Nous voilà devant un grand échiquier des plus cinématographiques où l’aventure est reine et où il n’y a pas de roi. Dans ce monde peuplé de créatures hautes en couleurs, de muses, d’amour et de chevaux, Jean-Pierre l’aventurier quitte son train-train et tente le tout pour le tout, traverse des contrées inconnues, se cogne à la banalité du réel et plonge dans les profondeurs les plus obscures de son existence. Jean-Pierre s’abime sur le damier pendant que Madame L’Aventure mène la danse au coeur de ce voyage hilarant et ténébreux. Madame est surprenante et magistrale, elle chante du haut de ses talons infinis, elle veut rire et elle n’en rate pas une. Il y a quelque chose de fantastique dans ce Don Quichotte au pays des merveilles, ce chevalier errant dans le royaume des métamorphoses. Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume ont l’art de composer avec des bouts de ficelle et des petites cuillères, de jongler avec les mots comme des acrobates. Ils jouent avec la poésie et tissent leurs histoires en horlogers déjantés, ils manient les formes, les sons et la matière avec une liberté folle.
Cette délicieuse Aventure embarque nos imaginaires entre ombres et lumières, et on en vient à rêver que le point de fin n’arrive point…
Après Les Dimanches de Monsieur Dézert et Ainsi la Bagarre, Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume inscrivent leur prochaine création bigarrée et fragmentaire dans la tradition littéraire des grands récits d’aventures. En prenant pour matériaux de départ les récits d’exploration ainsi que les classiques tels que Don Quichotte ou le Mont Analogue, le duo imagine etcompose un monde plein de terreur, de suspens, de sang et d’ennui, où les récits légendaires fleurissent dans d’étroites ruelles, chuchotées de bouches balbutiantes à oreilles anxieuses. Alors, quels seraient les liens entre une cité perdue, des parasites amazoniens, une côtelette de porc et l'art délicat du suspens? Madame L’Aventure! Il sera question dans ce spectacle d’explorateurs, de pantoufle, de monstres terribles avec des yeux terribles, d’une cité perdue, d’or et de grande femme. Seront présents aussi dans le lointain de notre histoire, une diseuse de bonne aventure, des cartes, beaucoup de cartes, énormément de cartes. Il y aura aussi encore plus loin, des bagarres pleines de bourre pif entre le hazard avec un Z et une calculatrice, entre le trait familier et le trait étrange.
Madame L'Aventure....est le nouveau spectacle du duo Lionel Dray - Clémence Jeanguillaume. Après Les Dimanches de Monsieur Dézert et Ainsi la Bagarre, tous deux ont imaginé une nouvelle aventure pétaradante de couleurs et de singularité...et ils ont répondu à nos questions autour de leur nouvelle performance alliant le bizarre, la pantomine lunaire, le clownesque, l'humour....de manière tout aussi poétique que motivante pour découvrir leur travail !
Si vous deviez faire un portrait de Clémence Jeanguillaume, que diriez-vous ?
Lionel Dray : Un mélange entre un myosotis, de la moutarde artisanale et une lointaine galaxie.
Si vous deviez faire un portrait de Lionel Dray, que diriez-vous ?
Clémence Jeanguillaume : Un mélange entre un esprit clair qui n’a pas peur d’être le seul à penser ce qu’il pense, une femme élégante et un chanteur des années 80.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ensemble : vos points communs, vos divergences, votre attrait pour le « bizarre » ?
On s’est rencontrés sur un canapé de la banlieue parisienne dans de grands nuages de fumée et de silence. Difficile de dire pourquoi on a eu envie de créer ensemble si ce n’est la curiosité de voir nos mondes se déplier en un seul. Quand on crée ensemble, on est très complémentaires. On pense tout à deux de nos premières rêveries jusqu’à la forme finale. Quant à notre « attrait pour le bizarre », je dirais que ça vient surtout de notre manière de travailler qui est très empirique, très en collage. On aime bien coudre ensemble le connu à l’inconnu avec le fil de notre imagination et comprendre à rebours la couture.
On qualifie de « théâtre-performance » votre travail…Que conseilleriez-vous aux spectateurs pour expérimenter au mieux ce spectacle ?
Rien du tout… Si ce n’est de s’asseoir confortablement !
Madame L’Aventure, c'est une allégorie ou une vraie dame sur le plateau qui va nous en faire voir de toutes les couleurs?
En effet Madame L’Aventure c’est un peu des deux, et une allégorie et un vraie Dame. En référence aux récits du Moyen-Âge, et aux récits de chevalerie ou Dame aventure est à la fois celle qui va nous conter l’histoire et celle pour qui l’histoire doit être vécue.
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour Madame L’Aventure ?
