10 > 17 janvier 2018

Price

Steve Tesich / Rodolphe Dana

Price

Steve Tesich
Rodolphe Dana

Pourquoi vivre un malentendu quand on peut vivre une tragédie ?

Steve Tesich, Price

C’est le dernier été de son adolescence. Alors que son père succombe à un cancer, le jeune Daniel Price tombe fou amoureux de Rachel. Balloté entre une famille désunie et ses potes de toujours, violenté par le réel, affolé par l’incertitude de l’avenir et confronté à la solitude propre à ceux qui se cherchent, Daniel bascule brutalement dans l’âge adulte.

Entre apprentissage existentiel et éducation sentimentale, l’odyssée initiatique du jeune homme nous touche par son intime proximité. La puissance dramatique du roman ne perd rien dans la mise en scène, qui nous amène au cœur de la banlieue populaire de l'Est de Chicago...

Théâtre
10 > 17 Janvier
mer 10 jan / 20:00jeu 11 jan / 20:00ven 12 jan / 20:30sam 13 jan / 20:30lun 15 jan / 20:00mar 16 jan / 20:00mer 17 jan / 20:00
théâtre Garonne

durée 2h
spectacle présenté avec le TNT
de 14 à 27 €
PriceGénérique

création collective dirigée par Rodolphe Dana

avec Simon Bakhouche, Grégoire Baujat, Inès Cassigneul, Rodolphe Dana, Françoise Gazio, Antoine Kahan, Lionel Lingelser
texte Steve Tesich (édition Monsieur Toussaint Louverture)
traduction Jeanine Hérisson
adaptation/dramaturgie Rodolphe Dana, Nadir Legrand
son Jefferson Lembeye
scénographie/costumes Katrijn Baeten,Saskia Louwaard lumières Valérie Sigward
production Théâtre de Lorient Centre dramatique national coproduction Collectif Les Possédés / Théâtre de Nîmes - Scène conventionnée pour la danse contemporaine / Châteauvallon – Scène nationale / Le bateau feu Scène Nationale Dunkerque.
création en novembre 2017 au Théâtre de Lorient - CDN

Priceprice

INTENTIONS par Rodolphe Dana

Comment se construire un destin ? Voilà l’une des questions centrales du roman de Steve Tesich. Ce qui m’a retenu et bouleversé à la lecture de ce livre, c’est la manière subtile et limpide qu’a l’auteur de nous faire entrer dans l’intimité de son jeune héros, Daniel Price. Tesich dépeint de manière si singulière et si mature les tourments traversés par ce jeune homme, qu’immédiatement l’identification a lieu. Nous devenons Daniel Price, nous nous reconnaissons en lui. Nous percevons le monde à travers ses sensations. Nous vivons avec lui chaque événement et chaque événement le modifie. Nous suivons pas à pas les étapes qui font de lui un homme, un adulte, si devenir adulte consiste, avant tout, à accepter le réel. La violence du réel. Ici, la violence se fait par l’intermédiaire du père.

Ce dernier ne veut pas que son fils réussisse là où lui a échoué. Le père refuse que son fils espère. On apprend au cours du roman le mal du père, l’origine de sa violence à l’égard du fils. Les enfants ne sont jamais responsables du malheur de leurs parents, ils en sont juste les dépositaires. Le père a été trahi par la mère, simplement parce qu’un soir d’été elle a souri à un autre homme. Un sourire particulier. Tout le drame du père est né dans ce sourire dont il n’était pas le destinataire. Entre le père et le fils, le sourire de la mère comme une hache de guerre. Mais Daniel fourbit ses armes dans le silence et la patience. Il s’apprête à affronter le père lorsqu’un événement vient bouleverser ses plans : le père tombe gravement malade. Dans le même temps, Daniel découvre l’amour. Rachel. Un prénom d’abord. Il tombe amoureux d’un prénom puis de celle qui l’incarne. Il pense avoir trouvé un destin. L’amour comme signe du destin. Il n’est plus seul, il n’est plus l’enfant. Il devient un homme. Par amour. Par l’amour. Mais là aussi, rien ne sera simple. L’invention de soi, devenir qui on est, voilà de quoi il s’agit, ici. Écrire sa vie. Sa propre vie.

