Philippe Quesne

Comment le projet de Farm Fatale a-t-il germé ?

Elle est née de l’envie d’explorer les questions que pose, de manière assez effrayante, l’agriculture aujourd’hui – à travers les pesticides, les OGM, toutes ces choses qui font partie de ce qu’on mange et de ce qu’on respire. C’est l’aspect le plus tragique du fond thématique de Farm Fatale. Comme souvent, l’écriture de plateau a joué un rôle déterminant dans le processus créatif. Le travail avec les comédiens – deux de ma compagnie, Vivarium Studio, et trois de l’ensemble permanent des Kammerspiele de Munich – a ainsi fait évoluer la pièce vers une forme de fable mettant en scène cinq personnages, vrais-faux épouvantails, qui animent une sorte de radio et cultivent le projet utopique de collecter les plus beaux sons de la nature.

De bric et de broc, d’un réalisme en trompe-l’œil, le décor – plutôt minimaliste – évoque une ferme très particulière, insolite.

La nostalgie des vieux jouets en bois et des figurines anciennes imprègne le dispositif scénique. Quoi de mieux que des poupées surannées pour évoquer la fin du monde ? C’est un peu comme si ces épouvantails avaient survécu à une certaine forme d’humanité. J’aime beaucoup la figure de l’épouvantail, qui est en train de disparaître, comme le chant des oiseaux dans les campagnes…