2 > 4 décembre

Teatro Amazonas

Azkona Toloza

Teatro Amazonas

Azkona Toloza [Espagne]

Le théâtre Garonne est producteur délégué de la trilogie PACÍFICO depuis juillet 2020 et accompagne à ce titre Azkona Toloza dans la diffusion de leurs pièces et l'organisation de leurs tournées internationales.

Note d'intention

L’histoire que nous allons vous raconter commence, pour nous, le 2 janvier 2019. Quand Laida et moi avons lu une lettre que trois chefs indiens d’Amazonie avaient envoyée à Jair Bolsonaro, l’actuel président du Brésil, 48 heures après avoir été élu par 60 millions de brésiliens. Près d’un an plus tard, en décembre 2019, l’historien Leo Gamboa Caneo, le chorégraphe Laida Azkona Goñi et le vidéaste Txalo Toloza-Fernández, se sont envolés vers Manaus, la capitale de l’Amazonie brésilienne. Nous avons alors débuté un voyage à travers le territoire, en allant à la rencontre de nombreuses personnes, en essayant de comprendre pourquoi, dans cette lettre, les chefs de tribus affirmaient que l’État brésilien avait une dette énorme envers les peuples indigènes, et que si ces derniers étaient prêts à dialoguer avec le nouveau gouvernement, ils étaient également prêts à se défendre. Mais à vrai dire, pour comprendre cette lettre, pour comprendre cette histoire, nous avons dû voyager beaucoup plus loin. Beaucoup plus loin dans le temps. À l’époque où nous ne faisions pas de distinction entre les animaux et les êtres humains, car nous étions tous de passage. Du temps où, la première pluie n’était pas encore tombée et la rivière n’était pas encore montée ; et les Pamuri Mahsa, les premiers humains, venaient de terminer leur long voyage à travers le fleuve, dans le canoë cobra, vêtus des habits de poisson. Depuis le lac de Leite, dans l’actuelle Rio de Janeiro, jusqu’aux cascades du fleuve Vaupés, à la frontière entre le Brésil et la Colombie. À l’époque où les Tukanos du fleuve Vaupés commençaient à regarder le ciel. À regarder les étoiles. Parce que chaque constellation qui entre dans la bouche de la nuit fait naître une saison. Et à chaque saison, naît un nouvel hiver. Et après chaque hiver, arrive un nouvel été.
C’est là, au beau milieu d’un grand été, que commence Teatro Amazonas.

Théâtre
2 > 4 Décembre
jeu 2 déc / 20:00ven 3 déc / 20:30sam 4 déc / 20:30

durée 1h40
Spectacle en espagnol surtitré en français
Production déléguée / 1
Teatro Amazonas Entretien

Le 2 janvier 2019, vous lisez une lettre signée par trois chefs indigènes d'Amazonie et envoyée à Jair Bolsonaro, peu après son élection à la tête du Brésil. Qu'est-ce qui vous a interpellé.es dans cette lettre ?

La première chose à expliquer est que cette lettre a été envoyée deux jours après la prise de fonction de Bolsonaro au Brésil et en tant que telle, elle constitue une prise de position claire de ces chefs amazoniens à l'égard du gouvernement. La première chose qu'ils rappellent au président est que l'État-nation brésilien a une grande dette envers les peuples indigènes, une dette qui remonte à des siècles, car en Amazonie, la position officielle de l'État n'a pas changé avec les différents présidents qui se sont succédé. L'idée du développement de l'industrie extractive et de la création d'un grand corridor commercial se déploie depuis plusieurs décennies. Peut-être qu'à l'époque de Lula, le gouvernement a prêté plus d’attention à cette problématique, mais dans le calcul global, la dette reste énorme. Et face à cela, les chefs indigènes affirment être ouverts au dialogue, mais également prêts à se défendre contre les menaces de l'État.

Il y a quelque chose de très ironique dans l'émotion des médias internationaux vis-à-vis des incendies de 2019 qui ne sont que le résultat de siècles de colonialisme dont nous profitons largement...

