21 > 22 avril

Nuée

Emmanuelle Huynh

Dossier de presse

Nuée

Emmanuelle Huynh

Revenir dans le pays paternel, arpenter, retrouver les lieux, mais aussi découvrir, dans l’errance, ce que je n’étais pas venue chercher.

Emmanuelle Huynh

Apparue au début des années 1990, Emmanuelle Huynh trace une voie très singulière dans le paysage chorégraphique français. Faisant écho à sa première pièce, Múa (1995), à forte teneur autobiographique, sa nouvelle création Nuée a commencé à prendre forme lors d’une résidence de travail en février 2020 au Vietnam, pays natal de son père, mort en 2018. Durant les longues semaines d’immobilisation forcée qui ont suivi, elle a laissé ce voyage s’imprimer en elle et, peu à peu, a vu se dessiner "un pays qui n’est sur aucune carte, au point de contact entre mon corps et la nature, entre le Vietnam et la France, entre le désir et la mort". Nuée nous emmène à la découverte de ce pays. Seule en scène, enveloppée par moments d’une légère fumée, Emmanuelle Huynh déploie un langage corporel, tout en lenteur frémissante, qui laisse affleurer les signes de son histoire. Surgissant par éclats, plus ou moins lumineux, sur un écran digital, des mots et fragments de textes, écrits par Gilles Amalvi, entrent en résonance intime avec sa danse. S’y mêlent également la lumière en ardent clair-obscur de Caty Olive et la musique minimaliste aux nuances intenses de Pierre-Yves Macé, composée à partir d’éléments sonores recueillis au Vietnam. À la fois très sophistiqué et très fluide, l’ensemble exhale une atmosphère envoûtante. Subtile autant que suggestive évaporation du réel, Nuée ouvre un large horizon à l’imaginaire et transforme une exploration mémorielle individuelle en une expérience sensorielle universelle, d’une rare profondeur immersive.

Danse
21 > 22 Avril
jeu 21 avr / 20:00ven 22 avr / 20:30

durée 1h
Coproduction
Nuée NOTE D'INTENTION

"Le langage d’un corps qui témoigne, pense et interroge avec pas moins de vocabulaire que les mots de la philosophie. Danse et philosophie sont d’ailleurs, pour moi, dans la manière dont je les envisage, les deux facettes d’une même discipline"

Emmanuelle Huynh

La nuée est une forme et un corps – gazeux, solide, liquide : une formation atmosphérique gorgée d’eau – une rétention et un ruissellement ; une zone de pression qui peut se charger d’électricité, fondre en pluie, éclater en orage. Eau, électricité, formes, accumulation, disparition : la nuée est un corps, est un nom, un héritage et une question. À partir de la succession d’images, de généalogies, d’énigmes enroulées autour de ce nom (celui de son père, Huynh Thanh Vân, Nuage bleu), trait d’union entre deux mondes – le Vietnam et la France – Emmanuelle Huynh a mené un processus d’enquête, à la fois en elle et vers le dehors : une enquête faite de points, de pointes, suivant un tracé aussi invisible et sinueux que celui des méridiens d’acupuncture – à la recherche des lignes de force qui structurent son corps de danseuse.

D’un côté le Vietnam, lisible par fragments, comme une langue à déchiffrer – sur son visage, dans ses pieds, inscrite dans son prénom Thanh Loãn, Oiseau bleu : pays et paysage redécouverts à l’occasion de la pièce inaugurale Mùa en 1995. De l’autre, la France où elle est née et s’est formée à la philosophie et à la danse. Entre les deux, un fin liséré qu’elle parcourt, en cherchant cette fois-ci à lever le voile plutôt qu’à laisser infuser l’obscurité ; comprendre les cheminements, les points d’ancrages, les adresses. En effet, si Mùa était une pièce sondant l’obscurité du dedans, Nuée formule une adresse, comme une manière de rendre quelque chose de cet itinéraire à ceux ont traversé ou habité son corps. Une danse pour poser des questions, tenter des fragments de réponse à même son corps, tisser des liens : entre le pied, le pays, le père, la peau ; entre des séries de gestes, de phrases – apprises de Trisha Brown, de Odile Duboc, partagées avec Akira Kasai ou Boris Charmatz.

