bercé de doux désespoir, au son d’une musique divine et de lumière dream-pop.
L’audience reste hypnotisée, touchée, surprise, moins pour l’incontestable beauté que l’on voit sur scène, que plus pour l’extrême et radical courage de la performeuse.
Silvia Calderoni irradie le plateau de sa présence, de son humour, de son urgence à être.
Un spectacle débordant de nostalgie et d’ironie qui ne fait rien moins que consacrer Francesca Pennini au panthéon des chorégraphes italiens.
Valeria Loprieno
Anthologie de ballets où, oscillant entre géométrie et tourbillon, l’élément aérien suscite une réflexion sur les limites du contrôle. Courants et tempêtes, ventilateurs et drones, oiseaux et grands jetés allégorisent la relation entre la chorégraphie et la danse. Un cahier d’enfance de Francesca Pennini, rempli de chorégraphies inventées mais jamais performées, fournit la partition à cette exploration. Machine à explorer le temps pour une archéologie impossible qui entraîne un échange plein de souffle, combine les volumes entre corps et espace, passé et présent, public et plateau et crée une géographie mobile, suspendue et consignée.
régie, chorégrahie, danse Francesca Pennini
dramaturgie et lumière Angelo Pedroni, Francesca Pennini
technique Angelo Pedroni
assistant Carmine Parise
musique J.S. Bach, B. Britten, Cher, G. Frescobaldi, G. Ligeti, H. Purcell, F. Romitelli, J. Strauss
coproduction CollettivO CineticO, Le Vie dei Festival, Danae Festival
résidences de création Teatro Comunale di Ferrara, L’Arboreto Teatro Dimora di Mondaino, Civitanova Casa della Danza, TIR Danza
Francesca Pennini (Ferrara, 1984) commence sa carrière en tant que gymnaste, puis elle se consacre à la danse contemporaine. Elle étudie au Balletto di Toscana, Laban Centre à Londres et elle explore une large gamme de disciplines : du butho à la plongée en apnée, des arts martiaux aux compétions de danse disco. Elle a travaillé comme danseuse pour Sasha Waltz & Guests. En 2007 elle fonde la compagnie CollettivO CineticO comme une toile flexible dʼartistes : plus de 50 membres de différentes disciplines, se concentrant sur le mouvement tout en gardant la structure de la compagnie elle-même dans une constante dynamique. Son travail croise les genres et les codes reformatant les règles de la performance, éprouvant la relation avec le spectateur, faisant se rencontrer différents types de corps et dʼespaces dans une approche rigoureuse mais néanmoins pleine dʼironie. Elle donne des conférences et des séminaires dans des musées et des centres dʼart (Biennale College Danza à Venise, MAXXI Museum à Rome…) et elle développe des outils et des méthodes didactiques pour une approche chorégraphique particulière également destinés aux danseurs non professionnels. Jusqu'à aujourdʼhui elle a créée 30 pièces en tant que chorégraphe de la compagnie, gagnant de nombreux prix : Giovani DanzʼAutori award ; Rete Critica Award / Meilleur artiste italien 2014 ; MESS meilleure jeune metteuse en scène 2014. Elle est nommée en tant que meilleure actrice/performeuse de moins de 35 ans pour le prix UBU en 2015 et elle gagne le Danza & Danza Award en tant que meilleure chorégraphe et interprète en 2015. ColletivO CineticO est en résidence au théâtre municipal de Ferrara « Teatro Comunale Claudio Abbado ».
2007
Fondation du CollettivO CineticO
2014
Prix de la meilleure artiste italienne / MESS du meilleur jeune metteur en scène
2015
Prix UBU de la meilleure jeune actrice / Danza Award de la meilleure chorégraphe-interprète
10 miniballetti est une exploration des possibilités du corps humain en dix tableaux. Comment vous est venue lʼidée de ce projet ?
Cela fait des années que mûrit en moi le désir de travailler sur mon propre corps. Après tant de créations avec CollettivO CineticO sur des corps spécifiques, non professionnels ou privés de langage chorégraphiques codifiés, jʼai ressenti le besoin de repenser mon rapport personnel avec la danse. Nous sommes partis pour notre premier solo dʼune base autobiographique : le carnet sur lequel, enfant, jʼécrivais mes chorégraphies. Pour autant que ce point de départ soit volontairement autoréférentiel, il déclenche une réflexion sur le rapport entre lʼécriture et le mouvement, entre la partition et lʼimprovisation et, plus en profondeur, une réflexion sur la possibilité de contrôle du corps et sur la nature variable de la dimension performative. Ma peur des volatiles mʼa fait réfléchir au lien entre le vol et le contrôle (lʼornithophobie se déclenche justement dans la crainte de perdre ce contrôle) et, entre lʼélément « air » et la danse, comme cʼest déjà le cas dans la tradition du ballet. Cela a été un petit défi pour moi et à chaque reprise, je retrouve le goût de la compétition purement sportive, ainsi que le goût de me dépenser, de me fatiguer, de donner un petit peu de moi-même.