Nos sources sont les récits d’explorations de tous les milieux : Hauts sommets, traversée en solitaire de désert, exploration de jungle luxuriante… Les romans initiatiques pour tout ce que l’on nomme l’aventure intérieure… Et aussi bien Don Quichotte, le Manuel du parfait petit aventurier de Pierre Mac-Olan, L’aventurede Giorgio Agamben, les œuvres de A.Jodorowski, le cinéma de D. Lynch.
Y-a-t-il une anecdote que vous nous livreriez sur les répétitions ? Vous êtes-vous heurté.e à des difficultés particulières ? Avez-vous souvenir d’un moment de grâce, de bonheur dans la recherche ?
Disons que notre répétition a été très riche en rebondissements… Sorte de métaphore de notre sujet.
Blessures diverses et variées…égarement, errance, haltes bien heureuses et descentes de rapides non maîtrisées. Et surtout beaucoup de joie de travailler avec le hasard qui sait se montrer très généreux quand la provocation est juste. Et une grande joie aussi de vivre cette épopée avec toutes les équipes de création et de production qui ont un esprit très aventureux. Madame L’Aventure n’existerait pas sans toutes ces forces-là.
Julie Cadilhac, mercredi 12 juin 2024, lagrandeparade.com
"Avec leur invitation à se laisser surprendre, Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume proposent une plongée dans leur univers foutraque, où l’absurde côtoie le beau. Tantôt percée dramaturgique empruntée au théâtre, tantôt activation performative d’une installation visuelle, Madame L’Aventure est en définitive une création composite qui éclate les codes et vient perturber les attentes des spectateurs. L’humour y est volontairement au ras du sol. Les mimes, bruitages et effets spéciaux qui parsèment la pièce sont au mieux d’un autre âge, au pire d’un artisanat de pacotille. Pourtant, ce matériau d’une apparente et fragile légèreté se développe dans un écrin plastique et esthétique qui lui offre tout son équilibre."
Peter Avondo, 11 juin 2024, Snobinart
"À la continuité narrative, Madame l’Aventure préfère l’accident heureux et la séance fiction, le morceau de bravoure et fragment lunaire, le tableau songeur et le songe pictural… Bref, partir dans tous les sens, sans perdre jamais ceux de l’humour, du beau, de l’envie… Lionel Dray s’avère irrésistible dans tous les registres de jeu, de la pantomime au contemporain, en passant par la tragédie et le clown. Également excellente, Clémence Jeanguillaume produit en outre en direct une musique synthétique puissante et hypnotique sous l’influence de Tangerine Dream et John Carpenter. À deux, et des coups de main aux masques, aux costumes, aux lumières, ils produisent des visions fantastiques et délirantes, évoquant un croisement entre Terry Gilliam et Alejandro Jodorowsky, qui valent le détour. Il faut toujours se laisser tenter par l’aventure."
Jérémy Bernède, 4 juin 2024, Midi Libre
"Tout aussi noir que fantaisiste, Madame L'Aventure donne l’impression que petit à petit le surréaliste hasard cède à l’arbitraire, l’effet de collage à un chemin solitaire. Il en est ainsi de l’aventure, nul ne sait où elle nous mène. Mais en art, elle reste le chemin le plus sûr de la créativité."
Eric Demey, 2 juin 2024, www.sceneweb.fr
Le regard ne s'empare pas des images, ce sont elles qui s'emparent du regard. Elles inondent la conscience.
Franz Kafka, Journal
C'est à la fois un couple, un duo, un binôme, mais leur dresser le portrait c’est aussi l’occasion de les dissocier pour faire advenir leur complicité et le pourquoi du comment de leur collaboration.
Son identité est composée de trois prénoms, et il faut croire que ça raconte quelque chose : Clémence Jeanguillaume est une artiste aux multiples facettes et savoir-faire. Elle est diplômée de danse contemporaine et est aussi musicienne, notamment compositrice pour le spectacle vivant et le cinéma. En 2018, elle forme le groupe Katchakine aux influences new wave, punk, funk, techno… et elle vient tout juste de monter la compagnie Diva bonsoir, aux côtés de Lionel Dray (on y vient), avec lequel elle a créé en 2021 Ainsi la Bagarre (présenté à Garonne en 2023), et Madame L'Aventure (présenté cette saison à Garonne). Lionel Dray est comédien, il intègre en 2006 le Conservatoire national supérieur d’art dramatique et joue dans des spectacles de Jeanne Candel, de Sylvain Creuzevault, et Samuel Achache. Il crée son premier spectacle en 2018, Les Dimanches de Monsieur Dézert (présenté à Garonne en 2020), qu’il tourne depuis.
Un peu clowns tous les deux, on décèle à travers leur regard et leur dégaine une certaine mélancolie déjantée qui ne manque pas de poésie. Leurs voix, leurs corps marquent les mots, l’espace, le temps et font jaillir au plateau un onirisme absurde qui ne laisse pas insensible. Iels ont cette présence magique, l’air de rien, tout en simplicité et parviennent à sonder les tréfonds existentiels de tout un chacun en humorisant le vertige et en faisant preuve d’une grande acuité. On passe du rire aux larmes.