Nuée dessine ainsi une carte où circulent des énergies, des formes, des réminiscences, des désirs bruts ou alanguis ; où s’articulent des phrases – dans la bouche, les membres, la peau. À la manière de ces noms vietnamiens, écrits de manière illisible pour tromper les mauvais esprit, le corps de Emmanuelle Huynh effectue une compression d’états, de symboles, comme autant d’idéogrammes physiques malaxés par la mémoire. Faisant sien le concept de « déstinerrance », élaboré par Jacques Derrida pour décrire la destination incertaine de toute adresse – sa dérive d’un destinataire initial à une communauté de présences rencontrées en chemin – elle disperse des traces, transmet des signes, éparpille une certaine «image de soi» en archipel d’altérités.

Gilles Amalvi (dramaturgie & textes de Nuée)

Nuée BIOGRAPHIES

Emmanuelle Huynh, danseuse, chorégraphe et enseignante, a étudié la danse et la philosophie. Son travail explore la relation avec la littérature, la musique, la lumière, l’ikebana (art floral japonais) et l’architecture. Elle crée entre autres Mùa (1995), A Vida Enorme (2002), Cribles (2009), Shinbai, le Vol de l’âme (2009), Spiel (2011) et Tôzai !... (programmé à Garonne en 2014).
De 2004 à 2012, elle dirige le Centre national de danse contemporaine à Angers et y refonde l’École en créant notamment la formation « Essais » qui dispense un Master danse, création, performance. En 2016, avec Jocelyn Cottencin, ils créent A taxi driver, an architect and the High Line, un portrait de la ville de New York à travers son architecture, ses espaces et ses habitants, composé de films portraits et d’une performance. Ils réaliseront des portrait(s) sensibles, filmés et dansés de la ville de Saint Nazaire (création 2019), Sao Paulo (création 2020) et Houston (créations 2022 et 2023).
Elle crée en novembre 2017 Formation, une pièce pour quatre danseurs d’après l’œuvre autobiographique de Pierre Guyotat dans un dispositif plastique imaginé par Nicolas Floc’h. Elle crée le solo Nuée dont elle est l’interprète en mars 2021 au théâtre de Nîmes dont elle est artiste associée pour trois saisons. Dans cette nouvelle pièce, elle explore la question du cheminement, du parcours autant artistique que personnel.
Le travail d'Emmanuelle Huynh porté par Plateforme Múa, compagnie conventionnée par la DRAC Pays de la Loire - ministère de la Culture et de la Communication, par le Département de Loire-Atlantique et la ville de Saint-Nazaire, s’ancre dans une vision élargie de la danse, produisant des savoirs, des émotions qui modifient la vision que la société peut porter sur elle-même.
De 2014 à 2016, Emmanuelle Huynh est également Maître-Assistant associée à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes. Elle intervient à l’ENSA Nantes-Mauritius entre 2016 et 2021. En septembre 2016, elle est nommée Cheffe de l’Atelier danse, chorégraphie, performance aux Beaux-Arts de Paris.
En 2021, elle est lauréate de l’association 100 Femmes de culture.

 

Gilles Amalvi est écrivain, critique de danse et créateur sonore. Il a publié Une fable humaine et AïE! BOUM aux éditions Le Quartanier. Depuis Radio-Epiméthée, version scénique et radiophonique de Une fable humaine, il se consacre à l’exploration de l’écrit par le matériau sonore. Il a réalisé les lectures sonores de AïE! BOUM, Orphée Robot de Combat, ou encore des Poèmes de Clint Eastwood en collaboration avec le groupe One Lick Less. Parallèlement, il a été écrivain associé au Musée de la Danse, et il écrit pour le festival d’Automne, le CND, ainsi que pour les chorégraphes Boris Charmatz, Jérôme Bel, Maud le Pladec, Emmanuelle Huynh, Latifa Laâbissi, Anne Teresa de Keersmaeker, Ivana Müller… En tant que dramaturge, il a travaillé avec Saskia Hölbling, Nasser Martin-Gousset et Pol Pi ; comme créateur sonore, il collabore avec Pol Pi sur la pièce Alexandre et la performance , le projet Engelsam de Katja Fleig, et la pièce de Antoine Cegarra.

