16 > 17 novembre

Thank You For Coming: Space

Première française

Thank You For Coming: Space

Faye Driscoll [États-Unis]

Seule en scène, mais épaulée par un espace qu’elle transforme à vue, autant que par la présence active du public, la chorégraphe américaine Faye Driscoll met en scène sa propre fragilité pour partager une expérience collective d’une irrésistible intensité.

Nous avions voici quelques années découvert Faye Driscoll à New York, alors qu’elle présentait le bluffant premier volet de sa série Thank You For Coming (« Merci d’être venu »). C’est aujourd’hui le dernier volet de cette trilogie, tout aussi passionnant, qu’il nous est enfin possible de présenter à Toulouse.

Space invite le public au cœur d’un paysage aux reliefs visuels et acoustiques mouvants, constamment transformés par l’interprète – tous ses mouvements sont amplifiés par la sonorisation de son corps, tandis qu’elle manipule à loisir les éléments d’un décor mobile qui deviennent d’étonnants partenaires de danse.
Au fil d’un spectacle à la fois intimiste et emporté, la seule présence de Faye, toujours hyper connectée aux gens qui l’entourent, embarque tout le monde dans une multitude d’états – amour, perte, colère.
Un solo en forme d’élégie de notre radicale vulnérabilité, mais aussi une grisante expérience de groupe, véritable rite de passage(s) collectif entraînant tout un chacun d’un « espace » de conscience à un autre, d’un état de corps à un état de cœur. Bienvenue dans l’espace, et merci d’être venu·es...

Danse
16 > 17 Novembre
jeu 16 nov / 20:30ven 17 nov / 20:30
Première française
Tarifs A : généraux de 12 à 22 € / adhérent·es de 10 à 16 €
Thank You For Coming: SpaceEntretien

SPACE est la dernière pièce de votre trilogie Thank You For Coming, qui a commencé en 2014 avec Attendance puis Play en 2016. Pour commencer, pourriez-vous revenir sur ce projet ? Aviez-vous décidé, dès le début, que ce serait une trilogie ?

Faye Driscoll : Lorsque j’ai commencé à créer la trilogie Thank You For Coming, j'essayais de sortir du modèle du projet. Je voulais considérer mon travail comme un ensemble d'œuvres, réalisées tout au long de la vie. Au début, je n'aimais pas l'idée de faire une « trilogie », parce que c’est une notion qui fait tout de suite référence à de grands récits, dans notre ima- ginaire culturel, alors j’ai commencé par l’envisager comme une « série ». Mais en fin de compte, le pouvoir du trois l'a emporté ! J'ai choisi le titre « thank you for coming » (merci d'être venu) parce qu'il présuppose, avant même que nous ne commencions la représentation, que vous êtes, en fait, là ! Vous êtes là. Chacune de ces œuvres est une enquête sur la culpabilité et la réalité de notre interdépendance, à la fois catastrophique et ordinaire. Ces pièces ont besoin du public pour exister. Je voulais qu’elles se déploient et se chorégraphient à partir du « troisième espace » – l’espace entre le public et l’interprète.

Votre travail chorégraphique mêle différents registres : le corps, le son, l’écriture, et une forte dimension visuelle – particulièrement dans cette pièce, qui s’apparente à une forme d’environnement ou d’installation, que vous venez comme activer le temps de la performance.

Faye Driscoll : Ce qui me permet de croiser ainsi les formes, c’est l’expérimentation et la collaboration, auxquelles je recours beaucoup. Et, aussi, une bonne dose d’irrévérence : je m’au- torise librement à adopter la forme qui va le mieux convenir à l’œuvre que je suis en train de créer. Dans mon travail, j'essaie de créer des mondes entiers. Et, pour faire cela, je m'intéresse à la manière dont les expériences perceptuelles s'unissent à travers nos sens pour créer l'illusion d'un « tout ». Dans mes créations, je tiens compte de tous les sens, de l'espace, du son, de la vue. C'est par nos sens que le monde est construit et c’est aussi par les sens que le monde est reçu. Travailler ainsi, cela m'amène, encore et toujours, à la fragilité et à la puissance du corps.

À la différence des deux précédents volets de votre tri- logie, où vous performiez et faisiez performer différents interprètes, dans SPACE, vous êtes seule. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Faye Driscoll : Pour Attendance et Play, les deux premiers volets de la trilogie Thank You For Coming, j'avais créé un ensemble, un collectif. Mais lorsque j'ai commencé à créer SPACE, j'étais en proie à un deuil très intense : travailler seule était alors la seule option dont je disposais. J'étais déconcertée, désorientée et j’avais aussi une grande sensation de lourdeur, de pesanteur. J’avais vraiment besoin de travailler d'une nouvelle manière. J'ai créé Space au rythme d'un corps en deuil, ce qui a ouvert une nouvelle relation au temps, au travail et aux modes d'écoute. Me placer au centre du travail est un processus très intimidant et fragilisant, qui me fait me sentir très vulnérable. Mais en fin de compte, l'œuvre n'est pas vraiment un solo : c’est une pièce pour cent personnes (moi et le public).

