30 NOVEMBRE > 2 DECEMBRE

Tapis rouge

Nadia Beugré (France - Côte d'Ivoire)

dossier de presse

Tapis rouge

30 novembre > 2 décembre

Il y a donc un corps artificiellement sacré sur le tapis rouge et un autre violenté dessous

Nadia Beugré

En 2014, Nadia Beugré et Seb Martel présentent une pièce courte intitulée Tapis Rouge, dans le cadre du « Sujet à vif », une manifestation du Festival d’Avignon qui se donne pour règle du jeu d’inviter deux artistes à travailler pour la première fois ensemble. « A vif » : le nom sonne juste s’il fallait définir ce que produit la rencontre de ces deux-là. Entre la danseuse-chorégraphe et le musicien improvisateur, le corps à corps est frontal et sans répit. Pour la gamine élevée en Côte d’Ivoire, le tapis rouge déployé lors de chaque cérémonie officielle (une coutume importée d’Occident), est l’image même du scandale qui recouvre le pillage éhonté du continent africain ; sous les contrats juteux, l’exploitation des richesses et des corps. Nadia Beugré affronte le réel sans esquive, sans feinte. La version longue de la pièce qu’elle chorégraphie et interprète aux côtés de Seb Martel et du burkinabé Adonis Nebié, fait l’effet d’une brûlure. Dans une tension maîtrisée qui ne faiblit pas, danseurs et musiciens se jettent, se cherchent, dansent, matières et corps entremêlés, aux sons de riffs rageurs et de la bande son improvisée en direct. La colère lucide fait remonter la violence enfouie sous le pourpre, l’indicible. Nul exotisme, ni compassion ou plainte dans l’évocation des plaies d’hier et d’aujourd’hui. Mais une puissance de vie inextinguible qui donne envie d’ouvrir les bras, d’accueillir.

Danse
30 Novembre > 2 Décembre
Tapis Rouge
Nadia Beugré
Tapis RougeGénérique

création musicale Seb Martel
avec Adonis Nebié, Nadia Beugré, Seb Martel
conseil artistique et dramaturgie Boris Hennion
direction technique et scénographie Erik Houllier
régie et création sonore Thomas Fernier
régie plateau et figuration Aurélien Menu
production déléguée Latitudes Prod. – Lille
Co-production Le Vivat, Scène Conventionnée danse et théâtre, Armentières Musée de la danse, Centre Chorégraphique National de Rennes, Ballet national de Darmstadt Festival d’Automne, Paris théâtre Garonne - scène européenne Toulouse, BIT Teatergarasjen - Bergen, La Bâtie, Festival de Genève, Festival Montpellier Danse 2017, Le Parvis Scène Nationale, Tarbes.
avec le soutien de la DRAC Hauts-de-France ; la Région Hauts-de-France, du Fonds Transfabrik - fonds franco-allemand pour le spectacle vivant

créé en janvier 2017 au Vivat, scène conventionnée danse et théâtre d’Armentières

Tapis RougeTapis Rouge

INTENTION

Le tapis rouge auquel je pense est celui que foulent non seulement les acteurs du star système mais aussi celui que parcourent régulièrement les invités officiels et chefs d’Etat se rendant dans les différents pays d’Afrique pour y négocier de profitables contrats d’exploitation des sous sols terrestres et marins du continent. Se prolonge ainsi une vieille coutume remontant en Occident à l’époque où seuls les personnages d’importance évoluaient sur des étoffes pourpres lors des cérémonies de la Cité. Le tapis rouge s’est imposé ainsi, du clergé antique à la star actuelle, comme cette piste sacrée isolant le puissant du sol comme pour le maintenir vierge de tout contact avec ce bas monde et ses vicissitudes. La marche aérienne du « visiteur » ne doit alors en rien sa nature à son pas, au déroulé de son mouvement mais à cette seule peau sacrée et rituelle tendue au service de sa progression.
Cependant, avant même que d’être rouge, il s’agit d’un tapis qui isole, opacifie ce qu’il recouvre. Sous le tapis, il y a, concernant l’Afrique, à explorer une humanité exploitée et précarisée qui constituera, avec la bénédiction des gouvernements locaux, la main d’oeuvre peu ou pas qualifiée. Celle-ci assurera les tâches dangereuses et ingrates nécessaires au fonctionnement de l’extraction des richesses du pays. Sous ce tapis, on trouve donc des corps mis à mal par des conditions de travail inhumaines : défricher les sols, les rendre accueillants aux nouvelles infrastructures, souvent dans la proximité d’éléments très nocifs en toute ignorance. Ces corps sont pliés, cassés, souvent contraints au régime de la réduction en étant confinés dans des espaces étroits et malaisés.
Il y a donc un corps artificiellement sacré sur le tapis rouge et un autre violenté dessous.
Mon idée est de ne découvrir que peu à peu au public les données de cette tension pour lui laisser le temps de prendre sa place et sa position dans un dispositif, pour qu’il ait l’initiative d’inventer sa manière d’y participer, d’y prendre part plus que d’en faire partie. Le parcours fouillera progressivement au plus profond des archives de la violence souterraine pour dérouler un tapis rouge alors à ceux du dessous.

Nadia Beugré

Tapis RougePortrait

Nadia Beugré fait ses premiers pas dans la danse au sein du Dante Théâtre où elle explore les danses traditionnelles de Côte d’Ivoire. En 1997, elle accompagne Béatrice Kombé dans la création de la compagnie Tché-Tché, récompensée de plusieurs prix internationaux. Elle crée ensuite le solo Un espace vide : Moi présenté en Angleterre, en France, au Burkina Faso, en Tunisie, aux Etats-Unis. Elle intègre la formation "Outillages Chorégraphiques" (Ecole des Sables de Germaine Acogny, Sénégal) puis, en 2009, la formation "Ex.e.r.ce - Danse et Image" (direction artistique de Mathilde Monnier) au Centre Chorégraphique de Montpellier; elle commence à y travailler son solo Quartiers Libres, présenté au Théâtre de la Cité Internationale à Paris, puis aux Etats-Unis, dans de nombreuses villes françaises et européennes ainsi qu’au Brésil.
En août 2015, elle crée sa première pièce de groupe Legacy au Festival La Bâtie de Genève, présentée ensuite au Théâtre de la Cité Internationale dans le cadre du festival d’Automne à Paris, à Bergen (Norvège), au théâtre Garonne (coproducteur) et qui continue de tourner.
Tapis Rouge s'inspire de la forme courte éponyme présentée en 2014 aux "Sujets à vif" / SACD du festival d’Avignon, créé en janvier 2017 au festival « Vivat la Danse ! » à Armentières.
Nadia Beugré a collaboré avec les créateurs Seydou Boro, Alain Buffard, Dorothée Munyaneza (Samedi Détente en 2015 au théâtre Garonne), et
danse pour Boris Charmatz dans 20 danseurs pour le XXe siècle (création 2017).