 

Caty Olive est diplômée en scénographie à l’ENSAD de Paris, ellee réalise des espaces lumineux. Elle collabore à des projets chorégraphiques et performatifs de la scène contemporaine et a travaillé notamment : Myriam Gourfink, Emmanuelle Huynh, Claudia Triozzi, Vera Mantero, Cindy Van Acker, Tiago Guedes, David Wampach, Donata D’Urso, Joris Lacoste, Cindy Van Acker, Sandrine Anglade, Yoann Bourgeois, Blanca Li, Alexandra Waiersall, Béatrice Massin, et de façon plus privilégiée avec Christian Rizzo. Elle partage ses activités entre l’architecture, les expositions, les installations visuelles, les spectacles musicaux ou chorégraphiques et les opéras, intervient aussi ponctuellement auprès d’écoles d’arts. À travers ces différentes activités transversales, elle privilégie les expériences et les rencontres artistiques, mais aussi la diversité des moyens d’expression utilisés, et des technologies artistiquement exploitables. Le fil conducteur tout au long de ses réalisations demeure son intérêt pour l’instabilité et les altérations de la lumière, fil sans cesse tiré, d’une réalisation à une autre, une recherche qui ouvre des univers renouvelés.

 

Pierre-Yves Macé brasse plusieurs écritures dans sa musique (composition instrumentale et vocale, création électroacoustique, art sonore) avec une prédilection marquée pour la pluridisciplinarité. Après des études musicales et littéraires, il sort son premier disque Faux-Jumeaux en 2002 sur Tzadik, le label de John Zorn. Suivent plusieurs publications sur les labels Sub Rosa, Orkhêstra et Brocoli. Le son enregistré, le document sonore et l’archive sont au cœur de sa musique, travaillés par des gestes de recyclage ou de citation. Entamé en 2010, le cycle in-progress Song Recycle pour piano et haut-parleur reprend et transforme une sélection de performances vocales amateur récoltées sur YouTube.
Sa musique est interprétée par l’Ensemble Intercontemporain (dirigé par Matthias Pintscher, Enno Poppe), l’ensemble Cairn, l’Instant Donné, l’Orchestre de chambre de Paris, le Hong Kong Sinfonietta dirigé par Gábor Káli, l’ensemble vocal Les Cris de Paris dirigé par Geoffroy Jourdain, le pianiste Denis Chouillet, la soprano britannique Natalie Raybould, le clarinettiste Sylvain Kassap, le Quatuor Amôn, l’Ensemble d’Improvisateurs Européens (EIE), le collectif 0 (“zéro”). Il est invité par le Festival d’Automne à Paris (monographie en 2012 au Théâtre des Bouffes du Nord), les festivals Villette Sonique, Présences Électronique (Paris), Ars Musica (Bruxelles) Les Musiques du GMEM (Marseille), MIMI (Marseille), Octobre en Normandie (Rouen), AngelicA (Bologne), Santarcangelo (Rimini, IT), Akousma (Montréal, CA)… En tant que performer, il fait la première partie d’artistes comme Matmos, Richard Chartier, Andrew Bird ou Lee Ranaldo.
Il collabore avec les artistes Hippolyte Hentgen, les écrivains Mathieu Larnaudie, Philippe Vasset, Pierre Senges, Julien d’Abrigeon, compose la musique pour les spectacles de Sylvain Creuzevault, Christophe Fiat, Joris Lacoste, Anne Collod, Fabrice Ramalingom, Marinette Dozeville, Marianne Baillot, Louis-Do de Lencquesaing. Il collabore régulièrement aux activités du collectif l’Encyclopédie de la parole, pour lequel il co-signe avec le metteur en scène Joris Lacoste la Suite n°3 en 2017. En 2013-2014, il compose des virgules radiophoniques pour l’émission Boudoirs et autres de Gérard Pesson sur France Musique. En 2014, il est lauréat de la résidence Hors les murs (Institut Français) pour le projet Contreflux.
En 2016-2017, il est compositeur associé à l’Orchestre de Chambre de Paris.
Musicographe, il écrit par ailleurs pour les revues Mouvement, Accents, Labyrinthe, La Nouvelle Revue d’esthétique, la base de données Brahms de l’Ircam. Soutenu en 2009 à L’Université de Paris 8, son doctorat de musicologie paraît aux Presses du réel en 2012 sous le titre Musique et document sonore.

