3 octobre 2022

Metal Machine Music

de Lou Reed
Ensemble zeitkratzer

dossier de presse

Metal Machine Music

Lou Reed
Ensemble zeitkratzer

Le cycle d’essorage d’une machine à laver a plus de variations mélodiques que le bourdon électronique qu’est Metal Machine Music. Greg Kot, MusicHound Rock, 1999

En 1975, à peine un an après avoir atteint les sommets des hit-parades avec l’album Sally Can’t Dance qui lui ouvre un destin de pop star, Lou Reed remet à sa maison de disques RCA Records les bandes de Metal Machine Music : une heure de feedback et de bruit continu. Invendable. Le double-album, qui est régulièrement cité parmi les pires disques de l’histoire du rock, est décrit au mieux comme une provocation, au pire comme un suicide artistique. Un acte fort en tout cas, qui sort brutalement le feedback du champ de la musique d’art pour le faire entrer dans celui de la musique disponible en grandes surfaces.

Quand en 2001 Lou Reed est contacté par le compositeur berlinois de l’ensemble zeitkratzer, Ulrich Krieger, qui lui parle d’une transcription de Metal Machine Music sur partitions pour un ensemble instrumental, il peine à y croire. Ils monteront ensemble, avec l’ensemble zeitkratzer, la toute première version scénique intégrale du disque.
En adaptant cette pièce pour un ensemble instrumental, et orientant l’orchestration vers tout ce qui change, évolue, dans ce long magma bruitiste, zeitkratzer, ensemble dirigé par Reinhold Friedl, réussit le tour de force de renouveler et d’enrichir l’écoute d’une musique pensée pour l’inconfort, et, comme passée à la lumière noire, d’en révéler les secrets.

Musique
3 Octobre
lun 3 oct / 20:00

durée 1h
présenté avec le GMEA Centre de création musicale Albi – Tarn, dans le cadre de son festival riverrun
tarif généraux de 12 à 20 € / tarifs adhérent·es de 10 à 15 €
Logo GMEA
Portrait

zeitkratzer est un ensemble berlinois fondé en 1999 par Reinhold Friedl qui rassemble des musicien·nes et des technicien·nes venu·es de l’Europe entière. Il transcende les genres en entremêlant répertoire contemporain, noise, musique improvisée, rock expérimental, industrial music, folk et musique ancienne, de K. H. Stockhausen à Laurie Anderson ; et s’applique à mettre de la joie dans la « nouvelle musique », préférant au ronron académique une approche d’innovation radicale.

Né à New York en 1942, Lou Reed est un auteur-compositeur et interprète américain, ancien membre du groupe The Velvet Underground et figure de la scène rock internationale. Découvert dans The Velvet Underground aux côtés de Sterling Morrison et John Cale, Lou Reed se consacre à une carrière solo dès la fin des années 60. Alternant entre succès internationaux (Transformer, produit par David Bowie et Mick Ronson, Rock’n’Roll Animal) et échecs commerciaux (Metal Machine Music), navigant entre influences glams et psychédéliques, garage et rock bruitiste, ses albums sont tantôt décrits comme provocateurs, avant-gardistes ou prodigieux. Décédés en 2013, Lou Reed demeure une icône du rock des années 1970.

Metal Machine MusicGénérique

Ensemble zeitkratzer
direction, piano Reinhold Friedl

clarinettes Frank Gratkowski
trompette Matt David
trombone Hilary Jeffery
guitare Mark Weiser
percussions Maurice de Martin
violon Burkhard Schlothauer
violoncelle Anton Lukoszevieze
contrebasse Uli Philipp

son Klaus Dobbrick
lumière Andreas Harder

Ensemble zeitkratzer
direction, piano Reinhold Friedl

Frank Gratkowski : clarinette
Nenad Markovic : 
trompette
Matthias Muche : trombone
Maurice de Martin
 : percussions
Elisabeth Coudoux : violoncelle
Ulrich Phillipp : contrebasse
Burkhard Schlothauer
 : violon
Christina Bauer : son

Presse

Fort. Trop fort.
RifRaf (Belgique), novembre 2007

Joué par un groupe sur scène, Metal Machine Music sonne encore plus sauvage et frénétique, et l'acte de dévouement de zeitkratzer – d'innombrables heures de travail consacrées à la transcription et à l'orchestration – place Metal Machine Music dans un cadre où, peut-être, il a toujours eu sa place : une œuvre d'avant-garde d'un minimalisme hérissé plutôt que l'expérience bizarre d'un musicien de rock.
New York Times, 31 mai 2007 (traduction)

Il y a un peu plus de dix ans, l'ensemble de musique expérimentale zeitkratzer a commencé des représentations live de Metal Machine Music. C'était le genre d'idée qui paraissait ridicule : comment peut-on retranscrire un tel truc ? Le compositeur Ulrich Krieger, en travaillant avec l'accordéoniste de zeitkratzer Luca Venitucci et avec des proches de Lou Reed, a trouvé un moyen de la faire. La clé du projet live de MMM est que la version scénarisée prête une attention particulière à ce qui change dans la musique, alors que nos oreilles s'attachent d'abord à ce qui reste inchangé. [...]
La première chose que je peux dire est que la composition de zeitkratzer a enrichi mon appréciation de Metal Machine Music dans son ensemble. [...] Il ne s'agit pas de dire que d'entendre cette musique jouée par des instruments acoustiques (clarinette, trompette, trombone, piano, guitare à archet, percussion, violon, violoncelle, contrebasse) change sa nature fondamentale, ou la rend plus contrôlée ou moins dangereuse. Mais le fait que cette version pousse moins le pouls que l'originale est compensé par la beauté pure du son, et parfois ce son se déplace vers des endroits surprenants. Les bourdons soutenus du trombone, par exemple, donnent à la musique un sentiment de grandeur symphonique, et on a l'impression que le morceau est dans un état constant d'effondrement et de ré-assemblage.
Mark Richarson, « Here experimental music ensemble zeitkratzer offer an interpretation of Lou Reed's noise opus Metal machine Music », Pitchfork, 11 août 2014 (traduction)

Metal Machine Music« The Greatest Album Ever Made »

Cet article paru dans Creem en 1976 a été écrit par le critique de rock Lester Bangs qui ne répond qu'à une seule question : pourquoi Metal Machine Music est-il le plus grand album au monde ?