Vous dansez sur des musiques dʼépoques et de styles différents, comment les avez-vous choisies et comment les abordez-vous chorégraphiquement ?
La première partie du spectacle est aussi une progression historique de composition pour clavecin. On part de Frescobaldi, compositeur du XVIIe siècle, de Ferrare (la ville où je suis née et où jʼai grandi) et en passant par Bach, on arrive au Continuum de György Ligeti. Jʼaime la friction entre le son doré, métallique et baroque du clavecin, la dimension gymnique fonctionnelle et le dépouillement de la scène. La seconde partie du spectacle, plutôt que dʼêtre structurée comme une progression, joue sur la variation. Nous avons choisi des morceaux qui pourraient connoter esthétiquement les exercices de style sur lesquels jʼinterprète toujours la même chorégraphie. Pour moi ils ont tous une forte valeur et reflètent la variété des époques et des mondes : de Purcell à Cher, de Britten à Romitelli, ou bien ce que lʼon repère comme de la pop à la musique contemporaine plus acide. Les deux éléments volants, lʼélément humain ou lʼélément technologique, traversent les airs respectivement sur La gazza ladra de Rossini (choisi pour le rappel à lʼoiseau noir dont il est question dans la dernière chorégraphie, et aussi parce que ce fut vraiment un morceau sur lequel je dansais à lʼécole élémentaire) et Voci di Primavera de Strauss (créant une atmosphère kubrickienne où la chorégraphie écrite pour le drone redessine la géographie dʼune scène inhabitée). Dans la dernière partie, la musique du spectacle se découpe en petits espaces de manière silencieuse ou parlée. Et ainsi la dramaturgie sonore rappelle celle dʼune playlist personnelle et morcelle le temps et lʼespace, comme une porte qui donnerait sur une pièce privée à lʼaspect par moment enfantin et par moment majestueusement baroque.
Vous employez un lexique scientifique pour évoquer votre spectacle (inertie, thermodynamique) et un drone survole la scène. Quels rapports établissez-vous entre la science et la danse, entre le corps et la machine ?
Je crois que lʼapproche scientifique accompagne le travail du CollettivO CineticO depuis toujours. Depuis ma plus tendre enfance je voulais être scientifique et danseuse. Angelo Pedroni (dramaturge et performer de la compagnie) a suivi une formation en mathématique et logique, mon père est chimiste. Dans 10 miniballetti ce nʼest pas tant lʼattention portée à la technologie qui a de lʼimportance pour moi, que la dimension didactique pas très sérieuse dʼinterprétation des quatre premières danses comme des expérimentations thermodynamiques sur le corps. Une sorte de diagnostic à travers le mouvement. Lʼair, avec ses courants et son énergie, est une matière que lʼon pourrait comparer à la danse elle-même. Cela me plaît que le drone puisse être interprété de différente manière… Pour moi il représente en même temps un danseur mécanique et prévisible, un système de contrôle militaire, un volatile paradoxalement sous contrôle, un ventilateur horizontal, un instrument musical qui se substitue au son du vent émis par le magnétophone vintage que jʼapporte avec moi sur scène. Cʼest justement sur le principe du contrôle que le corps et la machine se défient et dialogue.
Votre spectacle est drôle et plein dʼironie. Quelle place occupe lʼhumour dans votre travail chorégraphique ?
Sʼil est fondamental, il nʼest jamais prédéterminé. Les travaux du CollettivO CineticO absorbent non seulement les corps des artistes engagés, mais aussi les atmosphères des différentes phases de création… Pour moi divertissement et rigueur sont le binôme dʼun processus de création parfait. Lʼironie est un point de vue extérieur, un moyen dʼaccès direct qui permet dʼasseoir une esthétique. Cʼest un élément fondamental du sens obtus que peuvent prendre des contenus et je crois que cʼest fondamental dans lʼestime et la considération que lʼon porte au public.
Sergio lo Gatto, Teatro e Critica
Une dance indisciplinée au talent tonique et tellurique. (Rodolfo Di Giammarco)
Il y a une ironie joyeuse dans ce spectacle du CollettivO CineticO. Le corps évolue avec la précision d’une machine. Francesca Pennini a les talents d’une contorsionniste et le charme d’une danseuse alors que, s’élevant dans les airs et dansant au rythme de symphonies, les objets technologiques visent à l’intelligence humaine. Cette précieuse création fait office de leçon semi-sérieuse qui laisse le spectateur autant amusé que stupéfait. (Adrea Pocosgnich)
Une rare et séduisante qualité physique ressort de sa maîtrise du corps et du geste, tout particulièrement quand le mouvement s’accélère et tourbillonne : le regard de Francesca, l’expression de son visage, son corps et ses airs androgynes. C’est à la fois une athlète de la scène, une ballerine-actrice à l’expressivité incontestable et une danseuse à la technique aussi vigoureuse qu’impeccable. (Sergio lo Gatto)
10 miniballetti ne parle que de danse mais s’adresse à tout le monde. Parce que la grâce du geste chorégraphique de Francesca Pennini est appréciable par tout le monde, parce qu’il conserve intact l’ironie et le désenchantement de l’enfance et nourrit un dialogue incessant et inclusif avec le public, qu’elle implique dans son tribut à la danse. (Sarah Curati)
Parce que, étant vieux, mon amour, nous pouvons faire tout ce qu’on a oublié de faire étant jeunes.