PricePresse

Carnet de création >>> 

On comprend qu’on est aux Etats-Unis, qu’il y a là trois potes, une petite ville où ils se font atrocement chier, dernière année de lycée, englués dans des perspectives d’avenir minables, coincés avec des parents pathétiques. Misiora et Freund sont les deux amis de Daniel, le héros de la pièce joué par Antoine Kahan. nous ne verrons qu’eux trois dans cette répétition. ils crèvent l’écran. De vraies présences, à la fois dans un jeu classique, fidèle aux standards du théâtre contemporain, diction impeccable, clarté de l’énoncé, effets mesurés, mais surtout par l’incarnation des corps, qui portent les rôles avec une présence tes juste et assez électrique… Sans décor, quasiment sans costume, on a pigé l’esprit du roman. Peut-être grâce au flow des acteurs, à cause de cette énergie, du ton de la voix, de cette traduction dans un français plutôt littéraire mais à l’accent américain.

Isabelle Nivet, in Sorties de secours, oct 17

et à propos de l'œuvre :

Télérama, Marine Landrot >>> Les fureteuses éditions Monsieur Toussaint Louverture sont remontées aux sources dans la bibliographie de Steve Tesich pour exhumer son premier roman, fruit de dix ans de travail. La boucle est bouclée, un grand écrivain est ferré. Brillant, épidermique, désespéré, depuis le début.

Libération, Mathieu Lindon >>>  À l'âge des possibles, Price découvre qu'il est surtout possible de passer à côté de tout. Steve Tesich regarde le jeune homme tomber. Price est un roman d’apprentissage forcé. Le jeune héros ne demanderait pas mieux que de demeurer dans la vie passive, c’est-à-dire l’opposé de celle dite active... Mais il va falloir se coltiner ça pour de bon : l’amitié, l’amour, la famille, l’âge adulte.

PricePortrait

Steve Tesich

Né Stojan Tešić en 1942 à Užice, en Serbie et mort en 1996 au Canada, Steve Tesich fut scénariste, dramaturge et romancier. Elevé par sa mère et ses sœurs dans sa patrie, tandis que son père, un soldat rebelle qui s’est opposé au régime communiste du maréchal Tito, s’est réfugié en Angleterre. il émigre aux États-Unis en 1957 avec sa famille et se retrouve dans l’Indiana, dans la banlieue est de Chicago. Il obtient un master de littérature russe en 1967 à l’université Columbia. Lorsqu’il découvre qu’il est doué pour l’écriture, Tesich abandonne son doctorat pour devenir dramaturge.

1979 : La Bande des quatre, Academy Award du Meilleur Scénario Original, dirigé par Peter Yates, avec Dennis Christopher, Dennis Quaid, Daniel Stern, Jackie Earle Haley, Barbara Barrie, Paul Dooley et Hart Bochner

1981 : L'Œil du témoin, avec William Hurt, Sigourney Weaver, Christopher Plummer, James Woods et Morgan Freeman

1981 : Four Friends, dirigé par Arthur Penn, avec Craig Wasson, Jodi Thelen, Michael Huddleston et Jim Metzler

1982 : Le Monde selon Garp, basé sur le roman de John Irving, dirigé par George Roy Hill, avec Robin Williams, Glenn Close, Mary Beth Hurt, John Lithgow, Hume Cronyn et Jessica Tandy

1985 : Le Prix de l'exploit , avec Kevin Costner et Rae Dawn Chong

1985 : Eleni, basé sur le livre de Nicholas Gage, dirigé par Peter Yates, avec John Malkovich, Kate Nelligan et Linda Hunt