Leur manière de travailler ressemble à une espèce de marmite en ébullition où chaque élément est un exhausteur de goût pour les autres : ça infuse, ça bouillonne, ça enivre. Les références sont nombreuses, et les multiples collages déploient un terrain de jeu précieux pour l’imagination. Leur rapport plastique à la chose théâtrale ouvre des possibles et déplace le regard. On exulte.
Avec Clémence Jeanguillaume et Lionel Dray, tout est là pour soutenir le jeu, le jeu joue même avec le jouant. Rien ne sert de chercher le sens, il faut plonger dans le drame, jongler avec les débris et se laisser porter par le maniement joyeux de leurs idées. Qu’iels soient peinturluré·es, masqué·es, grimé·es, on les reconnaît, on s’y retrouve. Leur étrangeté nous est presque toujours familière car elle brasse la beauté du très banal et du presque rien. On s’émerveille.
Le miracle de leur théâtre est de faire feu de tout bois, c’est jubilatoire.
Pauline Lattaque
Lionel Dray
Après des études au Conservatoire du 5è arrondissement de Paris, Lionel Dray intègre en 2006 le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique ; il a comme enseignant.es Dominique Valadié, Yann-Joël Collin, Pascal Collin et Nada Strancar. À sa sortie du conservatoire, il joue dans les spectacles de Jeanne Candel avec la vie brève : Robert Plankett, Nous brûlons, Dieu et sa maman et Demi-Véronique.
Il travaille depuis 2013 dans les créations de Sylvain Creuzevault, Le Capital et son Singe, Angelus Novus Antifaust, Les Tourmentes et Banquet Capital. Il joue également dans les créations de Samuel Achache, Original d‘après copie perdue (2020) et Sans Tambour (2022).
Il crée son premier spectacle Les Dimanches de Monsieur Dézert en août 2018, au Festival théâtre rate, et est en tournée depuis. Puis il crée en 2021 avec Clémence Jeanguillaume le spectacle Ainsi la Bagarre.
Clémence Jeanguillaume
Artiste protéiforme, Clémence Jeanguillaume a commencé son parcours par un diplôme de danse contemporaine passé en 2005.
Musicienne, elle compose depuis plusieurs années pour le spectacle vivant ou le cinéma. Elle compose la musique du Procès de Philippe K. mis en scène par Julien Villa.
Au théâtre, elle joue dans Banquet Capital de Sylvain Creuzevault.
En 2018, c’est en qualité d’auteure, compositrice et interprète qu’elle sort son premier album/spectacle intitulé RACAR sous le pseudonyme de Katchakine. Elle joue dans le spectacle de Samuel Achache Original d’après copie perdue en 2020.
En 2021, elle crée avec Lionel Dray le spectacle Ainsi la Bagarre dont elle compose la musique.
Elle joue et compose également la musique dans le spectacle de Julien Villa Rodez Mexico crée en 2022.
En 2023, elle sort son deuxième EP La Brute.
une création de et avec Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume
création musicale Clémence Jeanguillaume
scénographie Jean-Baptiste Bellon
lumière Gaëtan Veber
son Raphaël Joly
dramaturgie Julien Vella
construction décor Daniel Roussel
masque Loïc Nebreda
costumes Gwendoline Bouget
illustration Halim Talahari
créé le 31 mai 2024 au Théâtre des 13 Vents - CDN Montpellier dans le cadre du Printemps des Comédiens
production théâtre Garonne - scène européenne, Toulouse en collaboration avec OTTO Productions
coproductions Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TnBA), Théâtre des 13 vents CDN Montpellier, Bonlieu Scène nationale Annecy, Scène Nationale d'Albi-Tarn, TANDEM, Scène nationale de Douai/Arras, Malraux Scène nationale Chambéry Savoie, Le Printemps des Comédiens Montpellier, Célestins, Théâtre de Lyon
soutien de La Fonderie au Mans, Les Abattoirs d’Eymoutiers, une création soutenue en production via le FONDOC – Fonds de soutien pour la création contemporaine en Occitanie
remerciements au Théâtre du Préau, Centre Dramatique National de Normandie - Vire
6 et 7 novembre 2024, Scène nationale d’Albi-Tarn
du 14 au 26 novembre 2024, théâtre Garonne - Toulouse
du 3 au 7 décembre 2024, TnBA - Bordeaux
18 et 19 mars 2025, Malraux Scène nationale Chambéry Savoie
24 et 25 avril 2025, TANDEM Scène nationale de Douai/Arras
6 et 7 mai 2025, Le Bois de l’Aune - Aix-en-Provence