Spiro Scimone, Amour
Le petit vieux se plaint que sa femme « contrôle sa couche-culotte ». La petite vieille regrette que son mari ne lui mette plus la langue dans sa bouche. Le pompier souhaite tartiner le derrière de son Commandant de crème rafraîchissante. Et ce dernier lui reproche de trop le coller ou de le bouder. Servi par un dialogue enjoué qui fait la part belle à la farce et aux allusions tour à tour graves et grivoises, la nouvelle pièce des Scimone-Sframeli baigne dans la poisse amoureuse.
Installés au bord de deux pierres tombales, les personnages s’entretiennent sur l’être-ensemble dans le trivialement intime. Les phrases fusent du tact-au-tac au gré de répétitions insistantes qui, garantes de l’élan comique, disent le lien, l’attachement sentimental et la tendresse. « Notre point de départ à Francesco et à moi, ce sont les rapports humains, vraiment humains – la relation "entre". Pour nous, c’est ça le fondement du théâtre » confie Scimone.
Mais, dans le même temps, les acolytes siciliens questionnent avec justesse l’humiliation de l’âge, les menaces à l’intimité amoureuse, la honte du désir homosexuel, et la peur d’articuler ses sentiments – tout ce fatras obscène soudain exposée à vue. Assis, attendant leur dernière heure, les deux couples se rapprochent, partagent la même couche. Et au moment-même où ils oublient les saveurs de la jeunesse, jouissent d’une liberté dont peu peuvent se réclamer.
"Quand j’écris, je cherche à imaginer les corps et les mouvements auxquels ces mots sont consacrés. Je ne poursuis pas des simples provocations mais rien d’autre que le théâtre, dans sa vérité et spontanéité, par un travail d’équipe fondamental."
Spiro Scimone
« Cecchi nous a appris quelque chose qu’il avait lui-même appris de Jouvet. Chez nous, l’acteur part toujours de sa voix, de sa diction. Il se concentre sur la manière de dire un mot, sur la manière dont il doit le prononcer en fonction de son partenaire qui lui donne la réplique. En fait, cela doit être le contraire. La voix doit naitre d’une posture du corps, c’est ce que doit travailler un acteur. Il faut qu’il arrive à se laisser aller complètement, pour qu’à travers le rapport qui se crée, à travers la concentration, il arrive à produire une voix que lui-même ne connait pas. Nous l’avons compris en tournant le film Due Amici. C’est là la véritable manière artisanale de faire du théâtre. Personnellement, j’entends m’immerger complètement dans ce travail. Mais c’est aussi pour cela qu’on n’en vient jamais à bout. C’est une croissance continuelle, une recherche perpétuelle. C’est également pour cela que c’est intéressant, sinon quel ennui ! C’est pour cela que nous avons choisi de nous y mettre à deux et de commencer notre exploration ensemble, sinon on n’arrive à rien. Alors que nous voulions arriver à faire ce que nous nous étions promis. »
Francesco Sframeli
Conversation avec Gianni Manzella
en italien surtitré
texte Spiro Scimone
avec Francesco Sframeli, Spiro Scimone, Gianluca Cesale, Giulia
régie Francesco Sframeli
décors Lino Fiorito
création lumière Béatrice Ficalbi
assistant à la mise en scène Roberto Bonaventura
directeur technique Santo Pinizzotto
administration Giovanni Scimone
construction décor Nino Zuccaro
traduction Jean-Paul Manganaro
production compagnia scimone sframeli
en collaboration avec théâtre Garonne - scène européenne Toulouse
Ils sont nés tous deux en 1964, à Messine, ville portuaire industrielle du Nord-ouest de la Sicile, et ont étudié ensemble l’art dramatique à Milan avant de rencontrer le metteur en scène Carlo Cecchi au Teatro Garibaldi à Palerme. Spiro et Francesco jouent dans sa trilogie Shakespeare al Teatro Garibaldi composée de Amleto, Sogno di una notte di…et Misura per Misura, (novembre 1999 au théâtre Garonne).
En 1990, ils fondent ensemble la compagnie qui porte leur nom et Spiro Scimone se met à écrire pour leur duo. Séduit par l’écriture théâtrale acérée des dialogues écrits en dialecte sicilien de Messine, Carlo Cecchi met en scène Nunzio. Avec cette première pièce composée avant l’âge de trente ans, Spiro Scimone reçoit les plus hautes distinctions théâtrales italiennes : le prix IDI de « nouvel auteur » et la médaille d’or IDI pour la dramaturgie ; en 1994, il reçoit le prix spécial UBU. Due Amici, l’adaptation au cinéma de Nunzio, recevra le prix du meilleur premier film lors de la Biennale de Venise en 2002.