Tout au long de la performance, vous faites intervenir, de différentes façons, le public. Vous parlez, à propos de Space, de « rituel ». Quel type d’expérience voulez-vous lui offrir ?

Faye Driscoll : Je m'intéresse à la distance qui nous sépare, à la distance qui fait qu'un autre être humain reste toujours un mystère, même pour ceux qui sont les plus proches de nous. SPACE porte précisément sur ce lien complexe entre la présence et l'absence. Il s'agit de rendre palpable le poids de l'absence et de la perte, à travers l'attention, les gestes, les voix de toutes les personnes présentes. La chorégraphie de SPACE suppose de performer de tout petits actes d'intimité, de présence. Il y a une part de jeu, il y a aussi de la souffrance, de la monstruosité, de l'humour et une certaine forme de résilience. J'espère que, en nous rapprochant un peu plus de la perte et de la mort, l’expérience de SPACE nous permet de repartir avec une sensation accrue de notre vivacité.

Propos recueillis par Yaël Kreplak, pour le Festival d'Automne

Ressources
Presse

"Driscoll est fascinante par l'originalité de son travail. Cela ne ressemble à rien de ce que vous avez déjà vu, et vous ne pouvez pas non plus imaginer y avoir pensé".

The New York Times

"Non à la beauté, non au glamour, non aux membres musclés scintillants. Oui à l'intensité, oui à la chaleur corporelle, oui à la sauvagerie, à la liberté et à la provocation." 

Dance Magazine

"Une œuvre passionnante, épiquement aventureuse.

The New York Times

"Driscoll comprend qu'au cœur du théâtre vivant se trouvent les distances émotionnelles (la perspective, comme on pourrait l'appeler s'il s'agissait d'une peinture). Elle met en lumière l'auto-façonnage théâtral et vous fait ressentir les fragments d'être qui flottent dans l'obscurité". 

Arts Journal

"Si vous voulez voir une œuvre d'art vivante - et si vous vous intéressez à l'avant-garde, aux idées folles dans le sens le plus positif du terme ou à la créativité des centres artistiques des États-Unis en 2022 : rien de tel !

Bremen Zwei

"Driscoll est l'un des rares artistes contemporains à faire dialoguer efficacement les disciplines artistiques, en s'inspirant du théâtre, de la danse et de l'art de l'installation sans utiliser l'une d'entre elles pour critiquer les autres.

Walker Art / Quatrième Mur

Portrait

Faye Driscoll (vit et travaille à New York) s’intéresse à l'excès, l'émotivité et les aspects les plus chaotiques de l'être humain. Son travail chorégraphique se développe dans des expériences de groupe basées sur l’improvisation et la spontanéité. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs institutions aux États-Unis et dans le monde, parmi lesquels le Musée d’art contemporain de Chicago, la Brooklyn Academy of Music, la Biennale de Venise, le Festival de Melbourne et le Festival International des Arts de Belfast. Sa première exposition solo dans un musée, baptisée Come On In, a eu lieu en 2020 au Walker Art Center de Minneapolis, et proposait de participer à une déambulation rassemblant six chorégraphies audio-guidées différentes. Driscoll a également été chorégraphe pour des pièces de théâtre et des films, notamment pour la production à Broadway de Straight White Men (2018) de Jean Lee, ou encore pour le film Madeline’s Madeline (2018) de Josephine Decker. Elle est actuellement artiste en résidence au New-York Live Arts.

Thank You For Coming: SpaceGénérique

concept, création, interprétation Faye Driscoll
conception visuelle Nick Vaughan, Jake Margolin
création lumières Amanda K. Ringger
conception sonore Andrew Gilbert chant et sons Faye Driscoll
conseillers artistiques Jesse Zaritt, Sacha Yanow
conseillère textes Amanda Davidson
conseils additionnels Dages Juvelier Keates
ingénieur du son Zachary Crumrine
directeur technique et lumières Serena Wong
administratrice Amy Gernux directrice de production Rachel Cook
diffusion européenne Damien Valette

coproduction Kunstenfestivaldesarts, Tanz im August commande de Peak Performances dans le cadre du Performing Arts Residency Lab (PeARL) à l'Université d'Etat de Montclair, New Jersey co- commissionné par le Walker Art Center avec des fonds fournis par la Andrew W. Mellon Foundation, the William and Nadine McGuire Commissioning Fund, Wexner Center for the Arts at The Ohio State University through the Wexner Center Residency Award Program
la production de cette œuvre a été rendue possible grâce au généreux soutien de the Doris Duke Performing Artist Awards Program, the Jerome Foundation développée avec le soutien à la résidence de Camargo Foundation, the Pillow Lab at Jacob's Pillow, the Rauschenberg Foundation
Thank You for Coming: Space est un projet de Creative Capital

créé au Alexander Kasser Theater, Montclair University en avril 2019