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Rodolphe Dana

​Après des études au Cours Florent, Rodolphe Dana devient l’un des premiers compagnons de route d’Éric Ruf et de la Compagnie d’Edvin(e). En 1997, il participe à la création de Du désavantage du vent au CDDB à Lorient. Il y joue ensuite dans Marion de Lorme de Victor Hugo mis en scène par Éric Vigner (1998) et dans Décameron d’après l’œuvre de Giovanni Boccaccio mis en scène par Bérangère Jannelle (2000). En 2001, il co-écrit et joue dans Egophorie au Volcan au Havre. Il joue ensuite dans Cave Canem, pièce conçue par deux danseurs, Annie Vigier et Franck Apertet (2002 – Festival Uzès Danse) et Une Saison païenne, adaptée d’Une saison en enfer de Rimbaud mis en scène par Cyril Anrep (2004 – Comédie de Reims). En 2008, il dirige la création collective Hop-là! Fascinus ! qui réunit Le Cheptel Aleïkoum, la Compagnie Octavio et le Collectif Les Possédés au Théâtre du Peuple à Bussang.

En 2002, avec Katja Hunsinger il fonde le Collectif Les Possédés, avec l’envie de « prospecter, creuser, interroger ce que nos familles, ce que nos vies font et défont, ce qui rend si complexe et si riche le tissu des relations humaines qui enveloppe nos existences ». Ainsi, pour les textes qu’il monte, le collectif creuse l’écriture : c’est d’abord l’approche par une vue d’ensemble qui s’affine en fonction de la richesse des regards de chaque acteur, du degré d’intimité créé avec la matière en question et de la singularité des perceptions de chacun. Une aventure intérieure collective vers les enjeux cachés d’un texte, ses secrets et ses mystères. Approcher l’auteur et son oeuvre pour, alors, s’en détacher, se délivrer de sa force et de son emprise afin de faire apparaître sa propre lecture, son propre théâtre. Les membres du collectif se connaissent depuis longtemps, presque tous issus du Cours Florent, et la relation étroite qui les unit sert un jeu qui laisse la part belle à leurs propres personnalités. C’est certainement leur marque de fabrique : un théâtre qui privilégie l’humain et la fragilité qui le constitue. C’est donc assez naturellement que des auteurs comme Jean-Luc Lagarce ou Anton Tchekhov, grands explorateurs de la condition humaine de leurs époques respectives, prennent place dans le répertoire du collectif.

Rodolphe Dana signe en effet sa première mise en scène avec Oncle Vania d’Anton Tchekhov (2004 – création à La Ferme du Buisson) dans laquelle il tient le rôle d’Astrov. Puis il dirige les créations suivantes : deux pièces de Jean-Luc Lagarce, Le Pays Lointain  (2006 – création à La Ferme du Buisson, en partenariat avec le Festival d’Automne) et Derniers remords avant l’oubli  (2007 – création au Théâtre Garonne, en partenariat avec le Festival d’Automne) ; Loin d’Eux de Laurent Mauvignier qu’il interprète seul en scène et mis en scène par David Clavel (2009 – création au Théâtre Garonne) ; Merlin ou la Terre dévastée de Tankred Dorst (2009 – création à La Ferme du Buisson) ; Bullet Park d’après John Cheever (2011 – création au Théâtre Vidy-Lausanne, en partenariat avec le Festival d’Automne ) ; Tout mon amour de Laurent Mauvignier (2012 – création au Théâtre Garonne, en partenariat avec le Festival d’Automne) et Voyage au bout de la Nuit d’après le roman de Louis-Ferdinand Céline (2014 – création à la Scène Nationale d’Aubusson) ; Platonov  d’Anton Tchekhov (2014 –  création au Théâtre de Nîmes). En 2016, il dirige la création collective Le Coup droit lifté de Marcel Proust d’après le roman Du Côté de chez Swann de Marcel Proust au Théâtre de la Bastille.

De 2010 à 2012, il siège à la Commission du Centre National du Théâtre.

En janvier 2016, il est nommé à la direction du Théâtre de Lorient, Centre dramatique national.