Apres Bar (1996), écrit en sicilien, nouvelle variation sur le thème de l’amitié, Spiro Scimone choisit l’italien pour La Festa (La Fête), créée en 2000 - et pour Il Cortile (La Cour), en 2004 : "Je ressentais le besoin d’éprouver la musicalité d’une autre langue. Le son du sicilien est grave, profond, ferme, percussif et métallique. La langue italienne est moins heurtée, mais permet le même genre de rythmique." Dans sa dernière pièce, La Busta (L’Enveloppe), en italien, créée en 2006, Scimone change de registre pour exprimer une inquiétude, une violence sourde plus proche de Kafka.
Le théâtre de Spiro Scimone est aujourd’hui traduit dans plusieurs langues ; en France, la Comédie Française a présenté La Festa en 2007, dans une mise en scène de Galin Stoev.
L’auteur Spiro Scimone est aussi acteur, dans la grande tradition italienne, de Dario Fo ou Eduardo De Filippo. Il s’est mis à écrire non par besoin, mais dit-il : pour imaginer une partition à jouer, un matériau dont se saisissent le corps, l’âme et la voix afin de la transformer en langue de théâtre. Complices de longue date, Spiro Scimone et Francesco Sframeli partagent le goût d’un théâtre artisanal, ancré dans le corps, profondément humain. Avec d’autres, ils interprètent les textes de Scimone, composés comme des « partitions à jouer ». Une langue stylisée, drôle, incisive, où se mêlent l’absurde et le quotidien.
Au fil des pièces, s’exprime toujours l’idée d’une humanité aux prises avec une violence plus ou moins cachée, dans un monde saturé d’égoïsme et d’intolérance. Déjà Il Cortile était un lieu de refuge, en marge d’une société hostile. Les quatre personnages de Pali, prennent de la hauteur et s’accrochent à des poteaux…
1990-1993
Emigranti de Mrozek, mise en scène de Massimo Navone. Puis En attendant Godot de Samuel Beckett, Memorandum de Havel.
1994
Création de Nunzio en sicilien de Messine, au Festival de Taormina Arte, mise en scène de Carlo Cecchi.
Prix IDI « Autori Nuovi » et en 1995 : médaille d’or IDI « Dramaturgie ».
1997
Création de Bar, en sicilien, au Festival de Taormina Arte, mise en scène de Valerio Binasco.
Spiro Scimone et Francesco Sframeli sont lauréats du prix UBU, respectivement au titre de « nouvel auteur » et de « nouvel acteur ».
1999
Création de La Festa en italien, mise en scène Gianfelice Imparato.
Prix Candoni Arta Terme de Nouvelle Dramaturgie 1997.
2001
Scimone et Sframeli dirigent et interprètent Due Amici, le film inspiré de Nunzio, production Médusa Film.
2003
Création en Sicile de Il Cortile en italien, dirigé par Valerio Binasco
2006
Création de La Busta en italien, au Théâtre de Messine, en Sicile, dans une mise en scène de Francesco Sframeli.
2009
Création de Pali en italien, au Théâtre de Asti, en Italie, dans une mise en scène de Francesco Sframeli.
2013
Création de Giù
Le théâtre Garonne a présenté l’ensemble du répertoire de la compagnie.
Scimone aime fouiller dans l’intimité des êtres, découvrir les liens qui les unissent. Il s’agit par le langage, les silences, l’interprétation, de porter sur scène l’expression de sentiments profonds, existentiels, qui côtoient sans cesse le tragique.
Evelyne Donnarel, Cent ans de théâtre sicilien, L’Harmattan, 2005
Le lieu est extrême : une tombe. Les personnages, « tous des petits Vieux », est-il précisé en exergue. Un vieil homme et sa femme : la vitalité (in)congrue de cette dernière essaie de redonner souffle aux quelques restes sentimentaux de leur folle vie d’autrefois que le temps a transformé en une régression dans un infantilisme exacerbé. Puis un couple d’hommes, un pompier et son commandant, l’un et l’autre se reprochant les incompréhensions dans lesquelles ils ont vécu. Dire ça pour dire l’amour, l’amour qui passe obligatoirement par la description de situations sexuelles sous-entendues : rien n’est clair mais tout est dit dans l’épaisse combinaison des mots et des répliques inlassablement répétées et redites, martelées comme les reprises d’une litanie angoissante. Rien n’est dit mais tout est clair : des mots en sourdine, rien que des métaphores, afin de ne pas dire vraiment le peu qu’il y aurait à dire, ce tout à ne pas dire semblable à la racine même du lieu culturel de Spiro Scimone. Un temps défunt et un espace de fin de partie : le monde est ici réduit à son minimum où l’obvie triomphe, rivé au clou de la truculence réitérée, telle une kyrielle à la fois poétique et viscéralement comique. Cela s’inscrit droit dans la lignée d’une ancienne manière comique en Sicile, le comique des pauvres qui traverse toute l’aire méditerranéenne, le comique de Giufà, mêlant fourberie, sottise et sagesse. Une logique de l’absurde qui résonne aujourd’hui comme un état de tous les lieux.