Si vous avez toujours pensé que l'effet Larsen est la meilleure chose qui soit arrivée à la guitare, et bien sachez que Lou vient de se débarrasser des guitares.
Je me rends compte que n'importe quel débile avec le bon équipement pourrait avoir fait cet album, même moi, vous ou Lou. C'est en grande partie pour cette raison que je l'aime tant. Comme pour les Godz et Tangerine Dream, non seulement on vous amène proche de l'artiste, mais un jour, si Dieu le veut, je pourrai peut-être faire mon propre Metal Machine Music. Ce n'est que de la musique populaire, de toute manière.
En parlant de se débarrasser de la merde, j'ai eu un ami qui disait : « Je prends de l'acide au moins tous les deux mois et je me débarrasse de toute la merde dans mon cerveau ». Alors je dis la même chose à propos de MMM. Sauf que je le prends environ une fois par jour, comme des vitamines.
Dans l'excellent texte qui accompagne la jaquette de l'album, Lou affirme que lui et les autres speedfreaks n'ont pas déclenché la Première ou la Seconde Guerre mondiale, « ni la Baie des Cochons d'ailleurs ». Et il a raison. Si tout le monde prenait des amphétamines, tout le temps, tout le monde se comprendrait. Soit ça, soit ne jamais écouter ou s'occuper des autres fils de pute, parce qu'ils seraient tous trop occupés à passer trois jours à tracer des lignes psychédéliques autour d'un morceau de papier sténo jusqu'à ce qu'il soit totalement noir, à écrire des lettres de quatre-vingts pages sur des événements insignifiants à leur mère, ou à créer MMM. Il n'y aurait plus de guerres, et la paix et l'harmonie règneraient. Imaginez juste Gerald Ford sous speed – il pourrait exprimer quelques traits de personnalité. Ou imaginez Ronald Reagan – un vaisseau sanguin dans ses lèvres de tortue serpentine éclaterait immédiatement, nous débarrassant peut-être de cet enculé. Comme on le sait maintenant, JFK profitait d'injections régulières de méthamphétamines et de vitamines provenant de joyeux tambour. Il n'a peut-être pas accompli quoi que ce soit (mis à part la Baie des Cochons – tiens, Lou n'a pas bien fait son travail), mais il avait du style et un sourire de vainqueur.
J'ai entendu dire de cet enregistrement qu'il était « antihumain » et « anti-émotionnel ». Ce qui est vrai, en un sens, puisqu'il s'agit d'une musique faite davantage par des magnétophones, des amplis, des haut-parleurs, des microphones et des modulateurs en anneau que par un ensemble de mains et d'émotions humaines. Et alors ? Presque toute la musique d'aujourd'hui est anti-émotionnelle et jouée par des machines. D'Elton John au disco à Sally Can't Dance (Lou ne réalise pas qu'il s'agit d'un de ses meilleurs albums, précisément car il est froid), c'est une merde de chaîne de production de formules informatisées dans laquelle le cœur humain entre très rarement, si tant est qu'il y entre. Au moins, Lou est honnête avec ça, ce qui le rend plus humain que le reste de ces connards de MOR*. En outre, un disque qui fait fuir les auditeurs de la pièce en criant pour qu'ils cessent de se flageller l'oreille ou qui, au contraire, devient physique et dérange les médocs au point de les casser, peut difficilement être accusé de manquer de contenu émotionnel, au moins en termes de résultats, sinon d'heures de création originales. Pourquoi est-ce que des gens vont voir des films comme Les Dents de la mer, L'Exorciste ou Ilsa, la louve des SS** ? Parce qu'ils peuvent être frappés au visage à coup de batte de baseball, parce qu'ils se font tordre les nerfs pendant que des électrodes leur sont agrafées à leur colonne vertébrale, ou plus généralement parce qu'ils se font brutaliser au moins toutes les quinze minutes (le temps entre le visage qui tombe du fond du bateau coulé et la jambe arrachée du type qui touche le fond de l'océan). C'est ça qui est communément compris comme du divertissement aujourd'hui, comme du fun, même comme de l'art ! Ils ont donc beaucoup de culot de critiquer Lou pour MMM. Au moins, là, il n'y a pas quinze minutes de conneries entre les brutalisations. N'importe quelle personne qui a kiffé L'Exorciste devrait aimer cet album. C'est une œuvre sûrement bien plus morale. [...]

Metal Machine Music reflète l'âme de Lou. S'il y a une chose qu'il aimerait voir renfermée dans une capsule temporelle, c'est bien cet album.
C'est le plus grand disque jamais enregistré dans l'histoire du tympan humain.

Retrouvez l'article complet ici.

* MOR : « Middle of the road music », format musical pensé pour les radios commerciales.
** Film de nazisplotation canadien (Don Edmonds, 1975).