Nicolas Bouchaud

"Être acteur c'est témoigner de vies que l'on n'a pas vécues et que l'on ne vivra jamais mais qui  parfois se révèlent être celles des spectateurs. Ainsi que l'écrit Goethe : Si je n'avais pas porté en moi le monde par pressentiment avec les yeux ouverts, je serais resté aveugle."
Nicolas Bouchaud

Enfant de la balle, Nicolas Bouchaud a fait ses premières armes dans les années 90 avec l'auteur et metteur en scène Didier-Georges Gabily. Il comprend alors au sein du groupe T'chan'G ! la nécessité de jouer et acquiert ce que l'on nomme au théâtre la « présence » : « J'ai senti qu'il fallait partir de soi, s'ouvrir, laisser le temps se déposer à l'intérieur de soi, sans chercher à produire. » De ces cinq années de compagnonnage stoppées par la disparition prématurée de Gabily, Nicolas Bouchaud héritera d'un jeu poétique et organique, toujours en équilibre, comme au bord de la chute ou de la course et un goût pour le travail, pour l'épuisement. S'ensuit depuis 1998 une autre collaboration au long cours avec le metteur en scène Jean-François Sivadier qui lui offre les premiers rôles de La Vie de Galilée, La Mort de Danton, Le Roi Lear, Un ennemi du peuple...  Depuis 2010, Nicolas Bouchaud a entrepris avec ses deux collaborateurs Éric Didry et Véronique Timsit, de porter sur scène des œuvres non théâtrales : un entretien avec Serge Daney, un récit de John Berger, une conférence de Paul Celan, un roman de Thomas Bernhard. Des matériaux qui font partie de son histoire et dont il désire partager les questionnements avec le public. Les spectateurs de la Trilogie Daney, Celan, Bernhard à Garonne en 2018 se souviennent de sa façon si singulière de s'adresser à eux, troublant les frontières entre personnage, personne et comédien. « Ces solos m'ont permis de travailler avec l'écoute des gens, d'expérimenter cette porosité avec le public. On peut aller très loin dans le jeu quand on res-pire au même rythme ». Le théâtre Garonne, fidèle maison de Nicolas Bouchaud, accompagne aujourd'hui sa dernière création Un vivant qui passe d'après le documentaire de Claude Lanzmann de 1997. Une date qui appelle un autre souvenir :
« Quand Gabily est décédé, en pleine répétition de sa dernière pièce, Garonne a été très présent. Pour moi, c'est un théâtre qui compte. »

Sarah Authesserre