Adieu et merci

Latifa Laâbissi / Figure Project

France
Danse
Avec le soutien de l'ONDA
27mar>28mar
billet
vendredi 27 mars 2015 / 21:00 / 45 min
samedi 28 mars 2015 / 21:00 / 45 min

"Avalanche de saluts, musique, avalanche d’histoires, saluer politique, saluer social, saluer pour de vrai, saluer comme il faut, rire avant, rire après rire pendant sortir."
Latifa Laâbissi

Le salut est pour l’artiste un moment de vulnérabilité extrême où il retrouve le public pour recevoir la réponse, la sanction à son propre travail. Latifa Laâbissi reprend le titre du dernier solo de Mary Wigman pour composer un bouquet d’adieux "collector" et revisiter ainsi l’histoire de la danse par la fin. Mystérieuse, spectrale, elle glisse avec précision d’un salut à l’autre, tantôt drôle, insolente, conquérante, foireuse… Ou dans une tentative proustienne de redonner corps aux souvenirs, elle salue à la manière de… Si les absents, connus ou inconnus, reviennent ainsi, fantômes éphémères sur le plateau, la performance n’a rien de muséale. Latifa Laâbissi joue sur l’ambiguïté en travestissant son apparence, nous renvoyant en pleine face l’attendu de notre regard, sa charge sociale. Loin d’une citation formelle, la référence à Wigman – dont elle reprend les mouvements délicats des bras et des mains – devient alors le moyen de réaffirmer l’utopie d’un corps libre de ses propres pulsions, loin des tabous et autres assignations identitaires. 

" Le cosmos, c’est partout, comme disait Marguerite Duras : « Ici, c’est partout et partout, c’est ici. » Il y a une convention, un objet, un spectacle, une navette spatiale. Un objet qui nous entoure (le théâtre), un objet que l’on a devant soi : soi. C’est pareil. Devant soi ou autour de soi, c’est toujours soi. Adieu et merci. Rien n’aura eu lieu que le lieu. Axel Bogousslavsky a dit récemment dans une émission de radio que la voix de Marguerite Duras — voix si particulière — laissait entendre, dans son voyage, ce qu’il y avait avant la naissance (rien) et ce qu’il y avait après la mort (rien). Que cette voix si riche en harmoniques laissait entendre ça : le cosmos de tout qu’on ne peut pas penser. Latifa Laâbissi a ce pouvoir-là, ce pouvoir de sorcière.
Adieu et merci. Je suis là, mais momentanément. Vraiment momentanément. Elle danse une danse qui, pour moi, n’est pas un solo, mais un quatuor.  Au moins. Elle déploie une machine de guerre en étoile de sens, efficace et cyclique pour voir ce dont il est question : cet avant et cet après dont nous sommes le passage. " Yves-Noël Genod

conception et interprétation Latifa Laâbissi
conception scénographique Nadia Lauro
figure Nadia Lauro / Latifa Laâbissi
création lumière Yves Godin
création son Manuel Coursin
direction technique Ludovic Rivière
remerciements Yves Noël Genod, Isabelle Launay, Jean-Christophe Paré, Francois Chaignaud
production Figure Project - Rennes
production déléguée Latitudes Prod - Lille -(www. Latitudescontemporaines.com)
coproduction Les Spectacles vivants - Centre Pompidou - Paris, Festival d’Automne à Paris, Musée de la danse -CCNRB, Théâtre National de Bretagne - Rennes, Le Phare - CCN du Havre Haute-Normandie, Open Latitudes network, Le Vivat - scène conventionnée d’Armentières, Institut français / Ville de Rennes et Rennes Métropole
avec le soutien du Tanzquartier Wien et du Centre National de danse contemporaine Angers / Direction Emmanuelle Huynh (2012)
Figure Project est soutenue par le Ministère de la Culture – DRAC Bretagne au titre des compagnies conventionnées, le Conseil régional de Bretagne et la Ville de Rennes.
première le 11 nov. 2013 au TNB, Festival Mettre en Scène - Rennes

 

Latifa Laâbissi
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Pièces, installations, conférences performées, collaborations pluridisciplinaires : mêlant les genres, réfléchissant et redéfinissant les formats, le travail de Latifa Laâbissi fait entrer sur scène un hors‐champ multiple ; un paysage anthropologique où se découpent des histoires, des figures et des voix. Après un apprentissage au studio Cunningham à New York, elle cherche à thématiser la question du corps comme zone d’influences plurielles, traversée de strates subjectives et culturelles hétérogènes. À rebours d’une esthétique abstraite, elle va extraire une gestualité fondée sur le trouble des genres et des postures sociales : un travestissement des identifications qui révèle la violence des conflits dont le corps est l’objet, et en renvoie une image grimaçante. En 2001, elle crée Phasmes, pièce hantée par les fantômes de Dore Hoyer, Valeska Gert et Mary Wigman. Elle revient sur la danse allemande des années 20 avec La part du rite et Ecran Somnambule, une version étirée de la Danse de la Sorcière de Mary Wigman. Creusant les liens souterrains entre histoire des représentations et imaginaire collectif dans Self Portrait Camouflage, la figure lui sert d’outil pour exposer les symptômes du refoulé colonial, et retourner contre elle-même la brutalité des mécanismes d’aliénation qu’il produit. En 2008, Histoire par celui qui la raconte (2008) étend la déconstruction narrative et le jeu sur le grotesque à un large spectre de références. Avec Loredreamsong (2010), elle poursuit cette exploration sous la forme d’un duo, où fragments de discours, rumeurs subversives, états de rage et ironie s’entrechoquent. Pour Latifa Lâabissi l’acte artistique implique un déplacement des modes de production et de perception : la transmission, le partage des savoirs, des matériaux, et la porosité des formats sont inséparables du processus de création."  Gilles Amalvi