Jean-Paul Manganaro
C'est l'une des rares compagnies réellement indépendantes qui, sans avoir le soutien des théâtres officiels, a inventé un récit du présent, du “Je” contemporain surréel et visionnaire ; ce récit, enraciné dans une réécriture novatrice des expériences littéraires et dramaturgiques qui ont marqué le XXe siècle, de Beckett à Pinter, se caractérise par un langage qui trouve ses racines dans le dialecte sicilien à son tour révisité.
Anna Bandettini \ La Repubblica
Le Lion d’argent pour la danse a été décerné à Michele Di Stefano parce qu’il a amené à la chorégraphie un corps vibrant de musique qui s’accorde avec l’image de l’homme et son infatigable observation de la géographie et du paysage ; parce qu’il a choisi le langage de la danse pour susciter des voyages anthropologiques permettant de déceler en chacun d’entre nous des rémanences tribales révélées par des postures, des énergies irrégulières et la déconstruction d’espaces périmétrés. Par le corps, Michele Di Stefano illustre la faune et la flore qui, ensemble, à travers le geste dansé, nourrissent le pouvoir transformateur et salvateur de l’homme.
Motivation de la Biennale de Venise quand Michele Di Stefano a reçu le Leone d'Argento pour l’innovation.
Célébrée en Italie et en Europe depuis sa création en 2000, la compagnie MK s’associe ici avec le duo Sigourney Weaver (Biagio Caravano et Daniela Cattivelli) pour proposer un concert dansé : soit une série de chansons créées en offrande à l'avidité du corps des danseurs, qui multiplient les poses devant le micro à l’instant d’entamer les chansons. Une sorte de communion trompeuse où mots, souffle et mouvement se superposent, s'entre-croisent et s'électrisent frénétiquement, en cachant (mal) un désir perceptible de sérénité et d'harmonie, que seul le ramage final d'un oiseau providentiel viendra combler.
avec Philippe Barbut, Biagio Caravano, Daniela Cattivelli, Michele Di Stefano, Laura Scarpini, un imitateur d’oiseaux
musique Springbreakers, Wire, Madcon
lumière Roberto Cafaggini
chorégraphie Michele Di Stefano
production mk 2015 en collaboration avec MilanOltre
en partenariat avec Live Arts Week/project FRONTERIZO
avec le soutien de MIBACT
créé le 5 octobre 2015 au MilanOltre festival Teatro dell’Elfo, Milan (Italie)
Fondée en 1997 et basée à Rome depuis 1999, la compagnie MK travaille autour d’une ligne autonome et auto-poétique, se concentrant sur la recherche corporelle, la chorégraphie et la matière sonore. Rapidement invité par des festivals internationaux de danse et théâtre de renom, MK est l’un des groupes de recherche les plus en vue de la scène italienne. Ils performent notamment pour le Festival International de Santarcangelo, le Montpellier Danse - plateforme italienne, la Fondation Gulbenkian Lisbonne, le Trafó - House of Contemporary Arts Budapest, La Porta Barcelona, l'IIC et Kitazawa Town Hall Tokyo, la Tanzfabrik Berlin. Parallèlement à ces spectacles, s’ajoute une intense activité de conférences, ateliers et propositions expérimentales parmi lesquelles la performance Clima, réalisée avec la participation du public, les « Accademie Eventuali » avec l’artiste Margherita Morgantin, le projet Invenzione pour la Biennale de Venise 2013 et la direction artistique des cycles de performances « Angelo Mai Italia Tropici » à Rome.
Michele Di Stefano se penche sur la scène musicale new wave des années 80 puis sur la littérature allemande avant d’entreprendre une recherche approfondie sur les techniques du mouvement. En 2000, il remporte le prix « Danza&Danza » de danse contemporaine. Michele Di Stefano a collaboré sur le projet de Cristina Rizzo Dance n.3, avec Eszter Salomon et Matteo Levaggi en 2009. Il anime en 2010-2011 un master classe au Scuola Paolo Grassi Milan pour la Biennale de la Danse 2011 de Venise. Il reçoit le prix du Lion d’Argent pour l’innovation, décerné par la Biennale de danse de Venise 2014.
1997
Fondation de la compagnie MK
2000
Prix Danza i Danza
2014
Lion d'Argent à la Biennale de Venise
Supernova est un instantané de famille, saisi dans l’heure qui précède une grande fête de printemps : des jeunes filles impatientes se préparent pour la danse, une montagne avale le père, la mère a cessé d’être une mère... À ce moment précis, la supernova radieuse que promettait la jeunesse se transforme en un inquiétant trou noir…
DJ SET 6 octobre 22h30
"Movimento lento" dj set de Martina Ruggeri et Erika Z. Galli (Industria Indipendente)
Supernova
Personnages
Elena: la mère
Adele: sœur 27 ans
Antonia: sœur jumelle 26 ans
Aida: sœur jumelle 26 ans
Angelica: sœur 25 ans
Anita: sœur 24 ans
A bien les regarder ce sont de très belles femmes, c’est dommage pour la puanteur, dommage pour leurs poumons, dommage pour leur toux, dommage pour leurs poux, dommage pour la saleté qui encombre leurs traits, dommage pour leur tristesse, dommage pour leurs rougeurs.