Les positions des médias ne diffèrent en presque rien du récit gouvernemental, un récit qui répète sans cesse la nécessité du progrès en Amazonie, et combien le développement du capital est essentiel pour le bien-être du territoire. Un discours populiste, plein d'excuses, qui ne vient justifier que la barbarie. Parce que les médias, tout comme l'art, à travers le cinéma et la littérature, ont servi à justifier l'avancée d'un progrès effréné, en parlant toujours de l'Amazonie comme d'un espace désertique, vide, sans population ni villages, mais offrant de multiples richesses qui n’attendraient qu’à être exploitées.

Qu'avez-vous trouvé lors de votre voyage en Amazonie que vous n'aviez pas imaginé lors de vos recherches pour ce spectacle ?

Nous avons fait un voyage en Amazonie urbaine, dans les grandes villes comme Manaus, qui compte plus de deux millions d'habitants. Car, en général, de l'extérieur, nous avons la sensation que l'Amazonie n'est composée que de grandes extensions de jungle et de rivières. L’existence de ces villes est une conséquence directe de l'avancée de la déforestation et de l'industrie extractive, et ce au détriment des milliers d'indigènes qui ont dû fuir leur territoire parce qu'ils ont été expulsés ou persécutés. Et c'est là, dans les favelas des grandes villes, que ces personnes commencent à avoir faim, et non dans les communautés disséminées dans la jungle, où la nourriture est presque toujours assurée.

Quelles images ont nourri la scénographie de Teatro Amazonas (toute en verticalité et aux formes tranchantes) ?

Pour nous, l'idée de contemplation du paysage était la base des deux premiers volets de la trilogie PACÍFICO - Extraños mares arden et Tierras del Sud - mais lorsque nous sommes arrivé.es en Amazonie, nous avons réalisé que cette contemplation n'était pas possible. Parce qu'en Amazonie, vous faites face, presque toujours, à un énorme mur vertical produit par la jungle épaisse. Un mur vert qui vous empêche de voir à plus de quelques mètres. Et cette impossibilité fait que tout s'emmêle, pas seulement l'espace physique. C'est ce que nous recherchions avec la scénographie.

Comment parvenez-vous à trouver la bonne distance entre un travail documentaire, donc objectif, et votre propre positionnement vis-à-vis des problématiques soulevées ?

La première chose est que le travail documentaire n'est jamais objectif, comme tout processus de création artistique. Nous ne sommes ni des journalistes, ni des scientifiques. Par contre ce qui nous importe, c'est que notre voix soit portée par les faits, les données, les lignes qui peuvent être tracées entre les différentes situations et les époques. Il est donc très important pour nous d'essayer d’effacer toute la charge idéologique des discours. Au moins la nôtre. Laisser les autres parler, laisser les vrais protagonistes raconter leurs histoires.

Votre travail de recherche et votre pratique artistique ont-ils évolué entre le premier volet Extranos mares arden (2014) et  ce dernier Teatro Amazonas (2020) ?

Ce furent six années d'apprentissage continu. Lorsque nous avons commencé avec Extraños mares arden, nous ne savions presque rien du colonialisme, notamment parce que ce sont des histoires qui restent la plupart du temps enfermées dans le silence. L'une des choses que nous avons apprises est la reconnaissance de notre propre éducation coloniale, car nous avons été éduqué.es par un système qui est profondément colonial. Le fait est que le colonialisme nous traverse et, presque sans que nous le remarquions, il influence de nombreuses décisions que nous prenons au quotidien. Le désapprentissage est vital dans ce processus décolonial, mais la première chose à faire est de réaliser qu'en tant qu'Occidentales et Occidentaux, nous avons été éduqué.es par la Colonie, par celle qui se considère comme la seule et unique façon de voir et d'organiser le monde.

