Farm Fatale
Philippe Quesne
Osant la fable écologique avec une bande d'épouvantails impayables, Philippe Quesne tente de sauver l'avenir de la planète en s’armant de tendresse et du charme irrésistible de ses clowns felliniens.
Patrick Sourd, Les Inrockuptibles
Le spectacle commence au son d’une chansonnette bucolique vantant les charmes de la campagne, où il est question de ciel bleu, de soleil jaune, et d’herbe verte : sauf que rien dans ce décor d’un blanc immaculé ne vient rappeler une quelconque nature, qui semble avoir tout bonnement disparue. Les interprètes eux-mêmes – cinq épouvantails à la démarche mécanique, égarés du Magicien d’Oz (à moins que ce ne soit d’un film de zombies?), affublés de masques dont on ne sait s’ils doivent faire rire ou flipper – n’ont que peu à voir avec ces fermiers qu’annonce le titre. Mais alors, où sommes-nous ? Nous sommes dans le monde de Philippe Quesne : un monde où le quotidien côtoie le grotesque, où notre présent scruté à la loupe semble télescoper un futur fantasque et dystopique – mais finalement pas si improbable.
Farm Fatale nous invite donc à suivre les péripéties loufoques d’une bande de clowns champêtres dont la principale activité, si elle ne peut plus être de récolter les fruits d’une nature inexistante, consiste plutôt à tenter d’en conserver les traces : activistes écolos-bricolos aux moyens dérisoires, autant que chasseurs de fantômes à la conviction inébranlable, ils dénoncent à leur façon l’extinction des abeilles, peaufinent des actions coups de poing vouées à un vide sidéral, et par-dessus tout, se consacrent avec le plus grand sérieux au grand projet utopique de leur vie – monter une radio pirate ne diffusant que des sons de la nature, afin de la ressusciter par les ondes. Comme un don aux générations à venir. Un projet peut-être utopique, mais jamais cynique : à la façon de celui d’un Philippe Quesne, qui ne vous plonge dans son grand décor tout blanc que pour mieux vous convertir au green washing…
- Philippe Quesne est aussi le scénographe de CASCADE de Meg Stuart.
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conception, scénographie et mise en scène Philippe Quesne
avec Léo Gobin, Michèle Gurtner (rôle créé par Julia Riedler), Sébastien Jacobs (rôle crée par Stefan Merki), Nuno Lucas (rôle créé par Damian Rebgetz), Gaëtan Vourc'h
collaboration scénographique Nicole Marianna Wytyczak
collaboration et costumes Nora Stocker
masques Brigitte Frank
création lumières Pit Schultheiss
création son Robert Göing, Anthony Hughes
assistants mise en scène Jonny-Bix Bongers, Dennis Metaxas
dramaturgie Martin Valdés-Stauber, Camille Louis
traduction surtitrage Harold Manning
régie générale Loïc Even
régie lumières Vincent Chrétien
régie son Félix Perdreau
production tournée Vivarium Studio
production de la création Münchner Kammerspiele – Munich
coproduction Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national
spectacle créé le 29 mars 2019 pour le répertoire des Münchner Kammerspiele, Munich, Allemagne
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tarifs généraux de 12 à 20€ / tarifs adhérents de 5 à 15€ + supplément de 3€
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spectacle en anglais, surtitré
Né en 1970, Philippe Quesne a suivi une formation d’arts plastiques. Il a réalisé pendant dix ans des scénographies pour le théâtre, l’opéra et des expositions. En 2003, il crée la compagnie Vivarium Studio et signe des spectacles qui tournent dans le monde entier : La Démangeaison des ailes (2006), L’Effet de Serge (2007), La Mélancolie des dragons (2008), Big Bang (2010), Swamp Club (2013). Il a dirigé Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national de 2014 à 2021, où il a créé La Nuit des taupes (2016) et Crash Park, La vie d’une île (2018). À l’étranger il a créé Caspar Western Friedrich (2016) et Farm Fatale (2019) aux Kammerspiele de Munich et mis scène l’opéra Usher au Staatsoper de Berlin (2018). En 2019, il remporte le prix du meilleur pavillon pays à la Quadriennale de Prague.
Philippe Quesne a réalisé la scénographie de Cascade, spectacle de Meg Stuart.
Rencontre avec l'équipe artistique (en présence de Philippe Quesne) le mercredi 24/11 à l’issue de la représentation.