Dommage qu’elles ne mangent désormais que des boîtes et depuis trop longtemps.
Elles ont trop transpiré à cause des températures tropicales provenant de leur poêle.
ELENA est victime des psychotropes et de la dépression qui a suivi la disparition de son homme. Elle tient toujours un fusil entre les mains et communique par des grognements et des regards.
Elle est très maigre mais ses filles la voient grosse, immense.
ANTONIA a grandi en symbiose avec sa mère. Elle est heureuse d'être à la maison. Elle veut y rester. Pour toujours. C’est pour ça qu’elle porte toujours la clé de la maison autour du cou comme un gage d’amour.
AIDA est la jumelle d'Antonia.
ADELE est l’aînée. Depuis qu’elle est petite, elle grandit en épiant la montagne et en rêvant les yeux ouverts d’en connaître les sentiers. Depuis qu’elle a six ans elle connaît avec son père dans la montagne les plus belles heures de sa vie. A la maison elle ne fait que passer.
ANGELICA La troisième. Elle a grandi en écoutant très fort du rock en compagnie de son père. Elle est à l’étroit entre quatre murs. Elle est à l’étroit entre les montagnes. Elle est à l’étroit entre les galaxies. Elle ne comprend pas pourquoi tout ce froid pour des corps si chauds. Elle veut s’en aller.
ANITA La benjamine. Elle étudie depuis qu’elle a quatre ans. Elle est animée d’une curiosité maladive. Sans limites. Elle veut tout savoir. Elle aurait tant voulu découvrir la théorie ultime. Elle voudrait dépasser la connaissance de l’univers.
Note :
La scène est cernée de souvenirs, c’est pourquoi elle est souvent irréelle, fragmentée.
Il y a qui se souvient et qui oublie, mais en étant déjà dans l’acception des deux actions verbales : ce sont des histoires qui ont toutes à voir avec le cœur et pour cette raison elles sont impalpables, totalement autobiographiques, bonnes à figurer dans un journal intime.
En collaboration avec Actoral dans le cadre de Face à Face - Paroles d’Italie pour les scènes de France
À l’initiative de l’Institut Culturel Italien de Paris, Face à face a pour objectif de faire découvrir des dramaturgies contemporaines italiennes en soutenant leur traduction, la production de lectures et mises en espace, et en accompagnant la diffusion des spectacles en France.
A Toulouse, Supernova (portrait de famille), sera proposé dans une lecture dirigée par la metteuse en scène Livia Ferracchiati – figure montante de la jeune scène italienne – avec des comédiennes françaises.
texte Erika Z. Galli et Martina Ruggeri, traduction de Federica Martucci
mise en espace Livia Ferracchiati
production théâtre Garonne scène européenne Toulouse, dans le cadre de Face à Face - Paroles d’Italie pour les Scènes de France
Nées respectivement en 1983 et 1986, Erika Z.Galli et Martina Ruggeri se rencontrent en tant qu'artistes en 2005 en donnant naissance au projet Industria Indipendente, collectif artistique et de recherche principalement dédié à l'art performance, à l'art théâtral et à l'art visuel. Leur recherche artistique débute en 2005 par l'expérimentation de la vidéo et de la performance puis se poursuit par un travail d'auteures et de dramaturges. De 2005 à aujourd'hui, elles ont réalisé des vidéos et des performances dans différents lieux urbains et extra-urbains en collaboration avec des performeurs de diverses formations artistiques et selon des modalités d'expression différentes, de la musique à la mode, et en se confrontant à la danse et aux arts figuratifs (Amigdala, Enzimi, Weird, Roma Europa Web Factory, Rialto Sant’Ambrogio, Forte Fanfulla, AltaRoma, Lpm). En 2009, elles débutent leur recherche dramaturgique et scénique en travaillant à l'écriture de leur texte 8.10.88, avec lequel elle remporte le prix Celeste Brancato pour la recherche et l'expérimentation dans le cadre théâtral. En 2011, elles créent Crepacuore, travail plusieurs fois récompensé dans divers festivals nationaux et elles fondent la même année la compagnie Industria Indipendente, toujours en activité et installée à Rome. En 2014, elles créent au Teatro Valle Occupato le spectacle E’ tutta colpa delle madri et elles remportent le prix Hystrio "écritures de scène" avec leur texte Supernova. En 2015, elles créent au Festival Trasparenze de Modena leur pièce I ragazzi del Cavalcavia, vainqueur du prix de la critique Dante Cappelletti et elles sont finalistes du Prix Scenario avec leur travail sur l’Iliade intitulé Ho tanti affanni in petto. Depuis 2014, elles font partie du collectif de metteuses en scène Le ragazze del Porno et depuis 2015, elles figurent parmi les auteurs sélectionnés pour le projet européen Fabulamundi playwriting Europe et pour Face à Face / paroles d’Italie pour les scènes des France. En 2016, elles sont sélectionnées pour être artistes en résidence à l'Institut de culture italien à Paris où elles écrivent le texte Lullaby, ensuite traduit et mis en espace en français la même année au Théâtre Ouvert à Paris. Elles collaborent en tant que dramaturges et auteures avec les metteurs en scène Daniele Spanò et Luca Brinchi. En septembre 2017, elles présenteront au Piccolo Teatro de Milano, dans le cadre du festival Tramedautore, leur nouveau spectacle intitulé Lucifer.
