18 > 21 octobre

Les Trois Sœurs

Anton Tchekhov / Timofeï Kouliabine (Russie)

 

avec et au TNT

Dossier de présentation

Les Trois Sœurs

Il est rare de voir un Tchekhov aussi vrai et vif, aussi sensible et radical.

Peter Yarolin, Kurier (Autriche)

 

spectacle présenté en langue des signes russe, surtitré en français

Retirées dans une petite ville de garnison après la mort du père, Macha, Olga et Irina Prozorov rêvent du paradis moscovite de leur enfance et veulent s’extraire de ce temps qui passe dans la grande demeure familiale et, lentement, érode les espoirs de changement. L’attente d’un renouveau se fait pressant… Icône incontournable, Les Trois Sœurs est une des pièces tchekhoviennes auxquelles un metteur en scène russe, selon Timofeï Kouliabine, « se doit, inévitablement, de  se  confronter ». Avec sa troupe, il teinte le classicisme caractéristique de l’école naturaliste propre à Stanislavsky d’une audace surprenante et rafraîchit ce texte « fatigué » de manière inattendue. Par son geste novateur, il rejoint la radicalité première de la pièce qui, en 1901, frappa le public par son abstraction et son nouveau langage scénique.
Sur scène, les acteurs parlent la langue des signes et, prononçant par leur corps un texte silencieux, retrouvent la magie des relations propre au cinéma muet. Dans la troublante quiétude du lieu, les petits riens de la vie matérielle s’animent par le son, l’environnement domestique acquiert une vie propre. Sans voix, les comédiens font vivre leurs personnages sensuellement. Isolés dans la campagne profonde de Russie, la petite communauté Prozorov vit dans un monde qui n’a pas été taillé à sa mesure et dont elle se sent aliénée. Pour Kouliabine « cela rappelle la vie des malentendants qui vivent dans un cercle fermé, se voient seulement entre eux et, très souvent, quand ils en sortent, se heurtent à l’hostilité des gens ordinaires. »

Les Trois Sœurs a été élu "Production de l'année" 2015 par l'Association internationale des critiques de théâtre.

 

 

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theatre Garonne

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Théâtre
18 > 21 Octobre
Les Trois sœurs
Anton Tchekhov
Timofeï Kouliabine
Les Trois sœursGénérique

interprété en langue des signes russe et surtitré en français

avec Ilia Mouzyko, Anton Voïnalovitch, en alternance Klavdia Katchoussova et Valeria Kroutchinina, Irina Krivonos, Daria Iemelianova, Linda Akhmetzianova, Denis Frank,Alexeï Mejov, Pavel Poliakov, Konstantin Télégine, Andreï Tchernykh, Sergeï Bogomolov, Sergeï Novikov, Elena Drinevskaïa
scénographie Oleg Golovko
lumière Denis Solntsev
son Nina Belkina
enseignant en langue des signes Galina Nishchuk
le théâtre Garonne est producteur délégué de la tournée des Trois Sœurs
production Red Torch Theatre
créé en septembre 2015 Red Torch theatre  – Novosibirsk (Russie)

Les Trois sœursLes Trois Soeurs

Timofey Kouliabine, metteur en scène

Il est essentiel pour tout metteur en scène, et particulièrement quand il est russe, de se confronter aux pièces de Tchekhov. C’est inévitable.
Cela fait un moment que je nourris l’idée de monter une pièce muette ou plutôt qui rende d’une manière ou d’une autre le langage imperceptible au public. Par exemple, prendre une pièce de répertoire et la monter derrière du verre insonorisant. Puis j’ai transformé cette idée en un spectacle en langage des signes.
J’ai pris contact avec un professeur de langue des signes et je lui ai demandé de former certains de mes acteurs à jouer une page de la scène 1 [des Trois sœurs], le matin de l’anniversaire d’Irina. Les comédiens ont suivi des cours pendant un mois puis, sans décor ni mise en scène, ont simplement « prononcé » le texte silencieux. L’effet ressenti était très étrange : tous gesticulaient dans un silence total mais le texte, que je connaissais bien, résonnait dans ma tête. C’était magique, le non-dit ne perdait pas mais gagnait en importance. Nous avons ajouté les sous-titres plus tard, ce qui en a décuplé l’effet. Le texte de Tchekhov était devenu un des personnages, un des protagonistes même.
Nous avons commencé à reconstruire le mode d’existence des malentendants de la manière la plus authentique possible et avons eu recours aux conseils de sourds-muets pendant les répétitions. Au final, nous avons reproduit les infimes détails de ce mode de vie avec une grande minutie. Ce qui nous avait paru être d’inévitables concessions d’un point de vue théâtral participait finalement à l’effet de  vraisemblance.
Pour autant, c’est l’histoire elle-même qui concorde le plus avec le projet car la pièce nous parle d’une petite communauté de gens bien-élevés et très cultivés qui vit depuis des années dans une petite ville de province où chacun.e se sent mal à l’aise dès qu’il/elle sort de son environnement familier. Au-delà des murs de la propriété Prozorov, les lieux sont inhospitaliers et les gens inamicaux – l’école primaire qui épuise Olga ; le bureau du télégraphe qui déprime Irina ; Protopopov, l’amant de Natasha ; l’incendie ; la femme qui ne sait pas comment annoncer la mort de son fils à sa famille. Tout cela cadre avec la perception qu’ont les sourds du monde extérieur, qu’ils considèrent comme étrange et même hostile. Le monde n’a pas été taillé à leur mesure.