Pierre-Yves Macé est l'invité du théâtre Garonne et de la ville de Toulouse pour deux saisons.

Nuée Presse

« La danse se fragmente et offre des contrastes saisissants entre explosion du corps et repos silencieux. Elle répond ainsi à la musique de Pierre-Yves Macé, éclats de vies faisant transparaître voix et sons venant de quelque part, ou de nulle part. Idée qu’Emmanuelle Huynh martèle dans sa chorégraphie, puisqu’elle même se trouve entre deux mondes : le Vietnam et la France. Elle explore ainsi les liens et les ruptures entre les deux pays. Tout se mêle, à l’image de cette fumée, présente presque en permanence, qui forme parfois comme un mur d’arabesques mouvantes entre les spectateurs et la scène ; nuée impressionnante qui déborde puis s’efface. » Toute la culture, Clémence Duhazé

« Jamais elle ne nous avait parlé comme ça – d’elle-même. De son père, de ses pieds, du Vietnam. Bref, de la part d’Asie qui sommeillait en elle et qu’elle est allée réveiller, à Saïgon et dans le delta du Mékong. [...] Solo paradoxal, car acte de disparition par la danse, Nuée reprend le flambeau de Mùa, dans son dialogue avec l’obscurité, suggérant par là une dimension cyclique du temps. Les pas, les pieds, « perdus entre deux mondes », se posent pourtant toujours au bon endroit, sur la route d’une autofiction, à la fois voyage initiatique et achèvement, complexe et limpide en même temps. Ce qui s’appelle : maturité. On se réjouit donc de découvrir pleinement une chorégraphe dont on connaissait pourtant parfaitement le travail, sentant que Nuée pourra lui permettre d’atteindre de nouveaux horizons, à partir de ce « dépays » qu’on sent parfaitement accueillant. » Danser Canal historique, Thomas Hahn

Nuée Générique

avec le soutien de l'Onda - Office national de diffusion artistique

conception et interprétation Emmanuelle Huynh
dramaturgie et textes Gilles Amalvi
lumières et scénographie Caty Olive
musique Pierre-Yves Macé
collaboration artistique Jennifer Lacey et Katerina Andreou
costumes Thierry Grapotte
ressources chorégraphiques et vocales Florence Casanave, Nuno Bizarro, Ezra et Jean-Luc Chirpaz
ressources en astrophysique Thierry Foglizzo
flûte enregistrée Cédric Jullion
prise de son et prise de voix au Vietnam Brice Godard et Christophe Bachelerie
voix Hanh Nguyen, Huong Nguyen, Ly Nguyen et Nguyễn Thuận Hải
direction technique Maël Teillant
administration et développement Amelia Serrano
production, diffusion et communication Hélène Moulin
production Plateforme Múa
coproduction Théâtre de Nîmes, scène conventionnée d’intérêt national – art et création – danse contemporaine ​(Emmanuelle Huynh est artiste associée pour trois saisons de 2018 à 2021), Équinoxe, Scène nationale de Châteauroux, Théâtre National de Bretagne, Bonlieu Scène nationale Annecy, Maison de la musique de Nanterre, scène conventionnée d’intérêt national, Festival d’Automne à Paris, ICI — centre chorégraphique national Montpellier – Occitanie dans le cadre de l’Accueil Studio, théâtre Garonne – scène européenne, CCN2- Centre chorégraphique national de Grenoble dans le cadre de l’accueil studio
avec le soutien Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, Fondation Thalie à Bruxelles, Région des Pays de la Loire au titre de l’aide à la création, FRAC Franche-Comté, Institut français au Vietnam, au titre de la résidence d’artiste Villa Saigon
avec le soutien en prêt de plateau Théâtre et Cinéma - Scène nationale Grand Narbonne, Théâtre Molière Sète, Scène nationale archipel de Thau
remerciements à la Compagnie Prana - Brigitte Chataignier
conventionnée par la DRAC Pays de la Loire - ministère de la Culture et de la Communication, par le Département de Loire-Atlantique et la ville de Saint-Nazaire.

spectacle crée le 18 et 19 mars 2021 au théâtre de Nîmes