Elles sont artistes en résidence auprès de Carrozzerie N.O.T (Rome) pour la saison 2016/2017.
2009
8.10.88
2011
Crepacuore
création de la compagnie
2014
E’ tutta colpa delle madri
Supernova
2015
I ragazzi del Cavalcavia
Ho tanti affanni in petto
2016
Lullaby
2017
Lucifer
La vita ferma. Sguardi sul dolore del ricordo
D’abord, c’est le déménagement. La maison est vidée de ses meubles mais hantée par la présence de celui qui est parti. Apparaissent ensuite un couple et une petite fille : Riccardo est historien. Simona, outre la danse, se focalise sur le soleil et les vêtements à fleurs. La passion d’Alice, leur fille, c’est la conversation avec les autres. Simona, malade, meurt. Plus tard, Alice, enceinte, retrouve son père sur la tombe de sa mère. Le sujet de la nouvelle pièce de Lucia Calamaro n’est pas la mort mais ce qui vient après… Sous-titré : Regards sur la douleur du souvenir, il aborde la vie avec la mort, ce que nos sociétés croient enfouir dans les cimetières. La gestion des morts pour ceux qui restent. Leur « fréquentation intérieure fragmentée » nourrie aussi de culpabilité. Comment affronter cette « déchirure irréductible » ? Un « drame que la pensée ne sait pas, ne veut pas, ne peut pas gérer » dit Calamaro, évoquant l’écriture comme une « révélation lente et souterraine». Nourrie d’éléments autobiographiques, son œuvre fait la part belle aux personnages de femmes, sonde les conflits familiaux, la profondeur abyssale des sentiment et le risque tapi dans des existences en apparence ordinaires ; elle joue aussi avec humour de l’irréconciliable de nos vies, de nos déchirures. Elle a l’art de transformer les tas de cailloux en constellations d’étoiles.
Lucia Calamaro est une voix singulière, la révélation théâtrale de ces dernières années en Italie. Elle a navigué entre plusieurs continents : de l’Uruguay à la France jusqu’à l’Italie qui la consacre de plusieurs prix : écriture, dramaturgie, mise en scène. Formée en art et esthétique à la Sorbonne, influencée par Grotowski, elle est comédienne et metteur en scène à Montevideo avant de rejoindre Rome. Elle réalise des adaptations : Medea, tracce d’Euripide, Woyzeck d’après Büchner, puis l’écriture et la mise en scène de ses propres textes depuis 2004 : Guerra ; Cattivi maestri ; Tumore, uno spettacolo desolato; Magick, autobiografia della vergogna. En 2011, L’Origine del mondo, rittrato di un interno (avec Daria Deflorian) remporte trois prix UBU.
La Vie suspendue suivi de L’Origine du monde sera publié aux éditions Actes Sud Papiers, traduction française de Federica Martucci, le 4 octobre 2017
DJ SET 6 octobre 22h30
"Movimento lento" dj set de Martina Ruggeri et Erika Z. Galli (Industria Indipendente)
De l’Uruguay à la France jusqu’à l’Italie, la carrière de Lucia Calamaro, dramaturge, metteuse en scène et comédienne, est une course entre deux continents.
Née à Rome, à treize ans elle s’installe à Montevideo pour suivre son père diplomate.
Elle s’est formée notamment à Paris où elle étudie à la Sorbonne (Licence en Arts et Esthétique), participe à divers laboratoires influencés par le travail de Jerzy Grotowsky et fait un passage à l’Ecole de Jacques Lecoq. Elle donne par la suite des cours à l’Universidad Catolica de Montevideo, où elle participe en tant que comédienne et metteuse en scène à de nombreux spectacles. Enfin, elle retourne à Rome, où elle collabore avec la structure indépendante Rialto Sant’ Ambrogio qui lui assure son soutien dès le début.