Propos recueillis par Sarah Authesserre

Teatro Amazonas Presse

“Une installation plastique futuriste qui peu à peu grandit à partir du vide jusqu’à envahir toute la scène avec l’idée de jungle, et cette question finale : la végétation repoussera-t-elle lorsque les
humains se seront éteints ?” El Periódico de Catalunya

“Un théâtre documentaire engagé, militant et politique. Du théâtre pour expliquer le monde sans alibis et sans démagogie avec des faits indiscutables et les témoignages des victimes. Un théâtre qui secoue la conscience. Une interprétation historique qui remet en question le dieu du progrès et dépeint le mauvais sang de la politique toujours associée au capitalisme le plus destructeur. Avec une lueur d’espoir. Père, ils sont en train de tuer la terre. Père, arrête de pleurer, ils nous ont déclaré la guerre”. Santi Fondevila, ARA

“Le travail de Txalo Toloza et Laida Azkona est essentiel, car il combine une recherche critique et exhaustive avec une forme apparemment simple mais puissante. C’est du théâtre politique au meilleur sens du terme. Nous oublions souvent que les outrages commis en Amérique du Sud ne datent pas seulement du XVe siècle, et qu’ils sont toujours bien vivants. Il est dans l’intérêt de tous de venir voir le Teatro Amazonas d’Azkona&Toloza, pour nous rafraîchir la mémoire”. Nil Martin, Novaveu

“Azkona et Toloza dénoncent la barbarie perpétrée par les multinationales avec le soutien total des élites économiques de la région, ils le font savoir, et en même temps, ils élèvent une nouvelle jungle sur scène, où les bêtes et les fleurs originelles reviennent avec toute leur force et leur légitimité primitive. Un appel à l’action qui fait vibrer. Un excellent troisième volet d’une trilogie essentielle. Les arbres auront le dernier mot. (Joan Brossa)”. Martí Sales, El Temps de les arts

“Bien que les deux artistes se positionnent (ils s’abstiennent, et avec beaucoup d’humour et d’intelligence, de rester “neutres” ou “objectifs “), les différents médias utilisés et les différentes opinions exprimées rendent compte des imbrications temporelles et culturelles qui font l’histoire et la mémoire.” Pascaline Defontaines, IO Gazette.

“Sur scène, au Teatro Amazonas, il n’y a rien de spectaculaire ou de criard, au contraire, tout est plutôt symbolique, comme les installations que les deux artistes créent sur scène, donnant forme aux paysages. Grâce aux images et aux témoignages d’activistes et d’universitaires qui vivent et travaillent en Amazonie, nous sommes témoins d’un récit calme mais non dénué d’émotions et d’accusations, et nous comprenons mieux ce qu’en partie nous savions déjà, comment ce territoire a été dévasté par des siècles d’ignorance, la soif de pouvoir et, surtout, l’argent. Depuis des siècles et malheureusement encore aujourd’hui.” Katia Tamburello, CaosCultura.ch

Portrait

Situés à mi-chemin entre la mer Méditerranée, les Pyrénées et le désert d’Atacama, Azkona&Toloza forment un couple d’artistes qui se consacre à la réalisation de projets d’art vivant. Intéressés par les possibilités infinies de la poésie et de l’anthropologie visuelle, la création vidéo, le lo-fi, la performance et le mouvement, leurs dernières créations se concentrent sur la relecture de l’histoire officielle et la création documentaire pensée pour la scène, qu’il s’agisse d’une salle d’opéra ou d’un désert de sel de l’altiplano. Les collaborateurs réguliers d’Azkona & Toloza sont le producteur musical Juan Cristóbal Saavedra, la chorégraphe et créatrice lumière Ana Rovira et la metteuse en scène et dramaturge Raquel Cors.
La trilogie Pacífico, composée des pièces Extraños Mares Arden, Tierras del Sud et Teatro Amazonas, constitue le dernier projet scénique de la compagnie. Entre autres théâtres et festivals, leurs pièces ont été présentées au Grec Festival et au Festival Sâlmon de Artes Vivas de Barcelone, au Théâtre de la Ville et au Festival d’Automne de Paris, au Festival de la Bâtie de Genève, à la FIAC de Salvador de Bahia, au Museo Univesitario del Chopo de Mexico, au Festival Romaeuropa de Rome, au Salón Nacional de Artistas de Colombia de Bogotá, aux Naves de Matadero et au Teatro Español de Madrid, à NAVE de Santiago du Chili, à Escena Abierta de Burgos et à Temporada Alta, Gérone.

