Ordalie

1er septembre 2020. Amis de longue date, quatre comédiens quarantenaires se retrouvent durant une nuit, quelque part à Beyrouth, dans un paysage de décombres. Sur ce lieu symbolique, qu’ils veulent protéger contre la menace de l’effacement, ils remuent les vestiges du passé – qui les remuent tout autant – et cherchent à poser les fondations de l’avenir. Ils parlent d’eux et de leur pays, ils évoquent des souvenirs, ils convoquent des désirs, ils glissent de la vie au théâtre... Leurs mots se mêlent à des dialogues d’Ibsen – extraits d’une pièce historique, Les Prétendants à la couronne, qu’ils ont interprétée ensemble il y a longtemps. La Norvège médiévale et le Liban contemporain entrent ainsi en troublante résonance. Adepte d’un théâtre à forte teneur politique, Chrystèle Khodr aborde ici par un prisme original la situation actuelle du Liban, son pays natal, en (re)construction permanente. Connectant histoires individuelles et collectives, croisant diverses temporalités, la pièce traduit le réel via plusieurs strates de perception, au contact immédiat de la fiction. Érigée parmi (et avec) les ruines, elle porte en creux une ode à la puissance salvatrice de l’imagination.