 

traduction Adèle Cassigneul

Les Trois sœursLes Trois Soeurs

Oleg Golovko, scénographe

Tout au long de la pièce, les personnages des Trois Sœurs s’occupent aux petits riens du quotidien. Si elles étaient contredites par l’environnement esthétique du plateau, leurs activités domestiques pourraient exaspérer. Nous avons donc choisi de simuler la réalité, d’expérimenter théâtralement tout en préservant une authenticité visuelle.
Nous avons décidé d’appréhender l’intrigue des Trois Sœurs depuis un futur lointain. Au XXIIème siècle, personne ne saura si Tchekhov avait un iphone ou pas, si les acteurs de sa troupe portaient des jeans, s’ils s’éclairaient à l’électricité ou à la lampe à huile. Nous n’avons pas souhaité moderniser l’intrigue ni même l'adapter à notre époque. Je dirais qu’on a voulu montrer que son époque existe encore aujourd’hui.
Dans cette mise en scène, les costumes comme les accessoires font le lien entre le début du XXème siècle et les premières années du XXIème siècle : depuis les pardessus et les blouses des temps tchekhoviens jusqu’aux jeans et gadgets contemporains. De même, il n’y a pas qu’un seul style de meuble. Nous avons choisi des formes et courbes propres au mobilier de l’époque de Tchekhov sans en retenir le décor, seulement le caractère fonctionnel.
La pièce regorge d’objets en tous genres. Certains sont essentiels comme le manège, le landau ou le violon, mais il y a aussi la vaisselle qu’Anfisa dispose sur la table et les affaires de ceux qui ont fui l’incendie de l’acte III – bien qu’absentes des notes de l’auteur, il est logique, au vu du contexte, que ces affaires soient présentes sur scène.
Dans notre mis en scène, la surdité des personnages a eu des répercussions sur un grand nombre de choses. D’ordinaire je mets un point d’honneur à ce que le décor et les accessoires ne soient source d’aucun bruit intempestif. Mais ici, c’était l’exact contraire car les personnages ne sont pas dérangés par les bruits qui les entourent. Pour la première fois dans ma carrière je suis ravi d’entendre le parquet de la scène grincer, les portes des placards claquer et la vaisselle tinter dans le buffet lorsque quelqu’un passe devant. En fait, le décor a un aspect visuel tout autant que sonore. La maison des Prozorov est une partition à elle toute seule.

traduction Adèle Cassigneul

Les Trois sœursLes Trois Sœurs

Irina Krivonos, actrice

Jouer par la gestuelle est très proche de jouer dans une langue étrangère. Il faut maîtriser chaque mot séparément, puis les relier et longuement travailler sur la « prononciation » pour avoir l’air convaincant. On a l’impression de rassembler les molécules de son rôle pour le constituer ou de réapprendre à parler, lentement, une syllabe après l’autre. Il arrive que ce langage ait l’air d’une danse – comme si le geste cherchait son propre rythme. On développe une forme particulière d’attention afin de maintenir le dialogue avec nos partenaires : il est impossible de leur tourner le dos, le regard remplace l’ouïe et a beaucoup plus d’importance que d’ordinaire. Il faut voir et être vu pour être entendu. Le toucher prend aussi une part importante dans la communication. Les dialogues sont très concrets, il n’est pas possible de faire de longues tirades en levant les yeux au ciel ou de se retourner avec sous-entendu. L’action est directe. Tu regardes ton partenaire dans les yeux et exprimes sans ambiguïté ce que tu veux de lui. Comme on nous prive de tout moyen habituel d’influencer nos partenaires, on cherche d’autres types d’expression – le corps, les arts plastiques, des actions ordinaires.
On a l’impression de faire partie d’une partition. On éprouve la naissance même de la polyphonie, on s’inscrit dans ses rythmes, on se laisse porter ou on les altère délibérément par le jeu.

traduction Adèle Cassigneul

TIMOFEÏ KOULIABINEPortrait

Né en 1984, Timofeï Kouliabine se forme à l’Académie des arts de Théâtre en Russie (GITIS). Il est nommé en 2007 metteur en scène associé de la Torche rouge de Novossibirsk, avant d’en devenir metteur en scène fixe en 2015. Il met notamment en scène La Dame de Pique et Eugène Onegine de Pouchkine, Macbeth de Shakespeare, Mascarade de Lermontov, et Hedda Gabler d'Ibsen. Depuis 2009, il signe également des mises en scène pour l'opéra de Novossibirk - Le Prince Igor de Borodine, Tannhaüser de Wagner (2014) - et, en 2016, pour le Théâtre Bolchoï Don Pasquale de Donizetti. Son Tannhaüser a été condamné par l'église orthodoxe russe car jugé ostentatoire, provoquant l'éviction du directeur de l'opéra de Novossibi. Le travail de Kouliabine est présenté dans de nombreux festivals russes et internationaux et a été gratifié de nombreux prix.

Les Trois Sœurs a été élu "Production de l'année" 2015 par l'Association internationale des critiques de théâtre.

Les Trois sœursPresse

Timofeï Kouliabine place ses personnages dans un espace naturaliste scénographié par Oleg Golovko qui ressemble à un décor de film et les prive de paroles. Mais cela ne fait qu’intensifier leur expressivité. L’interaction purement gestuelle rehausse chacune des scènes. Il est rare de voir un Tchekhov aussi vrai et vif, aussi sensible et radical.

Peter Yarolin, Kurier (Autriche)

 

Avec insistance, Kouliabine déplace notre attention du texte au corps. Il n’interprète pas tant l’intrigue qu’il modifie la perception des spectateurs. On pénètre dans son travail avec les cinq sens, inquiet de manquer les plus infimes détails. Chaque mouvement – une fourchette qui tombe, une chaise qui se casse – fait événement. La soustraction du texte parlé affute les autres moyens de communication, qu’ils soient visuel, tactile ou sensoriel.

Elena Konovalova, Vedomosti