LAIDA AZKONA GOÑI
Basée entre Barcelone et Pampelune, Laida a suivi une formation de danseuse à la Rambert School (Londres), à la SEAD (Salzbourg) et au Trisha Brown Company Studio (New York). Depuis,
elle se consacre à la recherche, à la création et à la performance dans le domaine des arts du spectacle transdisciplinaires. Son travail individuel se concentre sur la mise en forme d’un matériel artistique à travers le corps et le mouvement. Laida a été interprète pour Francesco Scavetta (Oslo), Juschka Weigel (Berlin) ou Noemí Lafrance (New York), entre autres. Elle est également co-fondatrice du collectif de performance Hierba Roja et du festival INMEDIACIONES de Pampelune.

TXALO TOLOZA FERNÁNDEZ 
Txalo Toloza-Fernández a suivi une formation d’artiste vidéo à Santiago du Chili et d’interprète et créateur scénique à Barcelone, où il vit et travaille depuis 1997. En 2005, il a créé le studio audiovisuel MiPrimerDrop, spécialisé dans le travail vidéo dédié aux arts vivants et à la performance. Performeur, vidéaste, metteur en scène, enseignant et activiste, il est un collaborateur régulier de la performeuse Sònia Gómez et depuis 2007, il fait partie de la compagnie FFF du metteur en scène Roger Bernat. Entre autres festivals, son travail et ses collaborations ont été présentés à l’ARCO et au SISMO à Madrid, au Festival Tokyo, au Loop Festival, au Festival international de Poésie, à Influx, à LP, à l’Escena de Poblenou et au Sónar à Barcelone, à Il Coreografo Eletronico de Naples, au Wiener Festwochen à Vienne, au KunstenFestivalDesarts à Bruxelles, à Transversales au Mexique, à Santiago a mil, à Zicosur et à Escena doméstica au Chili.

Teatro Amazonas Générique

dramaturgie et mise en scène Laida Azkona Goñi et Txalo Toloza-Fernández
interprètes Laida Azkona Goñi et Txalo Toloza-Fernández
voix off Agnés Mateus et Tobias Temming
assistante à la mise en scène Raquel Cors
recherche documentaire Leonardo Gamboa
montage de la production Elclimamola
création musique Rodrigo Rammsy
concept sonore Juan Cristóbal Saavedra
création lumière Ana Rovira
technicien lumières en tournée Conrado Parodi
création audiovisuelle MiPrimerDrop
scénographie Xesca Salvà et MiPrimerDrop
costumes Sara Espinosa
traduction en portugais Livia Diniz
traduction en tukano Joao Paulo Lima Barreto
narrateur Pedro Granero.
illustration Jeisson Castillo
photographie Tristán Pérez-Martín

production en Espagne Helena Febrés
production déléguée à l’international (hors Espagne) théâtre Garonne - scène européenne, Toulouse
coproduction Festival Grec de Barcelone,  Théâtre de la Ville – Paris,  Festival d’Automne - Paris,  théâtre Garonne - scène européenne  –Toulouse,  Marche Teatro,  Inteatro Festival et Antic Teatre,  Barcelone, théâtre Garonne - scène européenne, Toulouse
en collaboration avec DNA créación 2019, Azala Espazioa,  El Graner - Mercat de les Flors,  La Caldera,  Teatro Gayarre, Nave,  Centro de creación et In-nova Cultural promu par la Fundación Bancaria Caja Navarra et Obra Social “la Caixa”
Teatro Amazonas est un projet associé à LABEA,  Laboratorio de arte y ecología
spectacle créé le 15 juillet 2020 Teatre Lliure, Barcelone – Festival Grec