En 2003, elle fonde l’association Malebolge au sein de laquelle elle développe un travail d’écriture scénique et de mise en scène, d’abord en portant à la scène des adaptations : 2003, Medea, tracce, d’Euripide et Woyzeck de Buchner puis à partir de 2004, en écrivant ses propres pièces qu’elle met en scène : 2004, Guerra; 2005, Cattivi maestri ; 2006, Tumore, uno spettacolo desolato ; 2008, Magick, autobiografia della vergogna, (dans le cadre du projet « Jeunes Talents du Teatro de Roma» 2008).
En 2011, elle écrit et met en scène le spectacle L’origine du monde, portrait d’un intérieur avec lequel elle remporte trois prix UBU dont le Prix du Meilleur texte italien/Recherche dramaturgique. En 2012, elle est lauréate du prix Enriquez pour la mise en scène et la dramaturgie. La même année est publié le recueil « Il ritorno della Madre », préfacé par Renato Palazzi (Éd. Editoria e Spettacolo) qui rassemble trois textes : Tumore, uno spettacolo desolato ; Magick, autobiografia della vergogna et L’Origine del mondo, ritratto di un interno. En 2014, est joué au Teatro de Roma son spectacle Diario del tempo, l'epopea quotidiana, resté inachevé.
La Vita Ferma : regards sur la douleur du souvenir, actuellement en tournée, est sa dernière création. Le spectacle a été créé en septembre 2016 au Festival di Terni (co-production Stabile della Sardegna, Stabile dell’Umbria, Angelo Mai Occupato en collaboration avec L’Odéon – Théâtre de l’Europe et le Teatro di Roma).
Lucia Calamaro enseigne la dramaturgie à l’Ecole Nationale Paolo Grassi de Milan depuis 2014.
2003
Medea, tracce, d’Euripide et Woyzeck de Buchner
2004
Guerra
2005
Cattivi maestri
2006
Tumore, uno spettacolo desolato
2008
Magick, autobiografia della vergogna
2011
L’origine du monde
3 prix UBU dont le Prix du Meilleur texte italien/Recherche dramaturgique
2012
Prix Enriquez pour la mise en scène et la dramaturgie
2014
Diario del tempo, l'epopea quotidiana, (inachevé)
2016
La Vita Ferma
Dans le premier acte, il y a un déménagement, une maison à vider qui est inévitablement visitée par le spectre qui veut qu’on se souvienne bien de lui, comme d’un être unique et irremplaçable.
Si ce n’est là, dans une maison abandonnée, où aurais-je bien pu le mettre ?
Dans le deuxième acte, un couple avec une petite fille : lui, Riccardo, historien et nostalgique a une passion pour Paul Ricœur et les synonymes ; elle, Simona, presque danseuse, excentrique a une passion pour le soleil et les robes à fleurs ; la fille Alice, d’emblée trop sensible, sa passion c’est d’avoir des gens autour d’elle qui lui parle.
Et puis… la mort de Simona, après une maladie qui progresse sans que nul ne l’identifie.
Dans le troisième acte, Alice a grandi, à son tour c’est une future maman qui retrouve son vieux père Riccardo sur la tombe ou presque de la mère morte des années auparavant. Ils conversent non sans dispute sur cette absence prématurée qui a – toujours moins ou, avec le temps, encore plus, qui sait ? - marqué une fracture dans le récit illusoirement dicté de leurs vies.
Sa gestation en moi a suivi le rythme éprouvant de la révélation lente et souterraine, en abordant ce drame que la pensée ne sait pas, ne veut pas, ne peut pas gérer.
Pour parvenir au cœur de ce drame, j’ai jeté plus de matériaux qu’il n’en reste.
Mais le reste, ce qui demeure, est pour moi l’ultime point de concentration d’un récit qui accueille, développe et encadre le problème de la complexe, sporadique et toujours assez culpabilisante gestion intérieure des morts.
Ici, il n’est pas question de la mort donc, pas non plus du fait même de mourir ou de qui meurt, questions qui, nous le savons tous, se résolvent sous la mystérieuse cloche du néant, qui étouffe dès les premiers souffles, toute compréhension.
Mais de la question des morts, de leur manière d’exister en nous et hors de nous, de leur fréquentation intérieure fragmentée et surtout du raccommodage laborieux de leur souvenir toujours si peu à la hauteur de la personne morte, si peu fidèle à elle et si profondément réinventé par ceux qui, au contraire, sont vivants.
Le drame de penser plus ou moins aux morts est, quoi qu’il en soit, le drame de la pensée de ceux qui restent et qui accordent ou retirent, sans même s’en apercevoir, une existence. Je ne saurais dire quel genre d’existence c’est, l’existence des morts, mais comme le prêche Etienne Soreau “Il n’y a pas d’existence idéale, l’idéal n’est pas un genre d’existence”.
La vie suspendue est donc un espace mental où se met en scène une tranche de vie de trois êtres vivants quelconques -père, mère, fille- à travers l’incident et la perte. Quelques obstacles temporels se sont également imposés à des moments opportuns afin d’élargir la réflexion sur le problème du chagrin-souvenir et sur la déchirure irréductible entre les vivants et les morts que ce chagrin est toutefois le seul à combler, malgré la résistance.
Lucia Calamaro